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Lécole de la réussite, la réussite
de lécole - Assemblée parlementaire de
la Francophonie. Yaoundé 6 - 8 juillet 2000
Le compte
rendu de la Commission de l'Education à l'Assemblée Parlementaire
de la Francophonie apporte des éclaircissement sur la situation
de l'échec scolaire dans les pays francophones du tiers monde et
nous permet de recadrer le problème à une échelle
bien plus ample. A l'heure de la mondialisation tout échec scolaire
nous concerne.
LAssemblée parlementaire
de la Francophonie, au cours de sa XXVIème session ordinaire
réunie à Yaoundé du 6 au 8 juillet 2000, a adopté
le rapport : " Pour une école de la réussite,
la lutte contre léchec scolaire ", présenté
par le Président du Conseil régional de la Vallée
dAoste, M. Robert Louvin et le député bulgare M. Dimo
Dimov.
Il sagit ici dune rapide synthèse de quelques thèmes
abordés et quil nous a paru intéressant de proposer
dans les pages de la revue, car léchec scolaire y est affronté
sous plusieurs angles, parfois assez inhabituels pour nous.
Pour tout pays, la politique de l'éducation est toujours un défi,
quil soit situé aussi bien au nord du monde quau sud.
La capacité d'un pays à promouvoir une école de la
réussite est non seulement un investissement et une garantie pour
le développement de ses institutions démocratiques, mais
aussi un indice de sa force à projeter et à innover.
L'Assemblée parlementaire de la Francophonie, et notamment sa Commission
de léducation, de la communication et des affaires culturelles
- qui est présidée par le Valdôtain Robert Louvin
- attache la plus grande importance au débat sur le thème
de l'éducation. La Commission sest concentrée sur
les causes de l'échec scolaire et sur les actions à entreprendre,
notamment en Afrique où l'insuffisance des effectifs d'enseignants,
la désaffection des élèves, le poids des traditions,
les transports scolaires parfois absents et les disparités régionales
représentent des obstacles qui paraissent parfois incontournables.
Selon les rapporteurs du document, il faut donc lutter contre léchec
scolaire afin de réaliser une vraie démocratisation de laccès
au savoir, cest-à-dire " pour préparer les
élèves à être citoyens responsables, capables
de contribuer au développement dune société
démocratique solidaire, pluraliste et pluriculturelle. "
Après avoir lancé le défi, il sagit de tracer
létat des lieux. Pour les pays de lOCDE (dont le sigle
en italien est OCSE), cest-à-dire les pays occidentaux, environ
85% des jeunes obtiennent le diplôme à la fin du secondaire.
En ce qui concerne le retard scolaire, dans la plupart des pays industrialisés,
le taux, en fin de cycle primaire, est généralement inférieur
à 8%. Seuls des pays comme la France, la Belgique ou le Portugal
affichent un bilan plus négatif: 20% des élèves environ
y accusent un an de retard et plus. Au terme de lenseignement secondaire,
ce retard ne fait que saccentuer, en laissant apparaître une
dualisation de plus en plus forte entre lenseignement général
et les enseignements technique et professionnel. Au niveau de lenseignement
général, pendant lannée scolaire 1992/93, 36,8%
des élèves avaient accumulé au moins un an de retard.
Au fil des années le taux a tendance à baisser. Par contre,
au cours de la même année, 80 à 81% des élèves
en fin des filières technique et professionnelle avaient accumulé
au moins une année de retard, avec une tendance à laggravation.
Et encore " le taux de survie " dans lenseignement
universitaire, cest-à-dire, la proportion entre ceux qui
entrent à luniversité et ceux qui en ressortent avec
un diplôme, est de lordre des deux tiers dans les années
90, avec toutefois de fortes disparités entre les pays puisque
cette proportion est de plus de 80% en Hongrie, et seulement de 35% en
Italie.
Pour ce qui concerne létat des dépenses en matière
déducation, à la même époque, dans leur
ensemble, les pays de lOCDE consacrent 5,9% de leur PIB au budget
de léducation.
