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Se
un viaggiatore...
...comment décrire l'éducation
bilingue de l'ècole moyenne valdotaine
A partir des recherches réalisées
an niveau de l'èrnie moyenne, quelques réflexions croisées
dans le but d'illustrer deux aspects du modèle valdôtain
d'enseignement bilingue : la conception bilingue du bilinguisme et les
modes d'enseignement spécifiques.
Il Dossier "Un caso di valutazione
di sistema: la scuola media valdostana dal 1995 al 1998"
sintetizza le seguenti ricerche promosse dal Comitato Tecnico Consultivo
ex art. 6 della L.R. 53/94:
• Evaluation des compétences bilingues des
élèves de troisième année de l'école
moyenne du Val d'Aoste (année scolaire 1995/96).
avril 1997,ad opera dell'équipe diretta da Louise Dahène
e composta da Jacqueline Billiez, Christiane Bourguignon,
Sylvie Warthon dell'Università Stendhal di Grenoble
(due brochures, di cui una contenente la ricerca e l'altra gli Annexes,
in cui è riportato integralemente il test di valutazione
appositamente elaborato);
• Ricerca sul bilinguismo Valle d'Aosta - Indagine
VAMIO (due brochures, di cui una con la relazione in progress
e documentazione dei risultati e I altra con la sintesi della relazione
finale), ad opera di Raimondo Bolletta del CEDE;
• Per una qualità possibile della scuola media
bilingue valdostana - struttura, dirigenti, docenti, modelli comportamentali
individuali e di gruppo, strategie didattiche ed organizzative adottate
a seguito dell'introduzione dell'educazione bilingue, ricerca
diretta da Piero Romei dell'Università di Bologna
e realizzata in collaborazione con l'Assessorato alla Puhblica Istruzione
e l'I.R.R.S.A.E. per la Valle d'Aosta;
• Storie di classe - enquète qualitative -
euristique sur les facteurs facilitant l'emploi du français
dans les classes de l'école moyenne de la Vallèe d'Aoste
mai 1996; ricerca diretta da Bernard Py e condotta da Cecilia
Serra dell'Università di Neuchâtel;
• Disciplines et bilinguisme : de l'alternance des
langues a un concept global de l'enseignement des disciplines. Rapport
de recherche, ad opera di Laurent Gajo e Cecilia
Serra dell'Università di Neuchâtel, terminato
nel dicembre 1998. |
Premièrement, quelques définitions...
Si je fais recours a mon vieux Dizionario di Filosofia, (Dizionario di
Filosofia, N. Abbagliano, UTET 1964), j'y retrouve les définitions
que je propose aux lecteurs. ''Modello: una delle specie fondamentali
di concetti scientifici (v. Concetto) e precisamente quello che consiste
nella specificazione di una teoria scientifica tale da consentire la descrizione
di una zona ristretta e specifica del campo coperto dalla teoria stessa.....
I modelli costituiscono semplificazioni o idealizzazioni dell'esperienza
e si ottengono portando al limite caratteri o attributi propri degli oggetti
empirici".
"Concetto: in generale, ogni procedimento che renda possibile la
descrizione, la previsione e la classificazione degli oggetti conoscibili"
et par conséquent, pas de
photo, merci...
A
partir de ces prémisses, je n'utilise pas la formule courante (fornire
una fotografia della realtà), qui est d'abord refusée par
Piero Romei (page 1 de la recherche qu'il a coordonnée ; elle est
indiquée dans l'encadré ).
Je dirai plutôt que les recherches
réalisées par le Comité Technique - consultatif et
synthétisées par «Un caso di valutazione di sistema»
présentent un modèle d'éducation bilingue fondant
la possibilité de décrire ce qui se passe dans les classes
de l'école moyenne du Val d'Aoste. Le dossier présente la
synthèse des cinq recherches; mais c'est au chapitre intitulé
«rete dei concetti salienti» que je fais référence
ici, tout en sélectionnant ultérieurement quelques éléments
qui permettent de saisir la physionomie spécifique de l'expérience
valdôtaine. Je ferai donc pour l'instant l'économie d'autres
aspects du modèle (je ne parlerai pas par exemple des apprentissages
des élèves) auxquels les recherches apportent un éclairage
important ; je ne viserai que deux thèmes qui me paraissent riches
en suggestions :
le modèle bilingue du bilinguisme et la modification qualitative
de l'enseignement dans un contexte d'éducation bilingue.
