Le Hêtre (Fagus sylvatica L.) appartient à la Famille des Fagacées et à l’Ordre des Fagales. Cet Ordre rassemble environ 600 espèces, réparties en 6 Genres, dont 3 (Fagus, Quercus et Castanea) renferment les espèces dominantes des grandes forêts européennes.
Le
Hêtre est une essence par excellence des climats océaniques, tempérés et très pluvieux. Il est répandu dans l’Europe occidentale et centrale; il ne dépasse guère le Sud de la Suède. À l’est il pénètre à peine en Russie mais on le retrouve, au sud, en Crimée, dans le Caucase et jusqu’au nord de l’Iran. Il forme des bois purs qui se nomment hêtraies.
Le terme utilisé pour indiquer l’espèce (
Fagus sylvatica) souligne le caractère essentiellement forestier du Hêtre.
Parait-il que le nom vernaculaire du Hêtre dérive du mot heester, d’origine germanique et utilisé par les Francs. Les termes de fau, foyard, fayard ou encore fouteau proviennent du latin
Fagus.
En Vallée d’Aoste le
Hêtre est surtout répandu dans la Basse Vallée et dans les vallées latérales de Gressoney et Champorcher ou il y a des conditions climatiques idéales (assez de pluviosité) pour sa croissance.
Les termes indicatifs de l’espèce sont par conséquent originaires des patois de la Basse Vallée: Fayar (Chambave), Faé (Montjovet), Fayî ou Lou Fayî (Pontboset et Hône), Fô (Fontainemore, Perloz, Lillianes), D’buhu (Issime), D’buechò (Gressoney).
CARACTÉRISTIQUES BOTANIQUES ET BIOLOGIQUES
Le
Hêtre est une des essences les plus majestueuses qui peuplent les forêts européennes. Dans les Alpes son expansion est limitée par le climat, d’un coté le froid qui bloque son extension vers les altitudes élevées de l’étage subalpin et la continentalité qui lui interdit l’accés aux secteurs internes des grandes vallées alpines.
L’espèce par conséquent est répandue surtout dans la zone orientale ou il y a assez de pluviosité. Il est une essence d’ombre qui forme des futaies, soit exclusives que mélangées, avec d’autres feuillus, le Chêne rouvre ou le Châtaigner. Quand il forme des futaies pures elles représentent le stade ultime de l’évolution forestière dans les climats tempérés.
En Italie ce grand arbre forestier fait partie intégrante du paysage des Apennins, ou il forme des hêtraies pures jusqu’à la limite de la végétation forestière. Sur les Alpes il se cantonne dans l’étage montagnard, surtout à l’envers, lorsque les conditions d’humidité sont favorables, et en association avec le Sapin (
Abies pectinata) ou des feuillus. Le Sapin et le
Hêtre sont deux arbres d’aspect bien dissemblable mais qui présentent des grandes affinités: ils aiment l’ombre et l’humidité, mais ils craignent le grand froid.
Le
Hêtre exige, trois à quatre mois par an, une température moyenne supérieure a 10 °C et doit disposer d’une période de végétation d’au moins 5 mois pour emmagasiner des réserves nécessaires à l’éclosion de ses bourgeons. C’est pour cette raison qui ne dépasse presque jamais les 1500 m d’altitude. Il craint surtout les gelées au printemps. On trouve des bois mélangés aussi avec l’Epicéa (
Picea excelsa) dans la zone de transition de l’étage montagnard à l’étage subalpin.
En Vallée d’Aoste, à cause du climat continental, le
Hêtre n’a guère une grande diffusion, il est cantonné exclusivement dans la Basse Vallée, entre Pont-Saint-Martin et Montjovet. Le
Hêtre se développe surtout sur la droite orographique de la Vallée centrale, c'est-à-dire sur le versant droit de la Vallée de Chalamy, à l’amont du village de Gettaz des Allemands et entre les Torrents Pelodé et Quircod. On le trouve aussi à l’ubac de la commune de Montjovet, dans la Vallée du Lys entre les communes de Fontainemore et de Pont-Saint-Martin et enfin dans la basse Vallée de Champorcher.
Les niveaux d’altitude varient entre 700 m de Chantéry (Issogne) et 1500 m de Crest (Pontboset). Dans notre Vallée le Hêtre ne forme que très rarement des peuplements purs, souvent il forme des peuplements soit avec des conifères que des feuillus. Les principales espèce qui accompagnent le
Hêtre ce sont le Mélèze (
Larix decidua), le Pin à crochets (
Pinus montana), le Tremble (
Populus tremula), le Bouleau (
Betula alba), le Sorbier (
Sorbus aucuparia). Chez nous il forme rarement des peuplements avec le Sapin (
Abies alba), le Pin sylvestre (
Pinus sylvestris) et le Châtaigner (
Castanea sativa).
