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C'est qui l'conseil?

Le conseil de classe est une situation d’apprentissage parmi d’autres, susceptible d’offrir aux élèves des occasions de construire des attitudes et des compétences réclamées par toute société se voulant démocratique.

Alors que la société peine à devenir démocratique, l’école et ses pédagogues sont actuellement interpellés : quel est leur apport à une éducation à la citoyenneté devenue indispensable dans un monde complexe qui réclame que l’ordre soit désormais negocié ?
Les pédagogues sont poussés à rechercher, à inventer ou à réinventer des pratiques scolaires favorisant une formation à la citoyenneté. Mais l’apprentissage à la citoyenneté est devenu aussi l’affaire des enseignants. Il est intéressant de tenter de rechercher où se niche aujourd’hui cet apprentissage à la démocratie dans les classes, c’est-à-dire au cœur des pratiques d’enseignement. En effet, la formation du citoyen se vit et se, glisse, à l’école, dans les manières d’apprendre, donc de faire apprendre, au coeur des métiers de l’élève et de l’enseignant.
Les
“ Quoi-de-neuf ”, conseils de classe, démarches de projets, situations ouvertes, situations-problèmes, démarches d’auto-socioconstruction, sont autant de situations d’apprentissage susceptibles d’offrir aux élèves des occasions de construire des attitudes et des compétences réclamées par toute société se voulant démocratique.
De nombreux enseignants s’y adonnent aujourd’hui avec intérêt. C’est le cas du
GVEN (Groupe Valdôtain d’Éducation Nouvelle) que Josette Favre ici représente. En particulier, dans cet article, nous présentons le conseil, véritable lieu de parole(s), qui donne du pouvoir aux élèves et qui favorise l’apprentissage à la démocratie.

Le conseil
Présentation par Étiennette Vellas

C’est qui l’conseil ? Cette charmante et pertinente question avait été posée par un enfant à une enseignante qui, en début d'année scolaire, systématiquement, renvoyait ses élèves au conseil de classe pour résoudre leurs problèmes : "adresse-toi au conseil", "propose au conseil", "si vous n'êtes pas d'accord avec ma proposition, vous en parlerez au conseil".
Les pédagogues n’ont cessé d’inventer ou de réinventer le conseil. Dewey, Freinet, Korczak, Makarenko, Neil, Oury et Vasquez, et tant d’autres, ont pratiqué ces réunions regroupant les enfants d’une classe, d’une école, d’un orphelinat ou d’un pensionnat, pour tenter d’atteindre leurs objectifs de formation.
Le conseil a émergé, tout au long de ce siècle, dans divers contextes. Il s’est d’abord inscrit dans des pratiques individuelles, ou à l’intérieur de mouvements pédagogiques, se déclarant en rupture avec des modèles de transmission de connaissances, jugés peu formateurs car ne plaçant pas “l’enfant-en-développement” au centre des réflexions des éducateurs. Aujourd’hui, certains enseignants lui sont très attachés, et les enfants continuent à appeler le conseil “la réunion importante”.

Le conseil, pour l'enfant, c'est d'abord un rendez-vous
Le conseil de classe est peut-être d'abord vécu comme un rendez-vous, pris avec ses camarades de classe et son enseignant, pour discuter dans un lieu et à un moment précis, à intervalle régulier, souvent en début ou en fin de chaque semaine. Le lieu du conseil est, lui aussi, stable. Il est délimité clairement dans la classe, par une topologie particulière, adaptée à l'échange et à la communication : tous les participants doivent pouvoir se voir. Le lieu est souvent accueillant, feutré, confortable, pour que chacun puisse demeurer assis en cercle, souvent une heure durant.
Pour le rendre plus intime, il est parfois éclairé d'une lampe qui rompt avec la luminosité habituelle de la classe et qui rappelle aussi, lorsqu'elle s'allume, que le conseil a commencé.
Au fil des mois, les enfants vont comprendre que, dans ce lieu, ce n'est ni avec le maître, ni avec des enfants, qu'ils ont rendez-vous, mais avec le conseil en tant qu'institution. Cette prise de conscience de la part des élèves est facilement repérable, en observant sur qui se porte leur regard, lorsqu'ils prennent la parole : quand ils viennent "trouver le conseil", ils ne s'adressent plus, prioritairement, au maître mais au groupe.

