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Ni peluches, ni monstres
Comment,
à travers le thème des animaux domestiques, motiver les
élèves à l'étude des langues, leur apprendre
une méthode de travail et les sensibiliser au respect de la différence
et des autres.
La
valeur affective de l'animal de compagnie est toujours très forte
chez les jeunes élèves de onze ans qui entrent en première
année à l'école moyenne. Quand, à la rentrée
des classes, pour mieux les connaître, on leur propose de remplir
une fiche personnelle de présentation, régulièrement,
parmi les activités et les amitiés préférées,
on retrouve l'animal domestique. De même pendant le cours de français,
lors d'une des premières rencontres, la question suivante est posée
: " Peux-tu indiquer un symbole dans lequel tu te reconnais ? "
Ici aussi, très fréquemment, les enfants s'identifient à
un animal.
C'est ainsi qu'à l'école moyenne Saint-Roch de Aoste, l'habitude
est désormais bien ancrée de mettre sur pied des activités
d’éducation bilingue concernant ces compagnons privilégiés.
Puisque comme personne humaine, et plus encore comme enseignante, je déteste
tout ce qui lèse les droits des plus faibles, depuis plusieurs
années, quand cela est possible, j'introduis le thème des
animaux dans mes classes car trop souvent j'ai vu des personnes maltraiter
ces êtres vivants sans défense. En outre, j'ai pu remarquer
qu'actuellement, avec le rôle que les médias tiennent dans
la vie des collégiens et la profusion d'images attendrissantes
de bébés animaux que la publicité propose, de plus
en plus nombreux sont ceux qui se laissent tenter et adoptent l'animal
dont on les a fait rêver mais ne sont pas pour autant prêts
à en assumer réellement la responsabilité.
•
Déjà au début des années '90, pour conclure
le travail de toute une année qui portait sur les animaux domestiques,
les jeunes adolescents, guidés par leurs professeurs de français
et d'italien, ont élaboré une brochure bilingue intitulée
" Quatre pattes - un ami " dans laquelle, entre autres,
est écrit en français : " pour être un maître
responsable il faut : beaucoup de temps, beaucoup d'efforts, beaucoup
d'espace " ou bien encore des informations indispensables sont indiquées
en italien sur : le malattie del cane, le malattie del gatto, le vaccinazioni,
l'alimentazione, il linguaggio del gatto e del cane e i consigli utili
se adottare un cane o un gatto.
•
Le projet que nous abordons aujourd'hui a vu le jour au début de
l'année scolaire 1998-1999 dans la classe 1A, composée de
24 élèves, quand les jeunes sont justement à l'âge
où l'on est très sensible au monde des animaux.
Au commencement de l'année, avec le professeur d'italien, Mme Rosanna
Baggio, nous avons prévu un travail à gérer en
coprésence pendant toute l'année scolaire, un projet créatif
et interdisciplinaire, une activité d'éducation bilingue
à caractère essentiellement linguistique ayant pour objectif
de bien faire la différence entre ce qui appartient au domaine
de la fable, ce qui est du domaine du réel ou bien encore ce qui
appartient aux lieux communs ou aux idées reçues à
propos des animaux et dont il est bon de se défaire.
Pour affronter le thème choisi auquel on a donné le nom
de " Bestiaire ", les élèves ont été
amenés à découvrir des proverbes, des façons
de parler, des phrases imagées mettant en jeu les animaux. Ils
ont eu l'occasion de réfléchir sur leur contenu. Il ont
participé à un atelier de lecture sur le " Théâtre
de Babette " qui touchait le monde des animaux et en particulier
les fables de La Fontaine. En fin d'année scolaire, M. Daniele
Bellandi, Directeur du Refuge Régional et Président
de l'Association Valdôtaine pour la Protection des Animaux, a été
invité à intervenir en classe pour illustrer le problème,
bien réel celui-là, de l'abandon des animaux et celui de
la loi qui les protège, publiée dans le Bulletin Officiel
de la Région Autonome Vallée d'Aoste du 10 mai 1994, en
version bilingue.
•
Les activités proposées ont tout naturellement trouvé
place dans le Projet d'établissement de l'école car elles
visaient à apprendre aux élèves à travailler
en groupe, à connaître et à respecter les animaux
ainsi qu'à découvrir les ressources que le monde des bêtes
a fourni à la littérature. Les finalités résidaient
dans l'enrichissement culturel et linguistique. Les objectifs prioritaires
et spécifiques prévoyaient de permettre aux élèves
d'améliorer leur technique de lecture ainsi que leur méthode
de travail mais aussi de stimuler leur créativité.
•
Faisant suite à la première expérience de la classe,
un nouveau projet est né durant l'année scolaire 1999-2000
avec les mêmes élèves. Trois enseignantes de la classe
2A ont uni leurs efforts pour affronter un nouvel aspect du sujet. En
associant à l'initiative, d'une part M. Ferdi Ferrarese,
professeur de sciences et de l'autre un expert externe, le vétérinaire
comportementaliste M. Claudio Ottavio, avec Mme Baggio nous
avons voulu élargir au domaine scientifique l'ensemble du travail
proposé et le lier encore davantage aux ressources humaines disponibles
sur le territoire à l'extérieur de l'école.