Les changements climatiques en cours, qui prospectent une augmentation de la sécheresse, ne sont pas favorables à l’épanouissement du
Hêtre dans notre Région déjà à climat continental.
Le
Hêtre a un port majestueux quand il pousse isolé, il est au contraire moins branchu lorsqu’il pousse en groupe. Il croit sur des sols de différentes natures, mais il préfère les terrains frais, de profondeur moyenne, riches, calcaires et parfois même acides.
Il peut atteindre une hauteur de 30-40 mètres. Il peut vivre au moins 200-250 ans et même 500 ans. Son tronc cylindrique et droit peut atteindre une circonférence de 10 m. En futaie serrée les
Hêtres n’ont de branches que à partir de 15-20 m d’hauteur, ce qui donne aux peuplements un aspect colonnaire. Sa bonne adaptabilité nous permet aussi de le traiter en taillis sous-futaie.
Le
Hêtre prospère sur tous les types de sols pourvu qu’ils soient bien drainés. Ses feuilles enrichissent l’humus et contribuent à améliorer les peuplements, notamment s’il est mélangé avec des conifères.
Feuilles: caduques, sont alternes, ovales ou elliptiques, symétriques, arrondies à la base, avec le bord légèrement ondulé, avec les nervures bien évidentes et parallèles, sont coriaces et brillantes, vert foncé et lustré dessus, vert plus clair dessous, poilues sur les bords. À l’automne se colorient de jaune d’or.
Fleurs: ils apparaissent en avril-mai ce sont des chatons mâles globuleux. Pendant à l’extrémité d’un long pédoncule; les fleurs femelles disposées par deux, incluses dans une cupule quadrilobée, hérissée de pointes molles et duveteuses, dressées sur un pédoncule court.
Fruits: les chatons femelles se transforment en fruits coniques que l’on appelle «faines», elles sont hérissées de pointes mousses, avec quatre valves et deux fruits secs bruns luisants (akènes) en forme de pyramides. Sont mûres au mois d’octobre. Les faines sont comestibles, bien qu’un peu astringentes. En automne les faines tombent à terre et seront consommées par des habitants de la forêt, tels que les écureuils et certains oiseaux, mais elles sont également très appréciées par les sangliers. Les porcs aussi sont particulièrement friands de ces fruits. Dans le passé avec les fruits on produisait de l’huile qui n’était de qualité inférieure qu’à l’huile d’olive et qui avait la caractéristique de ne point rancir.
Bourgeons: ils ont une forme caractéristique à fuseau, longs et aigus, recouverts de nombreuses écailles, coriaces luisantes, de couleur roux.
Ecorce: l’écorce est lisse mais peut s’écailler à maturité, de couleur gris cendré clair, peu épaisse.
Bois: compact, de couleur blanchâtre à la coupe, devenant rosé. À l’air est peu durable s’il n’est pas injecté. Il est un excellent combustible. Il est employé dans la construction de meubles, de lames de parquets et de jouets pour enfants.
Multiplication: par semis.
Dans la médecine populaire on utilisait l’écorce comme fébrifuge, tonique et astringent. L’infusion des feuilles permettait de soigner les affections bronchiales.
Il existe de nombreuses espèces et variétés de
Hêtre plantées chez nous pour des raisons ornementales: on rappelle le
Fagus tricolor, le
Fagus pendula, le
Fagus rubra et le F
agus atropurpurea.
Au Val d’Aoste on a classé plusieurs
Hêtres parmi les arbres monumentaux; aucun n’a de grandes dimensions à cause du fait qui ne dépassent les 150 années de vie. On rappelle les 6
Fayards du Parc Passerin d’Entrèves à Chatillon où on peut observer un
Hêtre de 150 années ayant une circonférence de 6 mètres (diamètre de 190 cm).
Le
Hêtre se développe soit en futaie qu’en taillis. L’espèce n’a pas été favorisée par les habitants de la montagne car en effet on préférait le Châtaigner qui produisait des fruits plus appréciés pour l’alimentation et, dans la partie supérieure de l’étage montagnard, l’Epicéa pour l’utilisation en charpente. Sa collocation naturelle dans l’étage montagnard lui valut des coupes blanches pour obtenir des prés, des champs et des pâturages.
SYLVICULTURE
L’activité sylviculturelle est orientée à la conservation et à la tutelle de l’espèce à l’intérieur de peuplements mixtes et précisément:
- Hêtraies pures: les traitements vont faire évoluer les taillis vers la futaie en privilégiant les exemplaires (deux pour chaque souche) les plus vigoureux.
- Hêtraies mixtes: les peuplements mixtes ou le
Hêtre s’accompagne aux conifères il est important d’améliorer la structure en favorisant, par le dégagement des exemplaires les meilleurs, le
Hêtre par rapport aux autres espèces.