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Faune Sauvage

DEUX MOTS SUR LE LOUP-CERVIER

Le lynx est-il de retour en Vallée d’Aoste?

di Enrico Tognan

Le lynx, également nommé loup-cervier, du latin «lupus cervarius» qui signifie «le loup qui attaque les cerfs»1, ou, encore, le «petit loup»2, a laissé, tout récemment, les traces d’un probable retour en Vallée d’Aoste et, notamment, au Parc du Grand-Paradis.

C’est, vraisemblablement, une bonne nouvelle; il reste à savoir, par contre, quelle sera l’attitude des éleveurs face à la présence d’un nouveau prédateur après que le loup aussi a fait son apparition «officielle» dans le Valsavarenche et le val de Rhêmes.




Par le livre "Le grand retour" de R. Bessi

L’arrivée du loup n’a pas suscité, en fait, l’enthousiasme chez les éleveurs; en France, en Suisse et même chez-nous, la présence du formidable prédateur a provoqué des contestations de la part des éleveurs qui demandent l’adoption de mesures efficaces pour la protection, en particulier, du cheptel ovidé3. Cependant, le lynx ce n’est pas le loup. Long de 85 à 110 centimètres pour une hauteur, au garrot, de 55 à 70 centimètres, l’animal pèse entre 18/30 kilogrammes et sa vie moyenne ne dépasse pas les 15 ans. Il a une vue et un flair très développés.

La période des amours a lieu en février-mars. Les petits, au nombre de deux à cinq, naissent en mai-juin, dans un lieu soigneusement préparé: creux d'arbre ou anfractuosité rocheuse. Le lynx et sa femelle se chargent de les nourrir. A l'âge de 2 ou 3 mois, les jeunes quittent la tanière et rejoignent, pour leur éducation de chasseur, leurs frères et soeurs nés un an plus tôt. Le lynx vit en forêt. Il est très difficile à observer car il est d'une prudence extraordinaire. Il est, à vrai dire, un chat plutôt grand et costaud.

Animal timide et, par nature, nocturne4, le lynx est un excellent chasseur; il attaque petits cerfs, petits chamois, chèvres, brebis, petits chiens, chats, rats etc. Il ne dédaigne point les charognes. Le lynx chasse, d’habitude, très tôt le matin et après le coucher du soleil et son rayon d’action est plutôt étendu; il n’est pas rare qu’il arrive, au cours de ses battues, jusqu’à 2000 mètres d’altitude.
L’animal ne représente pas un danger pour les hommes.

Cette constatation n’était pas, toutefois, admise au XIXème siècle; «Le loup-cervier» écrit un anonyme rédacteur d’un article, «a été la terreur de nos aïeux; autrefois, on le rencontrait fréquemment en France et en Allemagne où, malgré sa beauté, il jouissait d’un renom sinistre. Il suivait, disait-on, les voyageurs égarés, les fascinait de se regards magnétiques, les rendait muets et, sans bouger de place, les attirait jusque sous ses ongles aigus pour les mettre en pièces et les dévorer»5. Le fait que, dans un passé récent, les hommes ont traqué d’une manière irraisonné cet animal, est dû, probablement, à une sorte de compétition avec les chasseurs, d’un coté, et les éleveurs, de l’autre.

Dans un cas et dans l’autre, l’animal touchait, involontairement, les mêmes intérêts des deux catégories, prélevant du gibier (petits chamois etc.) ou, encore, de l’élevage (chèvres etc.).
La réputation du lynx est, donc, plutôt mauvaise, surtout pour le XIXème siècle; il suffit, par exemple, de reproduire le passage suivant, pour s’en rendre pleinement compte: «Quand il rencontre un troupeau de chèvres ou de moutons, il s’approche en rampant sur le ventre comme un serpent, puis, tout-à-coup, il s’élance sur le dos de la victime qu’il a choisi, la mord à la nuque ou lui coupe une artère et de cette manière la tue instantanément.

