link home page
link la revue
link les numéros
link web école
links

Quel portfolio pour l'étudiant de français des affaires ?

Du référentiel du français à usage professionnel au Portfolio de connaissances et de compétences utiles à l'étudiant de français des affaires

Y a-t-il un français sans objectif(s) spécifique(s) ?
Que faut-il enseigner en français des affaires ? Où acquérir les connaissances nécessaires ? Quelle(s) méthodologie(s) utiliser ? Y a-t-il un programme précis ? Comment enseigner ? Comment " apprendre à apprendre " ? Comment évaluer les/ses compétences ?
Ce sont autant de questions que se posent les enseignants en formation lorsqu'ils souhaitent enseigner la langue des affaires, et les étudiants lorsqu'ils veulent la pratiquer.
En ce qui concerne le français à usage professionnel, la situation est relativement claire : l'usage de la langue est subordonné aux besoins de la profession. Approche pragmatique, certes, mais qui a la vertu de donner à l'apprenant qui souhaite travailler en milieu francophone les moyens et les outils linguistiques et culturels nécessaires pour le faire (1).
Dans le cas des examens de français des affaires pour les personnes dont le français n'est pas la langue maternelle, les compétences évaluées, décrites en terme de niveaux (2) suivant de près les propositions du Conseil de l'Europe, sont suffisamment larges pour que l'enseignant expérimenté soit libre de les adapter à sa situation d'enseignement. Elles sont pourtant relativement vagues, et l'enseignant moins à l'aise aura du mal à en extraire des informations précises sur les contenus et les méthodes à favoriser dans son cours.
Pour subvenir au besoin relativement important d'outils de guidage spécifique en matière de connaissances et de compétences utiles à l'étudiant de français des affaires, des recherches interdisciplinaires ont été réalisées dans le cadre d'un projet Leonardo. Ainsi est né Promotics et, en pierre angulaire, un Référentiel de français à usage professionnel (3) (en français, traduit en anglais, italien, espagnol, allemand, hongrois) destinés à aider les enseignants à mieux préparer leurs étudiants aux examens de langue professionnelle présents sur le marché, éventuellement, à la pratique et la vie professionnelle, certainement.
Le Référentiel et le cédérom sont actuellement utilisés par des formateurs de différentes nationalités et dans des situations d'enseignement variées, y compris la formation à distance.
Un Portfolio de connaissances et de compétences utiles à l'étudiant de langue des affaires en est vite devenu le complément indispensable. Il a été réalisé après deux ans de mise en pratique " sur le terrain " du Référentiel et du contenu du cédérom, et est proposé sur le site www.formation-distance.com (4), dans un premier temps (5). Nous en présentons plus loin les données de base, complétant ainsi les orientations du projet Promotics et du Référentiel du français à usage professionnel pour un enseignement/apprentissage en milieu professionnel ou technique en fonction de la finalité retenue.

LES CONNAISSANCES UTILES

L'analyse des épreuves d'examens de langue des affaires (en français, anglais, italien, espagnol) montre que l'on ne demande au candidat d'être un expert, ni en marketing, ni en technique de vente, ni en secrétariat, ni en conception de forfait touristique, etc. On lui demande d'être " opérationnel ". Dans le cas du français, par exemple (français du secrétariat, français du tourisme), il est précisé que les connaissances du milieu professionnel sont générales, et sans spécialisation particulière. Ceci étant dit, et ce point n'est plus sujet à controverse comme il pouvait encore l'être il y a quelques années parmi certains enseignants de langue, il faut tout de même en posséder quelques-unes pour être professionnellement crédible ! Or, cette " culture des affaires " et ces connaissances débutent… en langue maternelle. C'est dire combien les mises en situation vont être une technique privilégiée d'apprentissage et pourquoi les " cas " proposés sont directement et obligatoirement issus de la logique professionnelle et des impératifs de la fonction de l'entreprise dont ils participent.

QUE VEUT DIRE ÊTRE " OPÉRATIONNEL " ?

Les compétences utiles en langue des affaires, comme les connaissances, sont classées en quatre sections, chacune correspondant à une des fonctions majeures de l'entreprise dont vont dépendre les paramètres de la communication. Pour chaque fonction, des situations de communication externe ou interne précises vont se présenter et ne sont pas toutes transposables (6).