L’Importance des rituels
Le conseil peut, surtout chez les grands, mettre en scène plusieurs personnages : un président pour distribuer la parole, voire mener la discussion ; des secrétaires pour prendre note des décisions, des nouvelles institutions, des engagements et constituer une mémoire collective ; un gardien du temps ; un compteur de voix lors des prises de décision. Pour la même raison, celui qui a droit à la parole (enfant ou adulte) en est souvent informé par une annonce du type " la parole est à ", ou par la réception d'un micro, d'une conque ou de tout autre symbole signifiant clairement à tout le monde qui a la parole et qui, par conséquent, doit être écouté.
Des " phrases-clé ", appartenant à chaque groupe-classe ou école, rythment, elles aussi, le conseil. Ainsi, entre le " J'ouvre le conseil de classe " et " le conseil est terminé ", " phrases-sésames " prononcées par le président, il y a l'annonce des rubriques :
" félicitations ", " râleries ", " suggestions ", " y a-t-il des témoins ?", des avis contraires? " Parmi ces " maîtres-mots ", certains rappellent inlassablement les limites, le code de fonctionnement.
Comme l’affirment les maîtres de la pédagogie institutionnelle, Oury et Vasquez, le conseil est l’œil, le cerveau, le poumon, le rein, le cœur du groupe : dans le conseil on voit tout, on réfléchit ensemble, on élimine et purge les difficultés, on oxygène le tout et les parties, on reconnaît l’affectivité de chacun.

Le conseil comme instrument d’observation
Le conseil donne aux enseignants beaucoup d’informations sur les dynamiques à l’intérieur de la classe. Des faits que nous n’aurions jamais eu à connaître sont mis à jour, parfois d’une façon éclatante et brutale. Le champ d’intervention éducative s’élargit alors aux thématiques qui vont au-delà de l’aspect cognitif.

Le conseil, cerveau du groupe
Le conseil est le lieu privilégié où l’on analyse les problèmes rencontrés et où l’on essaye de trouver des solutions possibles aux besoins les plus urgents. C’est en ce sens qu’on peut parler de cerveau, c’est-à-dire d’un centre d’élaboration de décisions collectives.

Le conseil, réunion d’épuration
Le conseil est un lieu favorable à l’extériorisation des conflits et des problèmes de l’enfant ; il se caractérise comme un instrument à même de filtrer, d’épurer les difficultés et d’oxygéner avec des propositions la vie de la classe. Il devient alors un lieu de médiation où se renforcent les liens entre élèves et enseignants. Le conseil n’est pas un tribunal. La recherche de la vérité importe moins que l’élimination des conflits perturbateurs. “ Mais est-ce vrai que les conflits peuvent être éliminés ? Il vaut mieux dire qu’ils sont réglés par le groupe ”.

Le conseil, cœur du groupe
Le conseil devient l’élément propulseur de la classe, le centre qui reçoit les apports de tous et qui les renvoie modifiés au groupe. Le conseil est souvent aussi le lieu de partage de petits moments de bonheur. Le conseil peut être vu comme un endroit où l’on trouve sa place, où l’on reconnaît l’individualité de chacun et, à partir de là, on tisse des liens, même affectifs, avec les autres ; on devient un groupe.