Panorama et zoom
La recherche VAMIO montre
que la planification des enseignements scientifiques est généralement
plus liée aux choix personnels de chaque professeur qu'à
des orientations partagées par le groupe disciplinaire de chaque
école, alors que l'élaboration collective devrait être
routinière dans le cadre des écoles autonomes.
Parallèlement, ce que la recherche Romei met en évidence,
c'est que l'éducation bilingue est à construire justement
en tant que modèle culturel, et que ce travail de construction
se fait par les groupes de travail des enseignants. Le dossier montre
en outre que la limite à dépasser c'est l'isolement de ces
groupes dans les établissements. Les écoles dans leur ensemble,
en effet, et non pas les groupes des professeurs, devraient devenir les
lieux de l'élaboration conceptuelle de l'éducation bilingue.
Si les recherches Romei et VAMIO représentent un regard d'ensemble
(ainsi que la recherche de Grenoble sur les compétences bilingues
des élèves), les enquêtes de Neuchâtel éclairent
des situations d'observation privilégiée, où les
protagonistes sont des enseignants volontaires (recherche Py- Serra) et
engagés dans une recherche - action spécifique (recherches
Gajo- Serra).
Mais c'est justement ce cheminement parallèle des chercheurs et
des enseignants, cette contribution intégrée, qui fait l'intérêt
du patrimoine conceptuel qui a été produit, et qui garantit
son originalité et son exploitabilité : car il suffit de
lancer un regard rapide sur les problèmes que se posent les enseignant
bilingues partout dans le monde pour percevoir l'intérêt
de l'expérience valdôtaine.
Un modèle bilingue
de bilinguisme
L'une des caractéristiques
les plus voyantes du bilinguisme scolaire valdôtain, dans tous les
degrés d'école, est le fait que, en vertu de la structure
de l'école, le principe classique «une langue / une personne»,
a été abandonné.
Quelles que soient les raisons de nécessité et d'opportunité
à la base de ce choix organisationnel, la structure même
de l'école régionale induit l'alternance du français
et de l'italien.
Bien que ses modalités puissent varier à l'infini, l'alternance
des langues n'est donc pas un choix au Val d'Aoste: elle est la conséquence
de l'organisation scolaire, Mais ce fait nécessaire devient matrice
de comportements pédagogiques et langagiers tels que L. Gajo et
C. Serra, après leurs observations dans les classes,
déclarent :
«on est passé d'un modèle monolingue du bilinguisme
à un modèle bilingue de bilinguisme.
Nous voulons dire par là que le fait dépenser le bilinguisme
de manière monolingue consiste à s'imaginer que l'on peut,
et même on doit, garder les langues séparées, sans
mélange ni alternance, et qu 'on doit maîtriser les deux
langues de manière parfaite. C'est une représentation erronée
du bilinguisme, voire un idéal irréalisable, qui ne peut
que freiner, par son inaccessibilité, toute utilisation raisonnée
des deux langues. Par contre, lorsque l'on est dans un mode bilingue,
et que l'on vit les deux langues au quotidien, on ne pourra pas faire
abstraction de leur emploi conjoint, qu 'il soit alterné ou simultané.
Même la question de la maîtrise de la langue se posera de
manière plus réaliste, contingente, plus adaptée
aux conditions ponctuelles de l'emploi de ces langues. Voilà une
manière dépenser et de vivre le bilinguisme en milieu naturel.....
Penser et réaliser le bilinguisme en milieu scolaire signifie alors
tirer parti de l'apport conjoint des deux langues, en exploitant à
des fins pédagogiques les alternances qui vont nécessairement
se produire. Il ne s'agit en aucun cas d'enseigner à alterner les
langues en milieu scolaire, mais de réfléchir au rôle
positif que l'alternance peut jouer dans l'enseignement bilingue des disciplines....»
Un modèle bilingue de bilinguisme, c'est au fond la prise en compte
réaliste et lucide de la partialité des compétences
et la capacité de transformer cette partialité en ressource.
Cette attitude est cohérente avec la représentation du bilingue
en tant que personne qui parle de manière inégale les deux
langues, et d'élève bilingue comme apprenant qui élabore
progressivement ses instruments langagiers dans les deux codes. Ce qui
ne signifie pas ignorer la norme linguistique, mais plutôt modifier
certaines représentations traditionnelles (monolingues !) de la
langue et des compétences langagières. Bernard Py, par exemple,
lors d'un atelier à Saint-Vincent, disait que l'idéal d'un
professeur de langue est d'avoir des élèves qui ont le plaisir
de s'exprimer, qui s'expriment de façon compréhensible et
qui sont en même temps conscients de leur propre distance de la
norme.