Après avoir léché le sang, il déchire le ventre de l’animal, mange les entrailles et un peu de la tête, du cou et des épaules, puis il laisse le reste. Il n’est pas prouvé qu’il cache les débris de son festin; au moins ce n’est pas ainsi qu’il agit dans nos Alpes. La manière toute spéciale dont il lacère sa proie ne laisse aucun doute aux bergers sur la question de savoir si c’est ou non un lynx qui est venu diminuer leurs troupeaux. Il tue souvent trois ou quatre moutons ou chèvres d’une seule fois et, quand il est très affamé, il attaque bel et bien les veaux et les vaches. Dans l’été de 1814, trois ou quatre lynx égorgèrent plus de 160 moutons et chèvres dans les montagnes du Simmenthal
»6.
Tout cela expliquerait, peut-être, le véritable massacre dont l’animal a été victime dans toutes les principales vallées alpines. 


Le lynx a disparu des Alpes entre la fin du XIXème et le début des XXème siècle; les derniers exemplaires furent abattus dans la vallée du Roya (aujourd’hui, en partie, territoire français) entre 1918 et 1920.

Dès la fin du XVIIIème et le début du XXème siècle, les archives des vallées piémontaises de Suse, Pellice, Varaita e Stura, ainsi que celles valdôtaines enregistrent la capture ou l’abattage de quelques 140 lynx.

Dans le seul Valsavarenche, au cours des trois dernières décennies du XIXème siècle, les bêtes abattues sont environ une quarantaine.
D’après le chanoine Vescoz, le lynx est encore signalé, chez-nous, de 1855 à 19097 quand «quelques chasseurs aperçurent un loup cervier dans la combe de Thora sur Sarre»8. Cependant, d’après un autre auteur, le dernier exemplaire de lynx fut abattu dans le vallon de Saint-Marcel en 19479.

En ce qui concerne, justement, la réalité valdôtaine, il est intéressant de proposer le Manifeste que, le 14 septembre 1819, «jour du marché», l’Intendant Royal a fait lire et afficher «aux lieux et mode accoutumés, dans toutes les communes de cette Division à exclusion d’ignorance», portant les mesures indiquées par le Gouvernement.

Ce Manifeste, que, pour son interêt, est reproduit intégralement en annexe, n’est rien d’autre que la réitération des mesures extraordinaires prises en occasion «de l’apparition des loups d’une férocité extraordinaire qui s’étaient répandus des alpes Helvétiques dans quelques-unes de nos contrées et avaient donné des justes inquiétudes», appliquées, dorénavant, pour les «loups communs» et les ours.

En ce qui concerne les loups-cerviers, le Manifeste introduit «une taxe particulière, le tout conformément à l’avis contenu dans la Circulaire Ministérielle des Royales Finances du 23 août proche passé». Le montant prévu «en faveur de ceux qui tueront des loups cerviers sans distinction ni d’âge ni de sexe» s’élève à 100 lires, c’est-à-dire au maximum prévu pour l’abattage d’une louve «pleine».

Ce passage accorde au lynx, une menace supérieure à celle des loups communs, sans, pour autant, en éprouver les raisons scientifiques qui sont à la base d’une telle décision. D’ailleurs, même en Suisse, le comportement est identique: «Dans divers cantons de la Suisse, les autorités accordent de fortes primes par têtes de lynx: 125 fr. dans le canton de Fribourg, 15 florins dans celui de Glaris, 1 louis d’or dans le Tessin»10.

En raison du petit nombre de ces animaux, il n’y a pas en Suisse de chasse au lynx régulièrement organisée; d’ailleurs, «avant qu’on se soit aperçu de la présence d’un lynx par les ravages qu’il a causés, il est ordinairement déjà loin»
11 et, par conséquent, il est parfaitement inutile l’organisation de battues de chasse.

Quoi qu’il en soit, après la promulgation du Manifeste, c’est-à-dire du 14 septembre 1819 jusqu’à 1837, les registres de police concernant Aoste et son territoire, enregistrent l’abattage, sur 18 ans, de six exemplaires, dont quatre adultes et deux petits. Le premier procès-verbal porte la date du 28 octobre 1826 et le dernier du 19 mai 1837.

