Le
Chêne pubescent (
Quercus pubescens Willd.) appartient à l’Ordre des Fagales et à la Famille des Fagacées. Cette espèce végétale, à feuillage caduque, est très répandue dans les bas-versants de notre région, de Morgex à Pont-Saint-Martin dans les expositions sud (adret), jusqu’à 1.400 mètres d’altitude, et de Villeneuve à Fénis dans les expositions nord (ubac), jusqu’à 1.000 mètres d’altitude.
On trouve aussi des peuplements de cette espèce à l’entrée des vallées de Valpelline et de Saint-Barthélemy.
Le
Chêne pubescent représente à peu près le 7% du nombre total de arbres présents dans les bois valdôtains (on ne dispose pas d’inventaires forestiers des chenaies puisqu’elles appartiennent essentiellement aux propriétaires privés) et le 3% du volume de forêts. Il forme aussi des bois mélangés avec le Châtaigner, il est présent dans les pineraies de Pin sylvestre et mixte avec d’autres espèces de feuillus (bouleaux, trembles, sorbiers) sur les terrains de friche.
Dans les bas-versants entre Verrès et Pont-Saint-Martin on trouve aussi des exemplaires de
Chêne rouvre (
Quercus petræa Liebl.), espèce plus exigeante en humidité et plus sensible aux excursions thermiques par rapport au Chêne pubescent et, plus rarement, des exemplaires de
Chêne pédonculé (
Quercus robur L.). Dans les zones de contact des différentes espèces existent aussi des hybrides.
Le mot
Chêne vient du gaulois (cassanu). Au temps des druides le
Chêne était un arbre sacré.
Au Val d’Aoste pour indiquer cette espèce d’arbre on utilise les termes suivants: Tséno, Tséno blan, Rouvò (Fontainemore), Rò (Lillianes), Eiche (Gressoney), Di tscheechnu (Issime). Dans notre région on a aussi des toponymes liés au Chêne: Rovarey (dérivation du latin robur) et Chénoz (du celtique), qui identifient des villages dans les bas-versants de la vallée centrale. Les noms de famille Chenoz, Cheney, parait-il, sont liés à cette espèce végétale.
Le
Chêne pubescent est un arbre de taille moyenne ayant un tronc souvent tortueux et branchu qui n’atteint presque jamais les 20 mètres d’hauteur. L’houppier est souvent de forme arrondie.
Le régime forestier des chenaies dans le passé était sûrement le taillis.
Ce type de régime est basé sur la propriété des essences feuillues à se perpetuer par rejet de souche. Son but demeure la production de bois de feu, piquets, bois de mine. Aujourd’hui l’abandon des surfaces forestières des bas-versants de la Vallée centrale, par les propriétaires, a permis la transformation naturelle des taillis de
Chêne (par vieillissement des rejets) en futaies.
Les
Chênes (genre Quercus) comptent dans le monde environ 250 espèces. L’Amérique est particulièrement riche en espèces (80) reparties en 4 sections:
chênes rouges, chênes saules, chênes blancs et
chênes noirs.
Les
chênes rouges Américains ont un magnifique feuillage d’automne, par conséquent ont les utilise souvent dans les parcs et jardins comme espèces d’ornement.
Les Chênes rouges américains sont souvent employés comme
arbres d’ornement dans les parcs et jardins (Saint-Christophe)
CARACTÉRISTIQUES ÉCOLOGIQUES, BOTANIQUES ET BIOLOGIQUES
La répartition géographique du
Chêne pubescent est limitée essentiellement à l’Europe du Sud, tout de même cette espèce est répandue aussi dans l’Europe centrale.
Le
Chêne pubescent a besoin de beaucoup de lumière et supporte bien la sécheresse, bien qu’il ait besoin de l’ombre dans ses premières années de vie. Il préfère les sols calcaires mais sa rusticité lui permet de s’adapter à tous les types de sols.
- Port et croissance: le Chêne pubescent a un port étalé, le tronc est souvent court et tortueux sa cime est souvent irrégulière ou arrondie. La croissance est très lente mais cette espèce peut avoir une grande longévité.
- Ecorce: de couleur brun noirâtre est souvent crevassée, les rameaux de l’année sont pubescents de couleur brun grisâtre.
- Bourgeons: sont ovoïdes, de couleur brun.
- Feuilles: alternes et lobées (la profondeur de la découpe et le nombre des lobes est très variable), à pétiole assez court, glabres dessus et avec une texture veloutée en dessous, couleur vert sombre et luisant dessus, opaque en dessous, avec des nervures bien marquées. Les feuilles du Chêne pubescent, desséchées, persistent sur l’arbre jusqu’au printemps lorsqu’apparaissent les premiers bourgeons. Tout au long de l’année le Chêne change de couleur: vert clair au printemps, puis vert sombre, jaune orangé avec des nuances rougeâtre, et enfin beige.
Les feuilles sont alternes et lobées, à pétiole assez court.
Les fruits sont des glands ovoïdes entourés d’une cupule écailleuse
- Fleurs: le Chêne est une espèce monoique. Les fleurs males sont disposés en chatons pendants, les fleurs femelles n’ont pas de tige, isolées à la base des feuilles ou par groupes de 2 à 4. La floraison s’étend d’avril à mai. Ce sont les insectes qui favorisent la polinisation.
- Fruits: les glands, avec pédoncule très court, rigide et pubescent, ont une forme ovoïde, et ils sont entourés d’une cupule écailleuse pubescente. Leur maturation annuelle a lieu à septembre et octobre. La diffusion des glands est favorisée par les animaux (geai des Chênes et écureuil). Dans le passé on utilisait les glands pour l’alimentation des porcs.
- Bois: dur et de densité élevée, souvent noueux, difficile à travailler. Il est souvent utilisé comme bois de chauffage.
- Maladies: Le Chêne pubescent est attaqué soit par des champignons que par des insectes. Un phénomène curieux est provoqué par les attaques de l’insecte Cynips quercus: les picures de l’insecte pour la ponte des oeufs est à l’origine des excroissances sur les branches et l’extrémité des rameaux. Ce sont des tumeurs en forme de billes de couleur verte puis brun noirâtre.
La Tordeuse verte (
Tortrix viridiana L.) provoque des dégats par la destruction des bourgeons à fleur et des premières feuilles et peut affecter gravement la régénération du Chêne. Des dégats sont provoqués aussi par
Thaumetopoea processionea L. e
Lymantria dispar L.
Les forêts de
Chêne pubescent sont très peu productives et sont généralement installées sur des terrains en pente, donc difficilement utilisables de facon rentable (presque exclusivement du bois de chauffage), tout de même elles ont une grande valeur patrimoniale puisqu’elles constituent des milieux interessants d’un point de vue de la biodiversité, des niches écologiques pour plusieurs espèces de flore et faune.
Il faut souligner que les chenaies valdôtaines assurent surtout une importante fonction de protection des versants. Par conséquent le régime forestier souhaité pour les chenaies de
Chêne pubescent est surtout la futaie. La gestion en futaie demande des interventions d’éclaircie avec le soin de maintenir une bonne densité des peuplements.
Bibliographie:
- J. Brosse - “Larousse des arbres et des arbustes”
- R. Gellini, P. Grossoni - “Botanica forestale Vol. II”
- J. B. Abgrall, A. Soutenon - “La forêt et ses ennemis”. CEMAGREF