1. Pour être opérationnel, donc, l'opérateur (apprenant, stagiaire ou professionnel débutant) doit être capable d'assurer, en langue cible, les fonctions de base de l'accueil-assistance et de la commercialisation simple (achat-vente-marketing), ce qui va lui permettre de s'insérer dans le monde du travail en connaissant les grandes lignes de son environnement professionnel et des tâches qui lui incombent. Aussi, on ne lui demande pas d'écrire ou de parler " sans faute ". Le seuil de tolérance à l'erreur (langue, grammaire ou prononciation) a pour limite, au niveau de performance le plus faible, le fait que l'interlocuteur comprenne ou non et puisse ou non donner suite à la transaction en cours de manière satisfaisante.

2. Les compétences de communication à acquérir (macro-compétences) dans les différentes fonctions et services de l'entreprise recouvrent :
La maîtrise des savoirs de base : qu'est-ce que je dois savoir pour occuper ce poste ? quelles connaissances faut-il ?
Les compétences distinctes ou intégrées : qu'est-ce que je dois savoir faire pour occuper ce poste correctement ? :
- Pour accomplir mes tâches correctement, est-ce que je connais les outils, les textes utiles et les stratégies efficaces : est-ce que je sais identifier, consulter, comprendre les uns et utiliser les autres ?
- Comment faut-il que je me comporte ? (on ne parle pas de " savoir être " en situation professionnelle, comme on ne parle jamais de " documents authentiques"...)

3. Ces macro-compétences de base à maîtriser s'articulent de façons différentes selon la situation professionnelle, les domaines et les thèmes.
Prendre contact (accueillir : qui ? où ? comment ? dans quel but ?)
Informer, renseigner (qui ? sur quoi ? pourquoi ? dans quel but ?)
S'informer, se renseigner (sur qui ? sur quoi ? dans quel but ?)
Localiser (qui ? quoi ? Pourquoi ?)
Caractériser, qualifier, décrire (qui ? quoi ? dans quel but ?)
Expliquer (quoi ? à qui ? Pourquoi ?)
Proposer, conseiller, suggérer (quoi ? à qui ? quand ? dans quel but ?)
Justifier, convaincre (quoi ? qui ? de quoi ? dans quel but ?)
Prendre congé (qui ? quand ? dans quel but ?)

4. Les compétences sont mises en œuvre de façon intégrée :
Plusieurs compétences sont transversales et sont indispensables aux quatre fonctions et dans différents postes.
Il peut s'agir de la même compétence (i. e. Être capable d'informer), mais avec des contenus différents selon le service, le domaine ou le thème (On peut informer au secrétariat, mais aussi au service marketing : le destinataire, l'objet et l'objectif de l'information seront de nature totalement différente).
Pour être plus " pédagogiques ", les compétences peuvent être traitées séparément et dans différentes situations d'analyse et de communication (CE, CO, EE, EO ; par exemple : apprendre sur quoi et comment renseigner un client par écrit ou oralement ; être capable de le faire efficacement par écrit ou oralement).
Certaines sont intégrées dans une activité professionnelle plus complexe (i. e. Sélectionner une information écrite pour être capable de donner une information orale ; écouter et hiérarchiser une information orale pour remplir un document professionnel, etc.).

RÉFÉRENTIEL, ÉVALUATION ET AUTO-ÉVALUATION

Le Référentiel, outil d'évaluation rappelons-le, peut être mis en pratique de façon analytique, séquence par séquence et en considérant successivement les compétences individuelles, ou de façon active, en mettant plusieurs compétences en parallèle. De même que les professionnels doivent connaître et suivre une procédure déterminée dans une situation donnée, certains réflexes doivent être intégrés dès le début de l'apprentissage. Avant de commencer à répondre à des directives - qui seront aussi proches que possible de consignes de travail, pour entraîner l'apprenant à réagir professionnellement (Situation, Votre tâche) -, la personne en formation doit être capable d'identifier les paramètres de communication indispensables :
sa fonction ;
le contexte où elle travaille ;
le lieu où elle se trouve ;
l'identité de son interlocuteur et surtout sa fonction ;
le besoin de son interlocuteur ;
ce qu'elle doit faire ;
les informations qu'elle doit posséder pour agir ;
les stratégies utiles pour les obtenir ;
les stratégies possibles pour utiliser les outils, les textes, les ressources utiles à l'accomplissement de la tâche ;
la façon dont elle doit organiser ses résultats et les présenter ;
la façon dont elle doit se comporter.
Comment juger de l'efficacité des messages émis ? : " Ça marche " ou "ça ne marche pas ", " je me fais comprendre " ou " je ne me fais pas comprendre ", le problème à résoudre " est résolu " après mon intervention (orale ou écrite) ou "n'est pas résolu " ? Mon interlocuteur peut-il ou non utiliser mon message pour continuer à travailler ? C'est en ces termes qu'il convient de guider l'apprenant travaillant en situation d'autonomie ou d'autonomie partielle, compétence par compétence, ou de manière transversale.