Tous les exemplaires abattus ou capturés sont de sexe féminin; deux d’entre eux ont été tué par «coups de feu», c’est-à-dire par fusil, un a été pris au trébuchet, un «étourdi avec un caillou jeté à la tête dont il conservait des marques» et, finalement, le deux petits ont été pris «vivants, âgés de quelques mois»12.
 


Sur la base des mesures fixés par le Manifeste et, en particulier, de l’article 6, tous les exemplaires de lynx capturés ou abattus, ont fait l’objet d’une identification préalable par devant le Syndic assisté du secrétaire de la Commune. Comme prévu par le Manifeste, à l’article 4, tous ont été également reconnu être effectivement des loups cerviers; la bête,
 
«puisqu’il a la forme d’un chat, que les parties supérieures et la face extérieure des jambes sont d’une couleur roussâtre mélangée de blanc, gris, brun et noir, que les parties inférieures et la face interne des jambes sont d’une couleur blanchâtre mélangée de roussâtre avec des taches noires et que l’extrémité de la queue est noire; qu’il a cinq doigt aux pattes antérieures et quatre seulement à celles de derrières, toutes armées comme celles du chat de griffes aigues et qu’enfin il a une espèce de pinceau en poil noir qui déborde l’extrémité des oreilles» est un lynx, et, par conséquent, le chasseur peut encaisser la prime prévue.
 
D’ailleurs, «pour aller au devant de tout équivoque sur les diverses qualités de ces animaux tués et prévenir les erreurs dans lesquelles les Administrateurs locaux pourraient tomber dans les déclarations», les caractéristiques physiques du lynx sont très détaillés.
Ce petit élément est important; en fait, à première vue, la différence avec un chat de grandes dimensions n’est pas si marquée.
Et alors, afin d’éviter tout malentendu….

On peut facilement imaginer aussi que, durant la même période il y a eu une hécatombe de chats communs. En ce qui concerne les modalités des captures, on observera que tous les animaux ont été abattus à partir de l’après midi et vers le coucher du soleil; le seul exemplaire capturé à 7 heures du matin, fut, en réalité pris au trébuchet et, par conséquent, il est vraisemblable qu’il soit tombé dans le piège durant la nuit.
Quant aux lieux intéressés par les captures, il ressort que les exemplaires ont été pris au quartier de Porossan (hameau de Sirod ou Cirod), dans la forêt communale de Cerisey et à Saint-Martin-de-Corléans.

La dernière observation est que, si l’on tient compte du nombre d’exemplaires tués - six, dont deux petits - durant 18 ans, le lynx n’était pas si rare chez-nous au cours des premières décennies du XIXème siècle. Il faut, en effet, considérer que, par ses propres caractéristiques, il est un animal très discret et que, par conséquent, il est très difficile à localiser dans la nature.

Il faut considérer aussi que ces six exemplaires ont été pris dans les environs d’Aoste, c’est-à-dire dans la zone plus habitée de la Vallée à cette époque et que son nombre était, vraisemblablement, limité, car on sait que le lynx évite l’homme.
Tout cela démontre, à mon avis, que le nombre de lynx en Vallée d’Aoste était, à cette époque, plutôt élevé.
Aujourd’hui, il parait que le lynx est de retour chez-nous; c’est une bonne nouvelle, car le carnivore peut contribuer à la conservation d’un bon équilibre naturel.

Les mœurs ont profondément changé au fils des années et la conscience des citoyens modernes est plus respectueuse de la nature et de son fragile équilibre.
Beaucoup de choses restent à faire pour aider le rétablissement du bon rapport qui, forcément, doit exister entre les hommes et le milieu naturel.

Les dégâts provoqués par la civilisation moderne, ou présumé telle, sont vastes; il faut donc faire tout ce qu’il est possible pour permettre aux générations futures de vivre dans les meilleures conditions. Le loup cervier n’est qu’un petit grain de sable dans cet immense engrenage mais il en fait partie intégrante. 
 