Il consiglio
Esperienza raccontata da Aurelia Dufour, Josette Favre e Raffaella Preyet (classi 1ª-2ª e 3ª, scuola elementare di Roisan)
E’ giovedì, giorno in cui tutte e tre le insegnanti del modulo sono presenti.
Gli alunni e le insegnanti sono seduti in cerchio per terra.
La formula “
Sono le 11,40. Ha inizio il consiglio” annuncia l’apertura della riunione e segnala ai bambini che occorre iniziare a stare in silenzio.
Un’insegnante controlla il tempo ed osserva gli alunni, un’altra interviene rispettando le modalità dei bambini e una gestisce il consiglio. Quest’ultima, che ha anche il ruolo di leggere i problemi scritti dai bambini e di dare la parola agli alunni, incomincia la lettura.
Ins. - Quaderno della classe 1ª-2ª. Angelo mi dà fastidio e mi risponde male. Firmato Daniela.
Generalmente la parola viene data al bambino che ha scritto il problema perché possa spiegarlo meglio ai compagni. Succede spesso che sia lui il primo ad alzare la mano.
In questa fase iniziale l’insegnante che gestisce lascia un po’ di spazio allo sfogo degli alunni coinvolti nella questione.
Dan. - Un giorno che io stavo giocando con Silvia, Noemi e Martina e avevo detto una cosa ad Angelo, non mi ricordo più che cosa, lui mi ha risposto male.
Ang. - Non è vero, non è vero che ho risposto male, è lei che mi ha risposto male.
Mar. - Io non me lo ricordo quel giorno che tu giocavi insieme a noi.
Noe. - No, non è successo perché tutte le volte che abbiamo giocato con te, era l’intervallo e Angelo non c’era perché lui gioca sempre con Riccardo e con i maschi.
Ins. - Questo problema è recente, è del mese di gennaio.
Mat. - Angelo non ha mai risposto male. Io non l’ho mai sentito rispondere male.
Spesso i bambini di questa età non riescono a riconoscere di aver commesso qualche fatto. A volte forse temono di essere sgridati e si proteggono dicendo che non è vero. Per essi è ancora un po’ difficile rendersi conto che nel Consiglio si può parlare con calma, senza essere accusati o puniti.
A questo punto per non correre il rischio che dalle loro affermazioni non se ne esca più, l’insegnante deve aiutare i bambini a de-contestualizzare il problema cercando di spostare l’attenzione dalle persone in questione o come in questo caso dalla ricerca di validità, sul problema in se stesso. L’insegnante invita inoltre i bambini a cercare soluzioni.
Ins. - Se Daniela l’ha scritto è sicuramente successo. Non possiamo continuare a discutere se è vero o no. E’ normale che molti bambini non se lo ricordino perché loro non sono stati offesi come Daniela. Il fatto di rispondere male può comunque succedere a chiunque, perciò come possiamo aiutarci?
Ila. - Possiamo chiedere scusa.
Ric. - Possiamo fare la valutazione su un cartellone.
Può succedere spesso che i bambini propongano soluzioni molto severe, dure nei confronti dei compagni. E’ compito dell’insegnante evitare di arrivare facilmente alle punizioni come unica via di soluzione, ma orientarli piuttosto verso forme di prevenzione, di aiuto e di sostegno reciproco.
Sim. - Mi sembra che i problemi di dar fastidio li cancellavamo tutti.
Sil. - No, solo quelli di far male o picchiare perché bisogna chiamare subito le maestre.
Fab. - Quello di dar fastidio l’avevamo già risolto.
Mart. - Ma questo problema non è solo dar fastidio, è anche rispondere male.
Ins. - Anch’io sono d’accordo con quello che ha affermato Martina. Ora mi sembra che Ilary e Riccardo abbiano già proposto delle soluzioni.Quando succede di rispondere male, si può provare a chiedere scusa. Se un bambino invece continuerà a farlo senza chiedere scusa, potremo aiutarlo segnandolo sul cartellone della valutazione, come ha proposto Riccardo. Siete tutti d’accordo?
Bam. - Sì, va bene.
E’ facile che durante la discussione i bambini perdano il filo del discorso. In questo caso è stata Martina, un’alunna, a ricentrare la questione ma se i bambini non ci riescono è compito dell’insegnante farlo.
