|
Avant-propos
L'idée
d'utiliser le Portfolio européen des langues dans le contexte éducatif
de notre Région n'est pas récente. Une première réflexion
sur la valeur et l'intérêt du projet du Conseil de l'Europe
avait fait l'objet d'un article paru dans le numéro 41 de la revue(1).
Dans cet article, les auteurs soulignaient le double intérêt
du PEL : d'une part, il se présentait comme un outil permettant
de mieux gérer le passage d'un cycle à l'autre, surtout
dans un cadre d'éducation plurilingue ; d'autre part, il permettait
de présenter de manière claire et transparente les compétences
acquises par les apprenants et de les relier aux six niveaux du Cadre
européen commun de référence. Cette deuxième
possibilité paraissait fort intéressante à une époque
où le débat sur la réforme de l'examen de fin de
cycle (maturità) battait son plein.
Dans la même optique que celle du Conseil de l'Europe, mais sans
y faire référence, en 1996, un groupe d'enseignants
de la Circonscription de Saint-Pierre et de l'École moyenne
de Villeneuve avait élaboré un projet avant-coureur de continuité
entre l'école élémentaire et l'école
moyenne(2). Ce projet, inspiré des réflexions
de Daniel Coste sur la cohérence du curriculum(3), se
proposait de faciliter le passage entre la classe de cinquième
de l'école élémentaire et la classe de première
de l'école moyenne. En particulier, les enseignants avaient
essayé d'harmoniser les contenus du curriculum de français
ainsi que les démarches, les stratégies et les parcours
d'autoévaluation.
Parallèlement, de 1997 à 2001, une équipe d'enseignants
de français du Lycée technique pour géomètres
d'Aoste, avait travaillé à un curriculum et à un
Portfolio des langues adaptés aux exigences des apprenants de cette
filière. Sous la coordination scientifique de Gisèle Kahn,
chercheur à l'École Normale de Lyon, l'équipe de
projet avait élaboré et expérimenté deux modèles
de PEL : le premier était un document de travail à usage
interne, favorisant un processus d'acquisition d'autonomie et facilitant
une progression dans l'apprentissage à travers la prise de conscience
des mécanismes qui sont à la base de son évolution.
L'autre, pour les élèves se présentant à
l'examen d'État, faisait le point des compétences acquises
à la fin du cycle scolaire.
Il n'est peut-être pas superflu de rappeler encore que, suite
au projet Lingue 2000 (4) né pour favoriser l'enseignement
d'au moins deux langues communautaires ainsi qu'il était
prévu par le Livre Blanc (1995), le Ministère de l'éducation
italien avait signé une convention avec des institutions, reconnues
sur le plan international, pour la certification des compétences
linguistiques des élèves. Ces institutions, faisant partie
de l'association ALTE (Association of Language Testers in Europe)
qui était parmi les promoteurs du Cadre européen, se proposent
d'appliquer des normes d'évaluation communes aux langues à
travers l'Europe. En 2002, la Vallée d'Aoste aussi a signé
une convention dans ce sens et prévu des financements pour les
établissements scolaires qui présentent des élèves
aux différents examens proposés dans le cadre de cet accord.
À l'heure actuelle, l'analyse de la situation révèle
que le PEL n'est pas très répandu. Au cours d'une
enquête sur sa diffusion, menée entre décembre 2002
et janvier 2003 par le Service pour les certifications bi-plurilingues
– Portfolio, de la Surintendance aux études, il apparaît
que seulement trois établissements scolaires sur trente utilisent
des modèles de portfolio pour les langues. Pendant la même
année scolaire, treize établissements ont reçu des
financements pour les élèves souhaitant préparer
les examens dont les diplômes sont reconnus au niveau international.
Quel futur pour le PEL ? Sa diffusion dépend de questions cruciales
auxquelles certains établissements scolaires ont commencé
à réfléchir. Il s'agit, entre autres, de trouver
les moyens d'intégrer le PEL dans la pratique quotidienne,
sans charger les apprenants et les enseignants d'un travail supplémentaire
excessif, de trouver des outils pour évaluer et certifier les compétences
décrites (évaluation certificative) et de concilier son
utilisation avec d'autres types de portfolio tels que celui des
compétences prévu par la loi n. 53/2003.
Gabriella
Vernetto
(1)
JACHE I., VERNETTO G., " Enseignement / apprentissage de la langue
française à l'école secondaire du 2e degré
", in L'École Valdôtaine, n. 41, septembre 1998, p.
61-67.
(2) JOLY M., SCHIAVOTTO S., " Connaître un projet
Portfolio ", in L'École Valdôtaine, n. 41, septembre
1998, p. 58-60.
(3) COSTE D., " Enseignement bilingue et cohérence
du curriculum ", in L'École Valdôtaine, n. 35, mars
1997, p. 72-77.
(4) Progetto Lingue 2000 - http://www.istruzione.it/argomenti/autonomia/documenti/pl2000.doc
|
|
|