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Chers
lecteurs
Le numéro que vous tenez entre les mains se présente sous une nouvelle formule ; le lecteur était habitué à une section regroupant les articles de réflexion, suivie d’une deuxième partie riche en exemples concrets d’activités réalisées avec les élèves.
Nous avons pris en compte les propositions des membres du comité scientifique qui s’est réuni au mois de mai dernier. À cette occasion, il a été décidé une plus grande proximité entre les articles théoriques et les récits de pratiques de classe. La mise en page de la revue a été, ainsi, quelque peu modifiée. Il en ressort un panorama multiforme dans lequel chaque enseignant pourra, nous l’espérons, reconnaître des façons de faire familières, mais aussi trouver des suggestions.
Le thème de cette édition concerne l’enseignement de l’histoire.
Tout au long des pages se succèdent six sections qui reflètent différentes conceptions et manières d’aborder cette discipline. Dans chacune d’elle, d’abord les collègues racontent concrètement leurs activités puis, en clôture, se trouve l’article théorique qui les a inspirées. Ainsi : Per non studiare gli uomini a mucchi, contient l’apport théorique de Marco Cuaz ; Tante storie per una storia, la réflexion d’Ivo Mattozzi ; Nous et les autres, celle de Charles Heimberg ; Visioni al plurale, celle d’Ernesto Perillo ; Elaboratorio, celle de Michel Huber ; Pensare la storia, celle de Pierre-Georges Thiébat. Enfin, la dernière section, Strumenti per la storia, propose un ensemble varié d’instruments.
Quelle que soit la façon d’aborder l’histoire, elle se conjugue toujours avec la notion d’altérité, et quand le point de départ est la micro-histoire, c'est-à-dire l’histoire locale, celle-ci est conçue comme un passage menant vers la macro-histoire, celle qui dépasse les limites de la nation et se relie à l’histoire de l’humanité.
Même si, dans de nombreux récits de pratiques, un large espace a été consacré à l’émotion dans le but principal de déclencher chez les élèves le goût pour l’étude de la discipline et de les amener au désir de comprendre le monde d’aujourd’hui, les enseignants sont toutefois conscients que, faire appel à des témoins d’événements du passé porte en lui un risque d’ambiguïté, en raison du caractère émotionnel et moral des témoignages, alors que les objectifs du cours d’histoire sont avant tout des objectifs de connaissance.
En fait, lors de la leçon d’histoire, il ne s’agit pas de transformer une mémoire en vérité historique, la finalité de cet enseignement n’est pas morale, mais civique. Toute étude historique demande une démarche rigoureuse, ce qui ne veut pas dire que pour donner aux jeunes l’envie de connaître l’histoire, il ne faille pas jouer quelquefois sur le levier émotionnel ; mais il n’est pas question de s’y cantonner.
De la maternelle à la fin du secondaire, le repère constant qui accompagne les élèves dans la construction de leur connaissance historique est la notion de temps. C’est un concept qui permet de situer les faits, les personnes, les objets, pour les faire émerger d’un passé qui apparaît souvent informe dans la tête des élèves.
À travers les pratiques pédagogiques proposées, on sent bien le besoin de les situer dans un moment et dans un contexte précis, mais aussi d’aller au-delà. On remarque à quel point les enseignants sont attentifs à ne pas réduire le passé au simple souvenir. Dans les activités qui ont recours à la mémoire, une attention particulière est portée aux contradictions de l’histoire, pouvant émerger de différentes interprétations, lectures ou autres sources.
L’histoire cherche à s’éloigner d’une mémoire figée pour devenir créatrice de mémoire critique et engendrer une curiosité investigatrice plus profonde.
Jeter un pont entre le passé et le présent afin de créer une plateforme capable d’orienter les jeunes vers le futur et les rendre conscients de leur rôle de citoyens dotés d’un esprit critique, c’est l’une des missions de l’école.
Geneviève Crippa
Bruno Fracasso
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