1 - 2011

CULTURE FRUITIÈRE

Morgan DIEMOZ,
Ivan BARREL
et Pierre DIEMOZ
Institut Agricole Régional

ESSAIS VARIETAUX
DE FRAMBOISES NON REMONTANTES

Dans le but d’observer le comportement du framboisier cultivé en moyenne montagne, depuis 2004 l’Institut Agricole Régional a mis en place un essai variétal, sur le site de Moncenis.
L’essai comprend 14 variétés de framboises non remontantes pour lesquelles deux systèmes de conduite ont été utilisés : la haie verticale à production traditionnelle et la haie verticale à production alternée.
Pour évaluer les différentes variétés, plusieurs paramètres sont pris en compte. Chaque année plusieurs contrôles ont été réalisés sur la croissance végétative des tiges (calibre et longueur), sur la production (production unitaire et poids moyen des fruits), sur la qualité des fruits (teneur en sucres et acidité) et sur leur sensibilité au froid hivernal.

 


Framboisière à Moncenis

DESCRIPTION DE L’ESSAI

Lieu : la framboisière se situe à Moncenis à 750 mètres d’altitude, et présente une surface de 420 m2 exposée au sud-est. Le terrain est sableux, riche en matières organiques (3,5%) avec un pH alcalin (de 7,7).
 
Plantation : avant la plantation apport de 300 q de fumier et de 200 kg de Sulfate de Fer. La plantation a eu lieu en mai 2002. Les plants ont été disposés à une distance de 2 mètres entre les lignes et de 0,50 mètre sur la ligne.

Conduite de la culture : pour chacune des variétés, deux modes de conduite ont été utilisés :
- haie verticale à production traditionnelle : les tiges en production et en renouvellement sont élevées sur la même ligne de culture (5 m linéaires par variété qui correspondent à une surface de 10 m2 par variété ; 10 tiges en production par m linéaire) ;
- haie verticale à production alternée : les tiges en production sont élevées séparément des tiges en renouvellement (10 m linéaires par variété – 5 m en production et 5 m en renouvellement – qui correspondent à une surface de 20 m2 par variété ; 12 tiges en production par m linéaire).
 



Haie verticale à production traditionnelle

Entretien du sol : désherbage manuel sur la ligne de culture; désherbage chimique associé à des sarclages superficiels entre les rangs.
 
Irrigation : la parcelle est arrosée par un système d’aspersion sur frondaison.

Fumure organique : tous les deux ans, en automne, apport de fumier sur la ligne de culture (40 quintaux).
 
Fumure minérale : chaque printemps, distribution sur toute la surface de 7 kg de Sulfate d’Ammoniaque, 12 kg de Sulfate de Potassium, 9 kg de Perphosphate et 50 kg de Sulfate de Fer.


 







Haie verticale à production alternée


Traitements phytosanitaires
: 4 applications de Sulfate de Cuivre contre différentes maladies fongiques en particulier le Didimella (Dydimella applanata) : une avant la reprise végétative, une au printemps sur les jeunes drageons (30-40 cm de hauteur), et deux en automne avec l’adjonction du Bore pour favoriser la chute anticipée des feuilles et donc la lignification des drageons. Un traitement printanier contre la cécidomyie du framboisier (Lasioptera rubi) et un traitement contre le vers des framboises (Byturus tomentosus) avec du Spinosad (insecticide d’origine naturelle).




Récolte haie verticale à production traditionnelle























CONCLUSIONS
Les observations effectuées au cours des années nous permettent de donner des indications sur les variétés que nous estimons les plus intéressantes pour notre milieu. Malheureusement sur 14 variétés testées il n’y en a pas beaucoup qui ont donné des résultats satisfaisants, surtout en ce qui concerne leur sensibilité au gel.
Parmi les variétés à l’essai seulement les plus rustiques comme la Niniane Rubaca et la Radboud ont montré une certaine tolérance au froid hivernal.


 
Les tableaux 1 et 2 fournissent les données relatives à la croissance végétative (vigueur) et à la productivité des variétés testées. Ces valeurs, qui constituent la moyenne calculée sur les 6 ans d’essai, indiquent respectivement la longueur et le calibre des drageons relevés tous les ans en automne (novembre) et les kg récoltés par mètre carré et par mètre linéaire pour les deux modes de conduite et pour chaque variété. Les poids moyens des fruits ont été déterminés en comptant le nombre d’unités contenues dans un bac de 200 grammes.


Les variétés telles que la Malling Exploit, la Malling Promise et la Willamette, connues pour être des variétés ayant une bonne résistance au froid, présentent un nombre de drageons secs assez important ; toutefois la bonne aptitude à drageonner de ces variétés permet de réduire l’incidence des effets néfastes du froid sur l’ensemble des drageons.
En outre, à cause de l’alcalinité du sol (pH 7,7) des symptômes de chlorose sont apparus sur le feuillage de certaines variétés. Ces phénomènes chlorotiques répétés au cours des années ont affaibli les drageons augmentant leur sensibilité au gel.
 
 
Le graphique 1 fourni des indications sur la qualité gustative des fruits de chaque variété. Sur les fruits, prélevés à différentes époques de récolte (début, mi et fin récolte), des analyses qualitatives ont été faites pour déterminer la teneur en sucres (Brix°) et en acidité
(meq NaOH/N10).


La mortalité des drageons explique donc la basse productivité pour la plupart des variétés malgré un bon renouvellement et une bonne croissance pendant la saison végétative.
Du point de vue qualitatif la Tulameen est incontestablement la variété la plus intéressante, caractérisée par un fruit rouge brillant, de gros calibre et ferme avec un bon équilibre entre sucres et acidité mais malheureusement sa sensibilité au froid de l’hiver reste son point faible.




Le graphique 2 met en évidence l’aptitude à drageonner (capacité de renouvellement) et la sensibilité aux froids hivernals de chacune des variétés


Suite aux différentes contraintes rencontrées lors de l’essai, l’expérience acquise au cours de ces 6 ans nous permet de souligner l’importance du choix du milieu cultural (exposition, vent dominant, nature du terrain) et de la variété comme facteurs déterminants pour la réussite de la culture.

 


Récolte haie verticale à production alternée

Pour conclure on peut affirmer que le framboisier peut s’avérer une intéressante possibilité d’intégration du revenu économique des petites exploitations familiales car c’est un fruit qui est assez recherché, qui se prête à de nombreuses utilisations et qui n’est pas très difficile à produire.
Toutefois, avant de se lancer dans la culture il est conseillable de prendre des informations sur des manuels techniques et auprès des techniciens afin d’éviter de commettre des erreurs qui pourraient compromettre la réussite de la culture.
 
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