1 A’ propos de cette dénomination, il est intéressant de remarquer ce qu’il suit. D’après G. L. LECLERC BUFFON, Histoire naturelle, IV, Paris 1799, p. 262-267, «Le lynx (loup-cervier, chaus, lupus cervarius, raphius vel rufus apud Gallos, en italien Lupo cerviero, lupo gatto, en espagnol Lynce, en allemand Luchs, en anglois Ounce)… Il n’a rien du loup qu’une espèce de hurlement qui se faisant entendre de loin a du tromper les chasseurs et leur faire croire qu’ils entendoient un loup. Cela a peut être suffit pour lui faire donner le nom de loup, auquel, pour le distinguer du vrai loup, les chasseurs auroient ajouté l’épithète de cervier, parce qu’il attaque les cerfs, ou plutôt parce que sa peau est variées de taches à peu près comme celles des jeunes cerfs, lorsqu’ils ont la livrée. Le lynx est moins gros que le loup et plus bas sur les jambes; il est communément de la grandeur d’un renard (…)». Cette opinion contraste avec ce qu’il soutient un auteur basque, YRIZAR Y MOYA, De l’Eusquère et des Erdères ou de la langue Basque, IV, Paris 1845, pp.230-231: «Mais que est ce loup-cervier dont on parle tant et qu’on craint partout? (…) loup cervier est lupus-servu-arra, seroy-er, servier et cervier, c’est-à-dire loup accoutumé à dévorer des serfs. Sans doute les maitres des esclaves châtiaient quelquefois leurs esclaves ou serfs, en les jetant aux loups afin qu’ils fussent dévorés. C’est d’ici que vient dans doute la terreur de l’homme, quand il se trouve vis-à-vis du loup-cervier, dans les fables et contes anciens, et réellement ce n’était pas sans raison. Il est inutile que je me mêle de faire des conjectures sur ce genre de châtiment atroce et ainsi je finirai par dire que dans le siècle passé la bête de Gévaudan, qui n’était autre chose qu’un grand et terrible loup, un vrai loup-cervier, puisqu’il dévora beaucoup de personnes, causa dans ce pays la plus grande épouvante, de manière que le roi Louis XV fut obligé d’envoyer deux ou trois fois ses chasseurs jusqu’à ce qu’il fut tué. Le peuple en vint à croire tout ce que la peur et la superstition peuvent inspirer, non sans quelque fondement, tant ce loup était féroce et redoutable».

2 Cf. P.-L. VESCOZ, Le loup, le lynx et l’ours dans les Alpes Graies et Pennines, Aoste 1915, pp. 9-15

3 La présence du loup est attestée, en France, depuis longtemps. Tout récemment - le fait a eu une renommée considérable sur les mass media transalpins - un entier troupeau de 400 têtes ovines a été détruit, en Savoie, par l’attaque des prédateurs. Les Valaisans, aussi, se préoccupent, car, chez-eux, les vaches accouchent durant l’été et en plein air; elles deviennent ainsi des proies faciles. En ce qui concerne le Val d’Aoste, la presse locale a signalé des attaques du loup en trois occasion, durant la période octobre 2006-juin 2007. Tout récemment, d’autres attaques ont été signalés.

4 Les légendes liées à la présence du loup cervier dans les Alpes et à ses caractéristiques de prédateur nocturne sont nombreuses, surtout en Piémont; en voici un exemple: «Tra le nostre zone dove il suo ricordo leggendario si è meglio conservato c'è quella di Torre Pellice, dove la minaccia de Lou Chaloun (termine locale derivato forse da "loup chaloun"), era uno dei migliori deterrenti usati nei racconti popolari per convincere i ragazzini a non uscire di sera. Si narrava infatti che esso fosse solito scendere all'imbrunire dagli anfratti del monte Vandalino per assalire le persone che avrebbe incontrato sulla sua strada» Il existe enfin, dans les vallées piémontaises, une légende particulière; si l’homme est plus haut du corps allongé du lynx, il ne sera jamais attaqué par celui-ci: «Solo chi fosse risultato più alto del suo corpo allungato con le zampe anteriori poste sulle spalle della potenziale vittima, poteva scampare ad una brutta fine. Questo curioso sistema di misurazione si ritrova in tutte le nostre leggende che vedono quest'animale protagonista, ambientate soprattutto in alta Val d'Angrogna, alla Vaccera ed in val Germanasca. Nella prima località due valligiani dopo aver raccolto fieno tutto il giorno, decisero, a causa della stanchezza, di dormire sul luogo di lavoro: uno su di un grosso mucchio e l'altro a terra. Quest'ultimo si era appena assopito, quando una lince venne a sdraiarsi accanto a lui per misurarlo. Avendo però riscontrato che l'uomo non rientrava nei suoi parametri di preda, se ne andò. Il compagno che aveva assistito alla scena ma che per paura di innervosire l'animale, aveva preferito non intervenire, svegliò l'amico, gli raccontò dello scampato pericolo e subito corsero a cercare rifugio in una baita con tanto di chiavistello». Cf. D. PRIOLO, L'eco del Chisone, 24 settembre 1998

