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A.L.I.C.E.
1er document d'étape

Introduction

Le projet A.L.I.C.E. - Autonomie: un Laboratoire pour l'Innovation des Contextes Educatifs - est une initiative du Ministère de l'Instruction Publique - Service Ecole Maternelle - adressée aux enseignants et aux dirigeants scolaires de ce degré d'école. Son but principal est de "soutenir l'école maternelle dans le processus de transformation des modèles organisationnels et curriculaires liés à l'instruction de l'autonomie scolaire". Il se présente comme un itinéraire de formation en service, de recherche et de production culturelle sur quatre thèmes spécifiques : le curriculum, l'organisation didactique, les compétences professionnelles des enseignants et les contextes de vie de l'enfant.
Il se réalise sur tout le territoire national à travers la constitution de réseaux d'écoles regroupés autour de seize pôles régionaux ou inter-régionaux : quatre pour le Nord, quatre pour le Centre-Nord, quatre pour le Centre-Sud et quatre pour le Sud. Chacun des pôles réunit quatre régions et développe les quatre thèmes, un pour chaque région. Le Piémont s'est vu confier la recherche sur le curriculum. L'école maternelle valdôtaine n'a pas été insérée dans les pôles puisqu'elle appartient à une région autonome, mais elle a obtenu de travailler comme "associée externe" avec l'école du Piémont. Ainsi les enseignantes, qui ont volontairement adhéré au projet A.L.I.C.E., ont pu approfondir, à Turin, la réflexion sur le curriculum et, dans notre région, la réflexion sur le curriculum bilingue.
Le projet devrait se développer sur trois ans. Durant l'année scolaire 1999/2000 les écoles de Cogne, de Fénis, de St.Vincent-Moron, de Challant-St.-Anselme et de Gressoney ont bien voulu commencer cette expérience. Avec l'apport des collaboratrices didactiques et d'un expert externe, les institutrices concernées ont défini les parcours possibles de recherche et elles ont été aidées à perfectionner et à mieux formaliser leurs projets, à analyser progressivement les expériences réalisées.
A l'I.R.R.S.A.E. a été confiée la tâche de documenter le projet dans chaque phase de sa réalisation, afin que ses résultats soient convenablement publiés et diffusés. En effet, une réflexion sur le curriculum qui intéresse les premières années de la vie scolaire de l'enfant peut être utile non seulement aux opérateurs de l'école enfantine, mais aussi aux enseignants de l'école de base.
Dans notre région, A.L.I.C.E. s'est réalisée jusqu'à présent comme une recherche-action avec des caractéristiques particulières. Elle s'est donnée comme but principal celui d'augmenter l'efficacité de l'action pédagogique dans la classe, non pas à travers la production de nouveaux matériaux ou de nouvelles situations, mais à travers une meilleure compréhension des enjeux de ce qu'on propose à l'enfant et de la façon dont on le propose. Son intérêt final ne repose pas sur une généralisation de type théorique ou scientifique ; elle est numériquement trop limitée et trop dépendante de contextes particuliers. Par contre, la prise de conscience des questions qu'il faut se poser quand on veut entreprendre une action didactique est généralisable ; dans son ensemble elle se présente plutôt comme un outil d'analyse de la pratique pédagogique. L'innovation se réalise par une meilleure maîtrise, un meilleur contrôle, une meilleure capacité de se rendre compte et de rendre compte de l'action conduite. Elle se concrétise dans la pratique elle-même, dans la manière dont l'enseignante va reconsidérer ce qu'elle sait faire pour mieux le faire. Le produit final de la recherche, destiné à être diffusé, ne veut pas constituer un modèle mais une référence.