Les objectifs principaux à atteindre pour cette deuxième
année ont été délibérément circonscrits
à deux : d'une part, l'approche éducative visant à
mettre l'accent sur le bien-être de l'animal et ses exigences de
vie, sur sa bonne entente avec les humains, en particulier pour les animaux
de compagnie les plus familiers comme le chien et le chat ; et d'autre
part, proposer d'affronter le rapport homme-animal et le respect des espèces
autres que la nôtre afin de l'utiliser comme tremplin permettant
de passer du milieu animal à celui de la vie sociale des humains
; tout cela pour améliorer les capacités de relation de
chacun, pour apprendre à communiquer avec une autre espèce
que l'espèce humaine, pour promouvoir le respect de la diversité
et, enfin, pour apprendre à mieux se contrôler soi-même.
Un troisième objectif a été prévu, indépendant
des deux précédents, ce dernier visant tout particulièrement
à aiguiser le sens critique de l'individu face aux médias.
Sur nos petits écrans la publicité regorge de jolis toutous,
de chiens au museau rond choisis expressément car ils ont l'air
moins agressifs que ceux au museau long qui rappellent davantage le loup
et la peur qu'il suggère. Mais les labradors ou les chiens de berger
tout comme les dalmatiens sont des animaux qui s'adaptent mal au milieu
clos. Quand ils sont enfermés, ces animaux tombent souvent malades
et développent des troubles du comportement, ils ont besoin de
vastes espaces pour se dépenser. Les enseignants peuvent jouer
un rôle important pour faire comprendre aux jeunes et à leurs
parents que ce ne sont pas des chiens d'appartement et que les publicités
sont souvent mensongères.
• Le parcours didactique effectué a été adapté
et élargi au fur et à mesure d'après les suggestions
qui ont spontanément surgi au sein du groupe classe. Les informations
de conduite morale au sujet des " faibles " du monde animal
ont été tout naturellement transférées au
genre humain, ce qui a permis de concrétiser des discours qui n'auraient
été que fort abstraits dans d'autres situations scolaires.
•
En quoi a consisté le travail effectif demandé aux élèves
au cours de ce dernier projet ?
Comme préambule au projet, les élèves ont été
soumis à un questionnaire élaboré en collaboration
avec le vétérinaire comportementaliste. Il était
demandé aux pré-adolescents si à la maison ils avaient
un animal ; quels rapports ils entretenaient avec lui ; s'ils avaient
peur des animaux... Enfin, chaque jeune était invité à
dessiner toute sa famille en compagnie de l'animal domestique possédé
réellement ou de celui qu'il aimerait avoir chez lui.
Pendant les quelques mois du projet les élèves sont passés très naturellement du registre de la langue italienne à celui de la langue française au gré des activités ou des intervenants.
La collaboration de l'intervenant extérieur à l'école
a consisté en quatre rencontres en classe qui se sont déroulées
aussi bien en italien qu'en français et une sortie hors de l'établissement
avec le vétérinaire comportementaliste accompagné
de son chien pour une démonstration pratique.
LA PAROLE AUX EXPERTS EXTERNES
Daniele
Bellandi, Direttore del Canile Regionale e Presidente dell'Association
Valdôtaine pour la Protection des Animaux
Anno scolastico 1998/1999
Come consulente
esperto esterno al mondo della scuola e direttore del canile di
Aosta ho affrontato il progetto di educazione animale ed ambientale
nell'ambito della classe con un entusiasmo e anche un timore particolari.
L'idea di sensibilizzare i ragazzi alla questione animale mi faceva
sentire l'artefice di un pezzetto della formazione di un adulto
più cosciente.
Il programma che mi ero promesso di seguire voleva far riflettere
sulla necessità di rispetto verso gli esseri viventi, l'ambiente
e verso tutte le minoranze. Non si può parlare di amore verso
gli animali se non si ama in ugual misura le bellezze del nostro
mondo e la varietà di ogni genere e specie che esso contiene.
Rispetto per la vita, rispetto per gli altri, rispetto per le leggi
che regolano la civile convivenza.
Il mio timore era quello di non trovare il linguaggio giusto. Era
mio proposito incuriosire, interessare e soprattutto far riflettere.
Non volevo incappare nei facili "luoghi comuni" o in quelle
che io chiamo "superstizioni", di cui è spesso
pieno il mondo animalista e/o protezionista e/o ambientalista. Il
progetto è andato molto bene e ho scoperto con sorpresa di
imparare molto anche io. Con i ragazzi della classe i miei timori
si sono dissolti, l'entusiamo mi ha dato la voglia di fare e di
dare ancora maggiori. Il mio "spirito positivo" ben si
è legato a loro: durante le lezioni sono stato seguito con
attenzione e con le domande che mi hanno posto gli allievi hanno
mostrato di avere grande sensibilità. Ho constatato che i
ragazzi possiedono coscienza di poter svolgere un ruolo importante
nella società futura, che amano pensare da soli ed essere
protagonisti subito di azioni utili.