5 Le tour du monde dans Paris, in Journal des Demoiselles, XXXème année, Paris 1862, p. 97-101

6 Faune des Alpes, in Revue Britannique, Recueil International, XXI, Paris 1854, p. 88

7 D’après P.-L. VESCOZ, Le loup, cit., les communes intéressées sont Nus (Saint-Barthelemy), Verrayes, Roisan et Challand-Saint-Anselme. En ce qui concerne cette dernière commune, le chanoine Vescoz a commis une faute grossière. L’article de la Feuille d’Aoste du 19 février 1857 mentionné par le chanoine Vescoz regarde, en fait, la présence d’un loup. Les autres communes sont Saint-Marcel, Rhêmes-Notre-Dame et, évidemment, Valsavarenche. Très curieux est aussi le témoignage de M. Thomasset: «Vers l’an 1866, en revanant de l’école, je vis passer sur la place Charles-Albert une charrette tranfosrmée en cage (…) monté sur le marchepied d’une boutique, rue Humbert Ier, je vis à travers les barres deux loups cerviers provenant de la vallée de Valgrisenche et que l’on conduisait au jardin zoologique de Turin. On se disait que ce devait ere les derniers sujets de cette race qu’on aurait pris dans le Pays d’Aoste». P.-L. VESCOZ, Le loup, p. 12