La recherche a donc intéressé le domaine curriculaire dans son ensemble. Une réflexion d'ordre plus théorique s'est développée à Turin. On a approfondi le concept de curriculum, ses théories et ses modèles mais, dès le début, on l'a défini comme "le parcours de formation que le sujet fait à l'école, qui peut et qui doit interagir avec le parcours extérieur à l'école". On s'est donc penché sur les savoirs, théoriques et pratiques, sur les expériences, sur les valeurs, sur les relations, sur les modalités de l'organisation c'est-à-dire sur tout ce qui est explicite (intentionnel, conscient) et sur tout ce qui est implicite (casuel, sous-entendu). Un compte rendu sera inséré dans le "Document final'. Chez-nous on a surtout réfléchi sur le curriculum explicite en tant qu'objectifs cognitifs à atteindre, en tant que compétences à construire, articulant ainsi, dès le début, curriculum et didactique. Ce premier document d'étape mettra en évidence tout spécialement l'organisation pédagogique qui sollicite l'activité cognitive de l'élève (projets, ateliers, situations-problèmes) et les pratiques didactiques de l'enseignant qui visent à soutenir ce travail cognitif (surtout l'accompagnement langagier en Langue 1 et en Langue 2).
Dans cette perspective, l'idée centrale de curriculum est l'interconnexion entre langue et savoir, entre les langues et les savoirs. Cela nous amène à définir ce qu'on veut entendre par curriculum bilingue, c'est-à-dire un curriculum dans lequel on construit en même temps l'apprentissage des langues et les apprentissages disciplinaires. Plus les langues vont être maîtrisées, mieux elles seront utilisées dans toutes les activités et, à l'inverse, plus elles seront utilisées dans toutes les activités, mieux leurs organisations logico-syntaxiques seront maîtrisées.
L'objectif de la maîtrise des langues permet aux élèves de disposer d'outils toujours plus adaptés à l'usage cognitif qu'ils doivent en faire pour progresser dans les apprentissages disciplinaires (domaines de connaissances non strictement linguistiques : domaines d'expérience à l'école maternelle et domaines disciplinaires à l'école élémentaire).
Cette définition évoque une nécessité de cohérence dans la pratique didactique des enseignants des différents degrés d'école. Cette cohérence réside dans le fait qu'il faut solliciter, chez l'élève, les mêmes attitudes cognitives : il ne s'agit plus de prérequis conçus en termes de savoirs, mais la cohérence doit être conçue en tenues d'habitude au travail cognitif ; travail qui signifie examiner, comprendre, réfléchir, échanger, se mettre d'accord, généraliser, formuler, conceptualiser.
A.L.I.C.E. veut contribuer à cette prise de conscience.
Avant d'illustrer le travail effectué dans les classes, il paraît nécessaire de mieux préciser certains concepts, non seulement dans le but d'introduire des définitions partagées, mais aussi pour souligner "l'usage" qu'on a essayé de faire de ces définitions, leur "cadrage" organisatif et donc leur "portée" pédagogique. L'espoir est de donner au lecteur une idée non seulement des concepts avec lesquels on a travaillé, mais aussi de la manière dont on les a organisés pour travailler. Pour cette raison un "glossaire" a été introduit. Il anticipe en quelque sorte la dimension didactique des concepts à la base de toute réflexion sur le curriculum.
On se limite dans ce premier document à définir :
- Situation d'apprentissage ;
- Contexte ;
- Objectifs ;
- Compétence.
On peut facilement comprendre comment ces concepts sont strictement reliés les uns aux autres : ensemble ils vont constituer un "glossaire-théorie' qui a inspiré et qui continuera à inspirer la recherche.


Rita Decime
Inspectrice technique à la retraite.
Au cours de sa carrière elle a été institutrice à l'école élémentaire, Directrice didactique
de l'école maternelle, Inspectrice technique et Surintendante des Ecoles.
Elle a collaboré à la création de la méthode "Valentine et les autres" et à la "Recherche sur l'école maternelle bilingue en Vallée d'Aoste".
Elle a publié des articles, notamment dans les revues: Lidil, Enfance et Le français dans le monde.

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