Le mélange des forêts de montagne à subi dans le passé de fortes modifications à cause des coupes fondées sur des principes de production.
Les feuillus, étant donné que le meilleur bois de construction était fourni par les résineux (sapin, épicéa, mélèze, arole), ont été peu à peu éliminés par la coupe.
Depuis quelques décennies les sylviculteurs ont développé de nouvelles sensibilités à l'égard de la complexité biologique de la forêt et il essayent de rééquilibrer la stabilité des peuplements en favorisant le mélange de toutes les espèces typiques des forêts de montagne. Tout particulièrement on essaye de respecter les feuillus, qui apportent de la fertilité aux sols, et de favoriser leur recrus.
Les Sorbiers (Sorbus aucuparia L. et Sorbus aria L.) sont des espèces accompagnatrices très rustiques et utiles pour la diversification biologique de la forêt.
On peut les diviser géographiquement en deux zones: l'une, boréale et montagnarde (Sorbier des oiseleurs et Alisier balnc), l'autre, présente en plaine (Alisier torminal et le Cormier).
On fait une distinction entre sorbier et alisier à cause de leurs feuilles: les sorbiers ont des feuiles composées, les alisiers des feuilles simples.
Sorbier des oiseleurs dans le village de Alpenzu, dans la commune de Gressoney-Saint-Jean.L’arbre est classé, pour ses dimensions, parmi les arbres monumentaux
Au Val d'Aoste pour indiquer le Sorbier des oiseleurs on utilise les noms suivants: Fréno vergueleun, Teméi, De gérgetschboum (Gressoney), Dan gürgentsch (Issime).
L'Alisier blanc est indiqué par les noms suivants: Arsalì, Ansella, De mälboum (Gressoney), De melbaum (Issime)
Caractéristiques botaniques et biologiques des sorbiers
Le Sorbier des oiseleurs
(Sorbus aucuparia L.).
Il est le plus répandu des sorbiers. Son aire de répartition naturelle couvre toute l'Europe et l'Asie tempérée. Il a été aussi répandu par l'homme dans l'Amérique du nord.
écorce du Sorbier des oiseleurs:
la couleur est gris clair et brillante,
avec des lenticelles
Il appartient à l'Ordre des Rosales et à la famille des Rosacées. Le nom «aucuparia» dérive des mots latins «avis» (oiseau) et «capere» (attrapper), en effet les baies du sorbier étaient utilisées pour attirer les oiseaux dans les cages des chasseurs.
Feuilles: précoces en avril, composées-pennées, à disposition alterne, avec bordure dentée, à cinq ou sept paires de folioles, vertes des deux côtés, un peu poilues au revers;
Bourgeons: fusiformes, de couleur brun-pourpre, recouverts de poils grisâtres;
Fleurs: disposition en panicule, blanches, à cinq pétales, groupés en corymbes terminaux, il s'épanouissent en mai-juin. Odeur très forte et peu agréable,
Fruits: sont des baies (drupes) rouges orangé, à saveur âpre et acide mais aromatique, très appréciées par les oiseaux, notamment les grives (l'arbre prend aussi le nom de «sorbier à grives»); les fruits commencent à se colorer dès le mois d'août et en automne ils sont d'un rouge éclatant avec une surface brillante; ils persistent sur l'arbre en hiver
Sorbier des oiseleurs en automne.
Les baies ont une couleur rouge orangé
Ecorce: gris clair, brillante striée de lenticelles;
Bois: aubier légèrement rougeâtre, cœur d'un brun plus sombre;
Pollinisation: par les insectes;
Répartition des sexes: arbre hermaphrodite (les deux sexes sur le même individu).
L'arbre pousse dans les bois, les forêts, soit de feuillus que de résineux, et dans les lisières. Il pousse aussi dans les lieux rocheux, souvent en altitude, sur les sols légers, très rarement sur calcaire.
Le Sorbier est une essence de lumière, il préfère les climats tempérés et humides. Il pousse ainsi surtout dans les clairières des forêts
Le Sorbier des oiseleurs dépasse rarement les quinze mètres d'hauteur. On peut observer un magnifique exemplaire de Sorbier dans la Vallée du Lys, près du village de Alpenzu piccolo dans la Commune de Gressoney-Saint-Jean. L'exemplaire dépasse l'age de 150 ans, a un contour de 196 cm et une hauteur de 11 m. Cet arbre a été classé parmi les arbres monumentaux de la Vallée d'Aoste aux termes de la loi régionale n. 50 du 21 août 1990 portant protection des arbres monumentaux.
Les baies du Sorbier des oiseleurs au printemps.
Les fruits frais ne sont pas comestibles pour
l’homme sauf à maturité et à condition d’être cuits
La floraison du sorbier est en mai et les fruits rejoignent la maturité à la fin de l'été. Les fruits persistent longtemps sur l'arbre en hiver, ce qui lui donne in intérêt décoratif indéniable. Le sorbier constitue une réserve importante de nourriture pour les oiseaux. C'est surtout après le passage du gel que les fruits sont très appréciés, surtout des grives (it.: tordi).
La diffusion du Sorbier est due principalement aux oiseaux: ils avalent les fruits et il jettent les graines qui vont enfin faire pousser de nouvelles plantes.
L'Alisier blanc
(Sorbus aria Crantz).
Il se différencie du Sorbier des oiseleurs par la forme simple de ses feuilles. L'espèce occupe presque le même habitat du Sorbier.
L'Alisier est une essence montagnarde qui pousse jusqu'à la limite supérieure des forêts, il a besoin de pleine lumière et sécheresse, il résiste bien aux grands froids.
Feuilles: simples, ovales ou oblongues, à bords irrégulièrement et doublement dentés, vertes, luisantes dessus, blanches et très tomenteuses en dessous. En automne prennent une teinte brun-rouille.
Fleurs: groupés en corymbe, d'un blanc terne, à pétales étalés.
Fruits: sont petits, globuleux, murs en septembre, verts puis rouge orangé; saveur acidulée.
Ecorce: grise et lisse, puis brun et rougeâtre.
Bois: blanc, lourd, dur et très homogène
Alisier blanc (Sorbus aria). Les fleurs sont groupées
en corymbe. Les feuilles ont une forme simple et ovale,
sont vertes luisantes dessus, blanches et tomenteuses
en dessous
Exemplaire d’Alisier blanc
Utilisation des sorbiers
Du point de vue forestier, nous l'avons dit, ces deux espèce sont précieuses pour la différenciation biologique des forêts. Leurs feuilles forment une bonne litière et les fruits donnent de nourriture à plusieurs espèce d'oiseaux.
Baies de l’Alisier blanc en automne
Le bois des sorbiers est recherché en sculpture et en tournerie pour ses qualités de finesse. On l'utilisait dans le passé pour la fabrication des rayons de roues de charrettes et pour la fabrication d'outils.
Les fruits frais ne sont pas comestibles pour l'homme. Ils contiennent notamment des acides sorbiques, maliques, et parasorbiques (ce dernier étant toxique) ainsi que différents sucres (saccharose, dextrose, et sorbitol); ce dernier est désormais utilisé (opportunément synthétisé) comme édulcorant, particulièrement indiqué pour les diabétiques.
Les fruits sont au contraire comestibles quant ils sont bien mûrs et à condition d'être cuits. On peut parfois préparer des confitures et, par distillation, préparer des boissons alcoolisées (type kirsch).
Les fruits ont des propriétés laxatives et diurétiques.