8 P.-L. VESCOZ, Le loup, cit. - 9 R. BESSI, Le grand retour, Quart 1994

10 Faune des Alpes, in Revue Britannique, cit.

11 Faune des Alpes, in Revue Britannique, cit.

12 Voici les procès-verbaux: A.H.R., Fonds Ville, volume 30, Police: objets divers, p. 31; Procès-verbal de présentation d’un loup cervier par M. Hector Decoularé, étudiant. «L’an mil huit cent vingt six, le jour vingt huit du mois d’octobre, à la Cité d’Aoste, en l’hôtel de Ville, par devant nous, l’avocat Empereur, noble Syndic, assisté du Secrétaire d’icelle, a comparu le monsieur Hector Decoularé, étudiant, domicilié en cette Ville, pour nous présenter, comme il fait, un loup cervier mort qu’il dit avoir tué vers les quatre heures après midi, dans le Quartier de Saint Martin de Corléans, territoire de cette commune d’Aoste (…) nous avons reconnu que c’était vraiment un loup cervier du sexe féminin qui avait été tué par deux coups de feu lâchés au ventre… (OMISSIS); A.H.R., Fonds Ville, volume 30, Police: objets divers, p. 33; Procès-verbal de présentation d’un loup cervier par Léonard Joseph Bertin. «L’an mil huit cent vingt huit, le trente et un du mois d’avril, à la Cité d’Aoste, en l’hôtel de Ville, par devant nous, le Procureur Collégié Francey, noble Syndic de la ditte Ville, assisté du Secrétaire d’icelle, a comparu le sieur Léonard Joseph fils du vivant Etienne Bertin, laboureur, né à Etroubles et domicilié à Aoste au Quartier de Porossan, pour nous présenter, comme il fait, un loup cervier vivant qu’il dit avoir pris vers les six heures d’hier après midi, dans le dit Quartier près du village appelé Sirod. Après avoir visité cet animal, nous avons reconnu que c’était vraiment un loup cervier du sexe féminin qui avait pu facilement saisir pour l’avoir étourdi avec un caillou jetté à la tête dont il conservait des marques (OMISSIS); A.H.R., Fonds Ville, volume 30, Police: objets divers, p. 34; Procès-verbal de présentation de deux jeunes loups cerviers par Cuaz Pierre Antoine. «L’an mil huit cent trente deux, l’onze du mois de juin, à la Cité d’Aoste, en l’hôtel de Ville, par devant nous, noble Syndic d’icelle l’avocat Defey, a comparu le sieur Pierre Antoine Cuaz fils de feu Jean Léonard, laboureur, né et domicilié à Aoste pour nous présenter, comme il a fait, deux loups cerviers vivants âgés de quelques mois qu’il a dit avoir pris le neuf du courant vers les deux heures après midi, sur le territoire de cette Commune, dans la forêt communale au lieu dit Cerisey (OMISSIS); A.H.R., Fonds Ville, volume 30, Police: objets divers, p. 34; Procès-verbal de présentation d’un loup cervier par Fiou Jean Bernard. «L’an mil huit cent trente deux, l’onze du mois de juin, à la Cité d’Aoste, en l’hôtel de Ville, par devant nous, noble Syndic d’icelle l’avocat Defey. a compare le sieur Jean Bernard de feu Jean Baptiste Fiou, laboureur, né et domicilié à Gignod pour nous présenter, comme il a fait, un loup cervier mort qu’il a dit avoir tué hier vers les cinq heures après midi, rière la présente Commune, dans la forêt communale au mas dit Cerisey (…) nous avons reconnu que c’était vraiment un loup cervier du sexe féminin qui avait été tué d’un coup de feu lâché à la poitrine (OMISSIS); A.H.R., Fonds Ville, volume 30, Police: objets divers, p. 35; Procès-verbal de présentation d’un loup cervier par Rosset Jean François. « L’an mil huit cent trente sept, le dix neuf du mois di mai, à la Cité d’Aoste, en la maison de Ville, par devant nous, noble Syndic d’icelle l’avocat Donnet a compare le sieur Jean François de feu François Rosset, laboureur, né à Ollomont et domicilié à Aoste pour nous présenter, comme il a fait, un loup cervier qu’il dit avoir été pris avant hier au trébuchet soit piège par lui prépare et trouvé ensuite mort vers les sept heures du matin près du village de Cirod, quartier de Porossan, territoire de cette Commune (OMISSIS).


 


 

Manifeste:  en voici le texte complet: Archives Historiques Régionales d’Aoste (dorénavant A.H.R.), Fonds Ville, volume 31, Police: objets divers (1780-1864), sans indication de page. Date: 14 septembre 1819 Titre: Manifeste de Jean-Baptiste Anselme Réan, Chevalier de l’Ordre Royal des SS. Maurice et Lazare, Intendant et Conservateur des Royales Gabelles, du Tabellion et des Royales Postes de la Division du Duché d’Aoste. Méthode de publication: on publie le texte tel qu’il est. Texte: «Manifeste. Nous, D. Jean-Baptiste Anselme Réan, Chevalier de l’Ordre Royal des SS. Maurice et Lazare, Intendant et Conservateur des Royales Gabelles, du Tabellion et des Royales Postes de la Division du Duché d’Aoste.