COMPOSANTES DU PORTFOLIO DE LANGUE DES AFFAIRES ET À USAGE PROFESSIONNEL

Le Portfolio, qui pourra conduire à l'élaboration d'un portfolio européen de langue des affaires suivant les règles officielles édictées par le Conseil de l'Europe, est actuellement utilisable tel quel par l'apprenant (adolescent-adulte) qui souhaite préparer son entrée dans le monde du travail francophone, ou par l'enseignant qui lui apporte son aide. À partir des principaux services de l'entreprise dans lesquels un apprenant-stagiaire pourrait faire un séjour, les aptitudes ont été regroupées en réception et production-interaction, qu'il s'agisse d'aptitudes orales ou écrites. En effet, en situation professionnelle, ce qui est fait doit pouvoir être dit ou écrit, et ce qui est dit ou écrit doit souvent être fait et les compétences de l'opérateur ne sont jamais classées selon les quatre aptitudes isolées, sauf poste très précis.
Les points d'évaluation du Portfolio sont valables pour n'importe quelle entreprise. Comme il a été dit plus haut, certaines tâches et compétences sont spécifiques à une fonction ou à un service, d'autres sont transposables.
Nous donnons des éléments d'évaluation supplémentaires pour les domaines du tourisme, de l'hôtellerie et de la restauration. D'une part, en effet, si une entreprise de tourisme fonctionne comme n'importe quelle autre entreprise et si les fonctions y sont identiques, les compétences langagières des professionnels du tourisme en contact avec la clientèle ou les prestataires sont importantes au plan de l'accueil-assistance et de la commercialisation des services touristiques. De plus, le tourisme fait partie d'un examen de langue spécifique (dans les principales langues européennes en tout cas).
Dans le cas du Certificat de français du tourisme, en revanche, l'apprenant aura intérêt à concentrer ses efforts sur tout ce qui concerne le contact avec le public, les clients, les prestataires fournisseurs francophones dans différents cadres : l'accueil, l'assistance, le renseignement sur les produits, la réservation, la vente, la réclamation, la publicité(7), car c'est dans ces domaines que les épreuves d'examens sont situées ; il n'y a pas d'épreuve de connaissance du monde du tourisme en tant que tel, comme c'est le cas pour le français des affaires (CFP, DFA1, DFA2).
Dans les référentiels de postes d'une entreprise, les tâches répertoriées sont toutes celles que l'employé doit être capable d'accomplir dans une fonction et un poste donnés. Les compétences exercées dans des conditions professionnelles précises sont toujours exprimées par une action (accueillir, informer, identifier, expliquer, localiser, rédiger, orienter, renseigner, classer, etc.).
Dans Le Référentiel, les actions (tâches professionnelles) sont en nombre plus limité. Elles cernent un " programme " conseillé pour les examens internationaux de langue et fournissent le cadre pédagogique des activités langagières à maîtriser pour pouvoir les passer avec succès(8).
L'organisation des données du Portfolio de connaissances et de compétences… est présentée ci-après. Spontanément, ou à l'aide d'un dictionnaire, l'apprenant, même débutant, doit pouvoir à tout moment s'auto-évaluer dans différentes situations d'énonciation ciblées et clairement identifiées. Dans chacun des six secteurs d'intervention et de communication principaux, le parti a été volontairement pris de suivre la trame de situations professionnelles, ce qui implique la plupart du temps l'intégration des compétences. Les points de contrôle et d'évaluation sont organisés comme suit.

Six secteurs d'intervention sont sélectionnés :
situations qui relèvent de la connaissance générale de l'entreprise, de son environnement, de son fonctionnement ;
accomplissement de tâches simples relevant du secrétariat ;
accomplissement de tâches simples relevant des achats ;
accomplissement de tâches simples relevant de la vente et de l'après-vente ;
accomplissement de tâches simples relevant du marketing ;
accomplissement de tâches simples relevant des ressources humaines.

