Le projet Interreg III ALCOTRA «Paysages…à croquer» est né de l’exigence de sauvegarder les paysages agricoles de notre région qui constituent, de nos jours, un patrimoine exceptionnel, fruit de pratiques culturelles et culturales. Ces paysages sont toutefois particulièrement fragiles. Les difficiles conditions morphologiques et climatiques du terroir valdôtain - qui font de notre agriculture une agriculture héroïque - ont, en effet, entrainé l’abandon, toujours plus marqué, de la montagne. Mais il ne faut jamais oublier que les paysages qui nous entourent ont contribué au cours des siècles à forger l’identité des montagnards. En outre, ils constituent aujourd’hui des terroirs de productions agricoles renommées et pourraient devenir, si valorisés, un point d’excellence dans une perspective touristique.
Les initiatives développées dans le secteur agricole rentrent, surtout, dans le cadre de la récupération du patrimoine fruitier local et des paysages connexes selon trois branches d’activités principales: la recherche des variétés fruitières traditionnelles, la réalisation d’un verger conservatoire et la valorisation des produits.
Entre 2003 et 2006, les techniciens de l’Assessorat ont exploré le territoire valdôtain à la recherche des vieux arbres fruitiers: pommiers, poiriers, cerisiers, abricotiers, etc. Plus de 450 arbres ont été ainsi recensés. L’ensemble du cycle végétatif - plante, fleurs, fruits - de chaque arbre a été observé afin de rédiger une première description.
Des analyses ADN ont été effectuées dans les laboratoires spécialisés de l’École d’Ingénieurs de Lullier (France) afin d’établir le degré de parenté entre les variétés relevées et de reconstruire l’arbre généalogique de chaque plante.
Une recherche historique et la consultation d’archives ont été menées complémentairement au travail sur le terrain. Le but est de reconstruire l’histoire de l’arboriculture fruitière en Vallée d’Aoste: pratiques agricoles, variétés disparues, etc.
Toutes ces étapes ont permis l’édition d’une fiche descriptive pour chaque variété (pour un total de 150 variétés différentes) et la publication, à bref délai, d’un livre qui contiendra les fiches des variétés les plus intéressantes, ainsi qu’une partie ethno-historique et un chapitre de pomologie générale.
En même temps, pour permettre la reproduction de ces anciennes variétés, des rameaux greffons ont été prélevés sur les arbres identifiés. Ces derniers ont été confiés à une pépinière spécialisée et actuellement les jeunes arbres se trouvent dans la pépinière régionale Abbé Henry de Quart en attendant d’être plantés.
Tout ce travail préliminaire permettra de réaliser l’initiative la plus ambitieuse du projet : un verger conservatoire au sein du parc du Château de Sarre. Les finalités ne concernent pas seulement la sauvegarde des anciennes variétés et la recherche scientifique, mais aussi des aspects didactiques de sensibilisation des jeunes sur les thèmes de la biodiversité, de l’apprentissage du goût, de la qualité paysagère et des traditions qui y sont liées, sans oublier l’importance de mettre en valeur le caractère représentatif du territoire qui entoure le château.
En 2005, les premiers travaux de préparation des terrains ont démarré, avec l’abattage des peupliers existants. À l’heure actuelle, le parc est en train d’être aménagé.
Le parc remplira une importante fonction didactique. Une équipe de professionnels des deux assessorats soutenant le projet, celui de l’Agriculture et celui de la Culture, ainsi que des experts des différents secteurs concernés ont élaboré les contenus et la forme de présentation de nombreux panneaux didactiques.
Afin de souligner l’importance didactique de ce verger, en 2006, les élèves des écoles valdôtaines ont été impliqués dans cette vaste opération à l’occasion du Concours Cerlogne. Les enfants ont contribué à poser la première pierre de ce parc grâce à la plantation des 80 premiers arbres.
Le project d'aménagement du verger conservatoire dans le parc Château de Sarre