S.M., toujours occupée des moyens de procurer à ses sujets tous les avantages qui sont le fruit d’un bon gouvernement, sans négliger aucune des mesures qui peuvent conduire à ce but, quoique sur des objets d’un ordre inférieur d’importance, a daigné établir des récompenses en faveur des tueurs de bêtes féroces avec diverses gradations proportionnées aux dommages qu’elles peuvent causer. Dans la circonstance de l’apparition des loups d’une férocité extraordinaire qui s’étaient répandus des alpes Helvétiques dans quelques-unes de nos contrées et avaient donné des justes inquiétudes, S.M. est allée jusqu’à établir une somme pour récompense de ll. 500 pour chaque loup tué de cette espèce. Ces craintes ayant cessé par leur disparition, Elle a jugé convenable dans son audience du 18 février dernier de révoquer l’établissement de ladite récompense en faveur des tueurs de cette espèce de loups et de la restreindre à la taxe ci-après déterminée applicable à la qualité des loups communs, excepté à l’égard des loups cerviers auxquels Elle a daigné appliquer une taxe particulière, le tout conformément à l’avis contenu dans la Circulaire Ministérielle des Royales Finances du 23 août proche passé. Etant de l’intérêt que tant les Administrateurs locaux que le Public en général ayent connaissance de ces nouvelles bienfaisantes dispositions non sur la qualité des récompenses attachées à chaque tête de loup et de ses caractéristiques qui distinguent les loups cerviers d’avec les autres, mais encore des conditions à remplir pour obtenir lesdites récompenses. D’après l’autorisation obtenue de S. Ex. Mr, le Ministre des Royales Finances portée par la lettre dont nous avons été honoré le 2 du courant, notifions: 1°; que les récompenses dont il s’agit sont établies comme ci-après, à savoir: - pour chaque loue pleine, ll. 100; - pour chaque loue non pleine ll. 75; - pour chaque loup adulte ll. 50; - pour chaque louveteau ll. 12.50 2°; que par décision de S.M. donnée dans son audience du 6 juillet 1818 les tueurs d’ours jouiront de la même récompense et dans les mêmes proportions de celles établies ci-dessous pour les loups. 3°; que par celle citée ci-dessus du 18 février proche passé S.M. a daigné de porter la récompense à la somme de ll. 100 en faveur de ceux qui tueront des loups cerviers sans distinction ni d’âge ni de sexe; 4°; que pour aller au devant de tout équivoque sur les diverses qualités de ces animaux tués et prévenir les erreurs dans lesquelles les Administrateurs locaux pourraient tomber dans les déclarations qui doivent procéder les ordonnances de ce Bureau portant fixation de la récompense applicable à chaque cas, ils feront attention aux signes ci-après détaillés qui distinguent les loups cerviers d’avec les autres; (a) les loups cerviers autrement dit loup-chat est d’une stature inférieur au loup ordinaire et il a la forme et la figure du chat; (b) les parties supérieures de l’animal et la face extérieure des jambes sont ordinairement d’une couleur roussâtre, mélangée de blanc, gris, brun et noir; (c) les parties inférieures et la face interne des jambes de couleur blanchâtre, mêlée de roussâtre avec des taches noires, l’extrémité de la queue noire; (d) Cet animal a cinq doigts aux pattes antérieures et quatre seulement aux pattes de derrière, les unes et les autres armées, comme celles du chat, des griffes aigues; (e) Son caractère distinctif est d’avoir une espèce de pinceau en poil noir qui déborde d’une once l’extrémité des oreilles. - Toutes les fois que l’animal ne présente pas ces caractères extérieurs et notamment le dernier de ceux décrits ci-dessus, l’on peut être assuré que ce n’est pas un loup cervier et que la récompense attachée à cette espèce ne lui est point applicable. 5°; que le chasseur qui prétendra avoir droit aux récompenses dont il s’agit, devra aussitôt l’animal tué le présenter au Syndic de la Commune où la proie en aura été faite, accompagné de deux témoins ou plus dont les dispositions puissent persuader qu’il est l’auteur de l’occision. 6°; que le Syndic assisté du Secrétaire de la Communauté doit recevoir la déclaration, la faire souscrire ou sous marquer tant par les témoins que par le déclarant, la confirmer par sa signature et celle du Secrétaire après avoir fait dans son procès-verbal une succincte description de la qualité de l’animal tué en y ajoutant la désignation des blessures, mutilations ou autres causes de l’occision. 7°; que le chasseur devra immédiatement après se rendre en ce Bureau d’Intendance et y présenter avec le certificat d Syndic l’animal tué dans toute son intégrité avant que la corruption aye fait ses progrès, pour que ce Bureau après avoir rempli les formalités qui sont à sa charge puisse délivrer le mandat pour le payement de la prime analogue à la diversité des circonstances. Mandons le présent être lu, publié et affiché aux lieux et mode accoutumés dans toutes les communes de cette Division à exclusion d’ignorance. Donné à Aoste au Bureau de l’Intendance, le 18 septembre 1819. REAN, Carrel Secrétaire Publié et affiché Aoste le 14 septembre 1819, jour de marché».

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