Dans chacun des six domaines, les points de contrôle et d'évaluation suivent le schéma :
Sur le mode réceptif : Lire-Écouter-Comprendre :
- je comprends ;
- je connais ;
- je sais.
Sur le mode productif et interactif : Parler-Écrire (soit écouter-lire-comprendre pour FAIRE) :
- je peux.

Chacun des nombreux points représente donc à la fois une tâche professionnelle simple mais réaliste, un item d'évaluation, un sujet d'apprentissage et l'objet d'un cours (partiellement ou entièrement, selon sa difficulté et le niveau de l'apprenant).

Le lexique et les textes

Quel est le lexique utile et comment l'apprendre ? C'est une autre question cuisante souvent posée. Une section complémentaire est proposée dans cet esprit. Notons cependant :
alors qu'en situation de production le lexique de spécialité est extrêmement précis mais relativement restreint, il peut être extrêmement large en situation de réception orale et surtout écrite ;
il doit couvrir les notions spécifiques utiles aux différentes fonctions et les concepts doivent être connus en langue maternelle ;
c'est là que la lecture, l'analyse, l'accès au sens, l'explication, la vérification de la compréhension, la discussion de toutes sortes de documents relevant de l'entreprise, de son environnement, de ses fonctions, qu'ils soient informatifs, publicitaires ou fonctionnels, prennent toute leur importance, non seulement sur le plan lexical et grammatical, mais aussi sur les implications du contenu que l'apprenant doit être capable de comprendre et d'interpréter et sur leur impact dans l'activité professionnelle et communicative où ils ont leur place ;
l'étudiant peut se servir d'un dictionnaire lors des examens (pour le français en tout cas), car il est évalué non pas sur les connaissances lexicales qu'il a acquises mais sur la qualité de sa compréhension de la situation présentée, de sa perception de la tâche à accomplir et de la pertinence de sa production écrite ou orale pour résoudre le problème posé et communiquer en conséquence ;
l'entraînement systématique au vocabulaire de spécialité dans l'environnement décrit plus haut n'est donc pas à négliger. Il permettra de comprendre sinon mieux du moins plus vite et d'utiliser le temps mis à disposition à peaufiner les stratégies et la production écrite ou orale de manière à être véritablement " opérationnel ".

Anne-Marie Calmy

Notes
(1) WebAgora (SLM Ltd) : www.formation-distance.com (formation à distance des formateurs pour la CCIP, CEBS Salzbourg ; préparation aux examens de français des affaires ; réseau international de formateurs FDA).
(2) Voir Cahiers de l'Asdifle, Actes des 29e et 30e rencontres (Mars 2002, Paris et Octobre 2002, Grenoble) : ancrage de l'enseignement/apprentissage du français sur objectif spécifique dans son utilisation.
(3) Exemple : CFS, CFTH (CCIP). Utiliser le français dans les situations de communication professionnelle relevant du domaine du secrétariat / du tourisme et de l'hôtellerie, sans spécialisation particulière. Locuteur indépendant : Seuil-Autonomie.
(4) © Promotics (Calmy-Renner-Mittendorfer, 2000): Ensemble multilingue multimédia d'enseignement de la langue à usage professionnel. Conçu dans le cadre d'un projet Leonardo par une équipe de formateurs internationaux, dont l'auteur de l'article et des modules de formation à distance en français des affaires et des professions pour la CCIP (
http://www.promotics.net).
(5) Référentiel du français à usage professionnel (Bertrand CALMY, Anne-Marie CALMY, Cavilam, 2000, épuisé) ; et " Portfolio de connaissances… " (qui pourra éventuellement servir de base à la rédaction d'un portfolio suivant les normes européennes officielles établies) disponibles :
www.formation-distance.com
(6) Ex. : On peut " accueillir un visiteur " dans tous les services, mais la réservation est la responsabilité du service des ventes, et la promotion celle du service marketing. D'autres fonctions de l'entreprise, plus techniques et plus spécialisées (logistique, finances, production, R et D, etc.) ne sont pas prises en compte, car elles dépassent le niveau de compétences linguistiques visé. Note : dans certaines PME-PMI, un ou deux employés doivent assurer toutes les fonctions de l'entreprise !
(7) Informations sur les certificats :
http://www.fda.ccip.fr
(8) Pour toute information complémentaire relative à la mise en place des modules d'apprentissage, du Référentiel, du Portfolio :
webmestre@formation-distance.comom .

couriel