Claudio
Ottavio
Veterinario comportamentalista
Anno scolastico 1999/2000
La zooantropologia è una scienza giovanissima
con radici antiche, una scienza trasversale che mette in contatto
due mondi, quello degli animali e quello degli uomini, toccando
settori molto diversi. Si è sviluppata la necessità
di risolvere problemi pratici: l'abbandono degli animali, la prevenzione
della loro aggressività, i fenomeni distruttivi in ambito
casalingo, l'igiene urbana legata alla gestione delle colonie di
gatti e di colombi. Attualmente, la zooantropologia ha assunto un'importante
dimensione per la salute e il benessere dell'uomo, perciò
introdurla nella formazione scolastica permette un'anticipazione
proficua per tutti. Nelle famiglie occidentali, l'animale di compagnia
è una presenza molto diffusa e più intima rispetto
al passato: affinché questa convivenza risulti piacevole
e vantaggiosa, è indispensabile conoscere le necessità
fisiologiche e comportamentali dei cani e dei gatti. Le cronache
dei mass-media parlano spesso di fatti e misfatti compiuti da animali,
così come l'immagine pubblicitaria affida agli animali la
funzione di attrarre e coinvolgere emotivamente il pubblico. Ma
la realtà animale deve essere filtrata da conoscenze chiare
e corrette per potersi amalgamare positivamente con il mondo umano.
Infine, l'educazione al reciproco rispetto diventa una palestra
dove, divertendosi, s'impara a mettersi in gioco; i giovani, e anche
i non giovani, sono sollecitati all'attenzione e all'interpretazione
dell'attività, alla comprensione di un codice diverso di
comportamento. Ed in particolare, un ragazzo in età scolare
avverte l'animale da compagnia come una creatura che non lo giudica
ma che comunque sollecita il suo senso di responsabilità. |
• Lors
des interventions de l'expert externe, les élèves ne devaient
pas prendre de notes écrites, parmi eux un responsable en était
chargé, mais ensuite ils étaient répartis en petits
groupes et étaient invités à rédiger un compte
rendu sur leurs cahiers.
• A
la fin de l'année, la classe a organisé une conférence
auprès des camarades plus âgés de la classe 3A qui
travaillaient eux aussi sur le thème des animaux. Il s'agissait
de leur présenter oralement l'expérience et les connaissances
mûries pendant l'année, ce qui a permis aux enseignants d'évaluer
les acquis de chacun et les compétences à l'oral.
• Pour
conclure l'activité des élèves, une fiche a été
distribuée. Elle leur permettait de bien concrétiser leurs
acquis et de prendre conscience de la différence entre ce qu'ils
savaient et pensaient avant de commencer, et ce qu'ils savaient et pensaient
sur le sujet à la fin du parcours.
• Enfin,
qu'a représenté pour moi tout ce projet ?
Comme à chaque fois, il y a eu le plaisir de redécouvrir
la société qui nous entoure, ses valeurs, ses difficultés,
ses contradictions, à travers les yeux de mes élèves
adolescents. A l'heure où l'on voudrait remettre en cause certains
acquis sociaux et où le sentiment général veut que
la jeunesse ne soit qu'une catégorie de vauriens, le fait de saisir
les réactions de ces adolescents face à des problèmes
tels que l'abandon des chiens et celui des chats, qu'il pourrait paraître
banal d'aborder à l'école, m'a permis de constater que les
jeunes possèdent un véritable patrimoine de sensibilité
et une idée innée de la justice. A mon avis il est indispensable
de respecter et de faire respecter ces potentialités, de les soutenir
pour que la société future s'améliore. Si cette richesse
était perdue, les adultes devraient en être tenus pour responsables
puisqu'ils ne seraient même pas capables de se battre pour le bonheur
des enfants et qu'ils ne comprendraient pas que l'investissement d'énergie
que demande toute action d'éducation est toujours profitable même
si les retombées ne sont pas immédiates.
Maria
Luisa Rinaldi
Professeur de français.
Depuis de longues années elle enseigne
à l'école moyenne " Saint Roch " d'Aoste.
Elle a participé à de nombreux projets bilingues axés
de préférece sur le bien-être
et l'harmonie de tous les composants de la nature.
Bibliographie
BELLANDI D., Dalla parte dei randagi, Châtillon 1999
BALLARINI G., Animali amici della salute, Xenia edizioni 1995
BUCCI G., CICOGNANI F., FATTORI M., Esperienze di didattica zooantropologia, S.I.S.C.A. Observer giugno1999
MARCHESINI R., Corso di dattica zooantropica, SCIVAC, Cremona 1997
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