Education bilingue et modes
d'enseignements
D'après
la recherche de Piero Romei, le binôme, énoncé dans
l'Adaptation «éducation bilingue = réussite scolaire»,
demeure quelque peu mystérieux et volontariste pour la plupart
des enseignants.
Ceux qui entrevoient le lien entre les deux termes pensent que le bilinguisme
favorise la réussite car, de par son institutionnalisation, les
écoles peuvent profiter de ressources plus importantes en terme
de temps, d'enseignants et peuvent ainsi mieux préparer en équipe
les activités des classes (notamment les projets interdisciplinaires),
travailler en coprésence et gérer le travail en groupe des
élèves. Le bilinguisme, semblent-ils déclarer, a
modifié la structure en l'enrichissant, ce qui permet d'améliorer
la qualité de nos prestations professionnelles. Ce qui est sans
doute vrai, mais laisse un vide: le mode de travailler des enseignants
subit-il des variations liées à l'éducation bilingue
en tant que telle ? Cela ne voudrait pas dire que la structure organisationnelle
serait inintéressante, mais qu'elle facilite des modifications
liées au «geste pédagogique» proprement dit.
Les recherches de Neuchâtel (Gajo, Py, Serra) montrent que quelque
chose d'intrinsèque évolue dans le geste pédagogique
des enseignants pratiquant l'éducation bilingue et participant
aux recherches. Il est évident que l'on peut tout à fait
mettre en œuvre des pratiques rigides dans un contexte d'éducation
bilingue et que l'innovation méthodologique se réalise également
dans des contextes scolaires monolingues. Cependant, si le bilinguisme
n'entraîne pas magiquement le renouvellement des méthodes,
il produit néanmoins un «effet de loupe» qui induit
des améliorations pédagogiques. En effet, la planification
tant des projets interdisciplinaires que des enseignements disciplinaires
bilingues prévoit en général la production de la
part des élèves de textes nouveaux à partir de sources
hétérogènes et, pour ce faire, le travail des élèves
par petits groupes. Cela veut dire que nous sortons du scénario
de la classe magistrale et de la transmission du savoir et que les conditions
se posent ainsi pour un apprentissage actif, basé sur des interactions
complexes (professeurs / élèves, et élèves
/ élèves, élèves / matériel de travail...)
qui nous rapproche d'une situation constructiviste. La transmission des
savoirs est donc remplacée par la construction des savoirs, ainsi
que le prévoit - notons-le au passage, le «documente dei
saggi» sur l'école de base.
Dans cette situation, l'enseignant, tout en gardant son rôle de
leader de la situation d'enseignement (est-il nécessaire de le
rappeler ?) perd la fonction traditionnelle de seule source du savoir,
les étudiants devant repérer les informations à sélectionner,
à mettre en relation, à réemployer dans leurs productions
orales et écrites, à garder dans leur mémoire, par
le recours à des sources variées (manuels scolaires, documents
authentiques, supports audiovisuels, peu importe). Dans cette démarche,
foncièrement constructiviste, la fonction de l'enseignant se modifie
également pour ce qui est de la langue : le co-apprentissage linguistique,
dont parlent les recherches de Neuchâtel, y trouve sa place naturelle
et cohérente.
D'après ce que nous
avons dit, nous pouvons donc affirmer que l'éducation bilingue
favorise la qualité de l'enseignement et facilite l'apprentissage
grâce au passage de la méthode transmissive à l'approche
constructiviste.
Pour ce qui est de la communication magistrale, modalité évidemment
incontournable et centrale de l'interaction scolaire, les élèves
observés indiquent qu'il est plus souvent facile de comprendre
une leçon du professeur en langue deux :
car l'enseignant, lui, en se sentant moins sûr de sa langue, organise
plus rigoureusement sa communication soit par un travail préalable
(au niveau de sa préparation individuelle ainsi que des supports
langagiers qu'il fournit aux élèves) soit par une organisation
plus contrôlée et structurée de ses propres exposés.
A ce propos, les lecteurs de Milan Kundera se souviennent peut-être
de l'analyse positive qu'il fait à propos de la modification de
sa technique d'écriture et de son style lorsqu'il a écrit
en français un de ses romans.
Graziella Porté
Proviseur de l'école moyenne de Charvensod.
En tant qu'Inspectrice Technique chargée de fonction de 1994 a
1998, responsable de plusieurs initiatives concernant l'éducation
bilingue à l'école moyenne. Auteur du dossier : "Un
caso di valutazione di sistema: la scuola media valdostana dal 1995 al
1998".
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