La récession progressive du Châtaigner dans le siècle dernier est due à la présence de deux maladies qui ont fortement endommagé et même détruit des peuplements entiers de cette espèce: «la maladie de l’encre» (Phytophtora cambivora) et «le chancre de l’écorce» (Cryphonectria parasitica). L’effet le plus évident des deux maladies, le dessèchement des rameaux dans la partie haute de l’houppier, est bien connue par les habitants de la moyenne montagne ou vit le Châtaigner.
Les deux pathogènes se développent en dessous de l’écorce et portent atteinte au flux de la sève élaborée vers la partie haute de l’arbre. Faute d’alimentation les feuilles et les rameaux flétrissent et enfin dessèchent. La maladie peut porter dans les deux cas à la mort de l’arbre. En Vallée d’Aoste dans l’année 1992 et dix ans plus tard, en 2002 la Direction des forêts a effectué, sur tout le territoire régional, des inventaires pour vérifier la situation phytosanitaire des châtaigneraies et il a préparé un plan d’intervention pour les soins culturaux.
Examinons avant tout les caractères biologiques des deux principales maladies cryptogamiques du Châtaigner.
LA MALADIE DE L’ENCRE
La maladie est provoquée par des attaques aux racines et au «collet» en bas du tronc par des filaments (des micro-organismes classés dans le passé parmi les champignons) qui provoquent des exsudations noirâtres dans les parties atteintes par le pathogène.
La maladie est apparue en Europe en 1860 s’est rapidement répandue et a contribué à la régression de la culture de la châtaigne.
Les pathogènes responsables de la maladie ce sont deux espèces du genre Phytophtora, de la Classe des Phycomycetes: Phytophtora cambivora qui atteint le collet à la base de l’arbre et Phytophtora cinammoni qui atteint les racines. Les symptômes de la maladie sont le dessèchement des rameaux dans la partie haute de l’houppier, la diminution de la floraison et par conséquent de la fructification; la défoliation est précoce, même un mois d’avance. Enfin, des taches noires (exsudations) se forment sur le tronc à partir de la base de l’arbre. A ce point une forte odeur de tanin fermenté se produit. Quand le filament (mycélium) envahit tout le contour de l’arbre celui-ci n’a aucune possibilité de survivance. La propagation de la maladie se fait par contamination, à cause du transport à distance du bois atteint par le mycélium. L’éradication de la maladie n’est pas facile à cause de la permanence du mycélium dans le terrain même en absence de l’hôte. On effectue naturellement des interventions culturales sur les individus atteints, par élimination des parties desséchées ou, dans les cas extrêmes, par la coupe de l’arbre et l’élimination des souches.
la partie supérieure de l'arbre atteint par le chancre va dessècher rapidement
LE CHANCRE DE L’ECORCE
Cette maladie a été signalée la première fois à New York en 1904. Dans quelques dizaines d’années la maladie allait se répandre dans tout le territoire des Etats Unis d’Amérique.
L’introduction du pathogène en Europe s’est produite par importation de bois américain contaminé. Les premiers dégâts ont été constatés en Italie en 1938 à partir de la Ligurie (lieu de contamination: port de Gène).
Le champignon responsable du «chancre de l’écorce» appartient à la Classe des Ascomycètes: Cryphonectria parasitica (ou Endothia parasitica) qui atteint toutes les parties de l’arbre, le tronc, les branches, les rameaux et même les «bogues» (it. riccio); seulement les feuilles sont exemptes de l’attaque du champignon.
Les symptômes se manifestent par la formation sur l’écorce de taches de forme irrégulière, couleur orange. En dessous de l’écorce on aperçoit une masse feutreuse couleur crème.
Sur les rameaux adultes se forment des taches longitudinales légèrement enfoncées. Dans ces points se forment même des déviations de la direction d’accroissement. Sur le tronc et les branches l’écorce est fissurée, elle se soulève et se détache en bandes.
Dans les fissurations apparaissent des petites boules rouge-orange: ce sont les picnides du champignon. La partie de l’arbre supérieure au chancre va dessécher rapidement.
L’infection des arbres sains est provoquée par l’inoculation des spores dans les blessures, à l’insertion des branches et dans les points de greffe (châtaigner à fruits). Enfin les spores germent et le mycélium se développe en forme d’éventail en dessous de l’écorce. C’est ainsi que le flux de la sève élaborée est empêché et les branches supérieures dessèchent.
On a essayé de combattre le chancre de l’écorce par l’utilisation de porte-greffes chinois et japonais, résistents à la maladie.
Un moyen de lutte est la transformation des châtaigneraies à fruits en taillis, plus résistants au chancre.
RESULTATS DES INVENTAIRES
L’inventaire de l’année 2002 a concerné 1013 Châtaigners dont 284 exemplaires classés parmi le «arbres monumentaux», 287 soumis à «tutelle» et 492 ayant une valeur historique (classification selon la loi régionale n. 50 du 21 juillet 1990).
Des deux maladies on à principalement étudié le chancre de l’écorce qui a atteint les châtaigneraies depuis 1950-60 et on a constaté trois types de chancre:
• chancre évolutif: le chancre progresse pour une période et enfin s’arréte;
• chancre involutif: la virulence et atténuée, l’arbre réagit par la formation d’une boursouflure cicatricielle autour du chancre;
• chancre régressif: le mycélium se développe de façon plus superficielle. Le chancre est de plus en plus isolé par l’arbre même.
La situation du chancre de l’écorce des arbres inventoriés par le Corps forestier Valdôtain est le suivant:
• absent: 4,1 %;
• forme évolutive: 30,8%;
• forme involutive: 42,8%;
• forme régressive: 22%.
LUTTE A LA MALADIE
La Direction des forêts effectue essentiellement des interventions de dendrochirurgie pour essayer d’éliminer le pathogène par la recision des branches atteintes par la maladie et l’utilisation de produits chimiques pour désinfecter les blessures de l’écorce
Le Châtaigner est atteint aussi par d’autres maladies, même si moin virulentes par rapport aux deux maladies cryptogamiques examinées:
- Amillaria mellea: champignon responsable de la pourriture des racines;
- Mycospherella maculiformis: provoque le flétrissement des feuilles et des bogues pendant l’été;
- Corineum nodonium: provoque le dessèchement des jeunes rameaux.