Il ne suffit pas quune proportion plus ou moins importante délèves
obtienne des diplômes mais il est indispensable que les différents
états définissent une politique claire en matière
déducation et luttent efficacement contre léchec
et labandon scolaire qui se révèlent beaucoup plus
graves dans les filières technique et professionnelle que dans
lenseignement général. Ce qui révèle
également un échec de lorientation scolaire. Fait
paradoxal, car dernièrement on assiste plutôt à une
tendance à limiter la croissance des dépenses en matière
denseignement alors que labandon et léchec scolaires
indiquent plutôt une faillite des systèmes éducatifs
de différents pays et demandent davantage dinvestissements.
Parmi les causes : le clivage entre lenseignement général
et technique-professionnel, la disponibilité des parents, les rythmes
et les programmes à rénover, la maîtrise de la langue
denseignement, les carences dans léquipement des écoles,
un manque dorientation.
Avant daborder les solutions possibles au problème de léchec
scolaire, le document analyse dautres causes qui sont plus spécifiques
aux seuls pays du Sud. Il ne faut pas oublier que lAssemblée
parlementaire de la Francophonie rassemble des représentants de
pays dAfrique, dAsie, dAmérique, dEurope
et dOcéanie. Elle a pour objectif de promouvoir les intérêts
et les aspirations des peuples ayant en commun lusage de la langue
française, mais elle défend également les idéaux
de démocratie et les droits de la personne.
Réfléchir sur le sens du mot " échec "
dans les pays qui ne jouissent pas de notre richesse, cest loccasion
pour nous aussi de nous interroger sur nos classes, de mieux comprendre
les regards et les attentes des nouveaux arrivés, les immigrés
de fraîche date. Les mots du ministre gabonais de léducation
nous éclairent sur la situation de son pays. - La scolarité
de beaucoup denfants, dans les pays en voie de développement,
est de courte durée et peu probante. De nombreux élèves
abandonnent lécole sans sêtre approprié
des outils dapprentissage les plus élémentaires tels
que lire, écrire et compter.
Quelles en sont les causes ?
Linsuffisance et la trop grande variété de formation
des maîtres ainsi que leur trop faible suivi par linspection
pédagogique apparaît, dans de nombreux pays du Sud, comme
lune des causes structurelles de léchec scolaire, à
côté de léquipement matériel inadéquat.
Et encore, linadaptation des manuels et des programmes aux réalités
des pays du Sud, la pauvreté de loffre scolaire, quel que
soit le cycle scolaire, linadéquation des formations et des
diplômes par rapport aux besoins économiques nationaux révèlent
quune proximité culturelle, historique et sociale du contenu
des manuels scolaires devrait être indispensable pour assurer lintérêt
des élèves.
De plus, en milieu rural loffre scolaire est insuffisante. Peu,
voire aucun moyen de transport nest organisé entre les villages
et les écoles ; les internats et les cantines sont presque
inexistants.
Nombre de parents refusent non seulement de scolariser leurs filles (à
cause de la discrimination sexuelle, la réussite des filles présente
encore un retard important), mais aussi de prolonger la scolarité
de leurs enfants, quils soient garçons ou filles, parce que
leur éducation devient un investissement trop lourd et peu rentable.
Le Sud du monde souffre donc dune radicalisation des problèmes
qui sont à la base, chez-nous aussi, de léchec scolaire.
Mais il ne faut pas oublier que lendettement de ces pays les amène
à réduire les dépenses pour léducation
et éloigne, de ce fait, toute solution possible.
Que faire ? Plusieurs, parmi les solutions proposées par le
document, se retrouvent aussi dans les lignes de la réforme de
lécole italienne : la création dun cycle
de base long, laménagement du temps scolaire en respectant
le rythme dévolution et dapprentissage des enfants,
lévaluation aussi bien formative, que certificative, mais
aussi pronostique ; au niveau secondaire, un rééquilibre
entre enseignement général et enseignement technique, une
plus grande attention à lorientation pour permettre à
chaque individu de construire son projet de vie scolaire et professionnelle,
en créant aussi des passerelles entre les différentes filières
afin de pallier les erreurs dorientation. Il savère
nécessaire, en particulier pour les pays du Sud du monde, de reconnaître
le caractère prioritaire des dépenses déducation
dans le budget de létat et de refuser de voir ces dépenses
sacrifiées sous la pression des bailleurs de fonds internationaux.
A lheure de la mondialisation
tout échec scolaire nous concerne.
L'Équipe pédagogique
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