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Comment
garder un regard neuf sur le transfrontalier?
La
coopération
De
nombreuses actions de coopération entre la Région Autonome
Vallée d'Aoste et le Rectorat de l'Académie de Grenoble
sont mises en œuvre depuis l'année scolaire 1994/95 dans les
domaines de l'éducation, de la formation et de la culture.
Le cadre juridique de cette coopération transfrontalière est fondé sur :
-
la convention de coopération signée le 30 novembre 1994,
-
les
renouvellements de 1996 (élargissant le partenariat à
des organismes de part et d'autre de la frontière) et de 1999,
-
les avenants annuels confirmant les engagements des partenaires,
-
le
programme d'initiative communautaire INTERREG II pour la période
1994/99 et le programme opérationnel pour la frontière
continentale des Alpes Occidentales approuvé par la Commission
européenne en 1996. Il se poursuivra avec le programme INTERREG
III.
• Le plus communautaire : les
moyens financiers supplémentaires apportés par la Communauté
européenne (outre les moyens provenant des deux Etats, du Gouvernement
régional du Val d'Aoste et du Conseil Général de
la Haute-Savoie) ont contribué à la réalisation d'actions
concrètes sur la période 1995/99 relatives à deux
volets : celui des échanges et formations des personnels concernés
par le programme de coopération transfrontalière, ainsi
que celui de la mise en réseau, via Internet, des établissements
scolaires et des institutions éducatives de part et d'autre de
la frontière.
Le
bilan
Le
bilan de cette coopération fait ressortir des résultats
que l'on peut considérer remarquables par le nombre de personnes
concernées, la diversité des actions conduites, les types
et niveaux d'enseignement intéressés (de la maternelle au
lycée, enseignement public et privé, enseignement général,
professionnel).
La mise en réseau télématique des établissements
scolaires et des institutions éducatives de part et d'autre de
la frontière se veut de faciliter les échanges entre classes
dans un but d'amélioration de la connaissance réciproque,
de recherche documentaire, d'actions de formation à distance en
langue, de création d'outils communs et de communication par courrier
électronique.
Reste à faire un premier bilan du travail accompli par les établissements,
grâce à l'exploitation de cet outil et vérifier quels
avantages on en a tiré, et cela sans oublier que le recours aux
technologies nouvelles n'a de sens que s'il s'accompagne d'un travail
de réflexion sur leur utilisation et leur utilité pédagogiques,
dans le cadre d'un projet construit.
Sur la base des ces éléments, on peut à juste titre
estimer que l'expérience d'excellence mûrie au sein de ce
partenariat pourrait être mise à la disposition d'autres
zones frontalières, de façon à contribuer au démarrage
de coopérations éducatives similaires. (Des prémices
ont déjà eu lieu avec l'Académie
d'Aix-Marseille). (voir tableau INTERREG II)
Les
difficultés
Pour
autant, la mise en œuvre de ces multiples actions rencontre des difficultés
: la fermeture du Tunnel du Mont Blanc continue à créer
des problèmes de suivi, de lassitude des équipes de travail
et est un obstacle non négligeable pour les rencontres entre classes
; par ailleurs la recherche du nouveau, d'une forme d'exotisme qui se
nourrirait peu de ce qui paraît proche, semble parfois être
une des préoccupations majeures dans la recherche de partenaires
étrangers.
Les
perspectives et INTERREG III
Ces
résultats témoignent de la volonté
politique des deux côtés de consolider des liens durables
et d'engendrer une dynamique de coopération permettant non seulement
d'estomper l'effet frontière par le biais d'actions innovantes
et porteuses, ayant un impact fort sur le partenariat, mais aussi de contribuer
efficacement, par un projet global ambitieux, à la construction
d'une véritable citoyenneté européenne.
•
Un élément facilitateur de cette construction pourrait être
la constitution d'une banque de données télématiques,
avec en perspective un élargissement du partenariat à l'échelle
de l'Europe, le passage d'échanges bilatéraux à des
échanges multilatéraux afin de créer une dynamique
d'ouverture plurielle.
Le développement de l'enseignement des langues dans le cadre de
l'ouverture européenne, s'il constitue à la fois un signe
majeur de cette ouverture en même temps qu'une de ses conditions,
n'est pas exclusif et s'accompagne d'un volet éducatif et culturel.
Cet ensemble doit être considéré comme l'aspect éducatif
d'une coopération qui dépasse de loin la dimension de l'école;
en effet, le volet économique et social des échanges transfrontaliers
est également à prendre en compte.
Un exemple de cette dimension est bien attesté dans le cas des stages en entreprise à l' intention des élèves des lycées techniques et professionnels de part et d' autre de la frontière.
D'un côté, une réflexion est en cours sur la validation
des parcours de formation professionnelle accomplis dans des entreprises
étrangères ; de l'autre, on pourrait envisager la mise en
place de dispositifs assurant à nos lycéens l'obtention
d'une double délivrance de diplôme leur permettant de se
proposer sur le marché du travail, ainsi que d' accéder
aux universités, avec une chance en plus.
•
Par ailleurs, si on garde un regard neuf sur le transfrontalier, on saisit
des opportunités qui dérivent surtout du fait que l'autre
est moins différent, proche du point de vue culturel et géographique.
C'est l'engagement pour une pédagogie de l'altérité.
Aborder la culture de l'autre avec son propre appareil conceptuel, s'enrichir
de nos différences pour arriver à les dépasser, casser
les stéréotypes, réfléchir sur la fonction
des préjugés en tant qu'aide à l' auto-définition,
voilà une façon de vivre et de consolider sa propre identité
à travers une confrontation possible et une ouverture véritable
à l'autre.
Cette dimension offre également une occasion réelle de proposer
des dispositifs permettant aux jeunes de vivre et de construire leur citoyenneté
européenne par l'action, par des expériences concrètes
et motivantes, sous-tendues par une réflexion sur les valeurs de
respect de l'autre, d'engagement dans une action partagée.
INTERREG
III
Dans
la perspective du nouveau programme d'action communautaire INTERREG III
pour la période 2000-2006, programme qui se veut bien plus que
les précédents au service du citoyen, on voudrait lancer
un débat avec les lecteurs et avec les principaux acteurs de cette
coopération.
Notamment les Chefs d'établissement, les enseignants, les élèves
et leurs familles, pourraient être invités à prendre
la parole dans l'espace Forum ouvert sur l'Europe sur le site www.scuole.vda.it,
ainsi que sur edres 74.
Viviana Duc / Régine Guyomarc'h
Coordinatrices du groupe de pilotage
de la coopération transfrontalière Vallée d'Aoste-Haute-Savoie
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