Alla fine è importante riprendere sempre ed esplicitare con maggior chiarezza le soluzioni che i bambini hanno proposto. Talvolta può sorgere anche la necessità di votare o di affidare incarichi specifici ad alcuni alunni. Tutte le decisioni prese o gli incarichi affidati possono essere scritti su cartelloni.
Segue la lettura di un problema della classe 3ª.
Ins. - Quaderno della classe 3ª. Riccardo mi ha detto una parolaccia. Firmato Ilary.
Hil. - Quando siamo andati a sciare lui mi ha detto una parolaccia.
Ric. - Ma tu mi avevi anche detto stupido.
Hil. - Ma tu mi hai detto una parolaccia.
Ric. - Eh va bé!
Tra i due bambini nasce un po’ di tensione. Qualora succedesse che due o più bambini non riescono a contenerla, l’insegnante deve intervenire ed interrompere la discussione. Dopo aver ricordato che durante il Consiglio non si può alzare il tono di voce, occorre rispettarsi e si deve discutere con calma, l’insegnante può rinviare la discussione del problema ad una successiva seduta permettendo così al tempo di allentare la rabbia.
Fed. - Non è vero che Ilary gli ha detto stupido.
Mat. - C’ero anch’io. Riccardo era di qua e Ilary era di là e Riccardo le ha detto una parolaccia.
Ins. - Va bene. Il problema è stato scritto e c’è. Come possiamo fare?
Mar. - Avevamo già detto una volta di provare a dire delle paroline dolci come fragolina, cipollina oppure bip.
Cat. - Come al grande fratello quando dicevano delle parolacce facevano bip.
Fab. - Avevamo anche detto che potevamo fare un cartellone per segnare con una crocetta.
Cat. - Sì, avevamo detto di fare un cartellone per segnare così uno poteva vedere quante volte le dice.
Ins. - Sì, è vero, l’avevamo deciso prima di iniziare il corso di fondo, poi con le settimane passate sulle piste ci siamo dimenticati. Propongo che un bambino all’intervallo ce lo ricordi così possiamo prepararlo insieme.
Bam. - Va bene.
Generalmente dopo due discussioni di questo genere i bambini, soprattutto quelli di prima, non riescono già più a seguire. Ai primi segnali di distrazione è quindi importante fermarsi.
Se sul quaderno non appaiono proposte, l’insegnante chiede agli alunni di raccontare qualcosa di bello e piacevole, vissuto durante la settimana a scuola. Questo momento è molto importante perché abitua i bambini a vedere anche gli aspetti positivi del vivere insieme. Inoltre esso facilita l’allentarsi di tensioni che a volte possono nascere nella parte iniziale in cui si affrontano le discussioni dei problemi.
- A me mi è piaciuto oggi all’inizio dell’intervallo che io e Simone e Riccardo giocavamo a bowling.
- A me sono piaciuti tutti i giorni. Oggi mi è piaciuto giocare con il pongo.
- Io mercoledì stavo male e non sono venuta a scuola, dovevo andare dal dottore, ma il dottore non c’era allora sono uscita e sono andata a casa.
- A me è piaciuto giocare stamattina con Abdejalile e Riccardo.
- A me è piaciuto andare a fare fondo...

A questo punto si può chiudere il Consiglio.
Anche per la chiusura è importante che ci sia un preciso segnale.
Ins. -
Sono le 12:20, il consiglio è finito, ora possiamo darvi le lettere.
Nel nostro caso c’è la distribuzione delle lettere della corrispondenza personale che i bambini tengono durante la settimana.
Altrettanto positive ed interessanti possono essere la proposta di un canto o la lettura di una storia.

Le conseil, objet de médiation
Mettre en place un conseil de classe ou d'école favorise de multiples prises de conscience chez l'adulte et dans les équipes d'enseignants. La plus forte est peut-être celle-ci : métier d'élève et métier d'enseignant sont profondément liés. Ils se répondent toujours, impitoyablement et admirablement. Et l'introduction d'un conseil dans la classe bouleverse tout, chez les enfants, comme chez les enseignants. La mise en place d'un conseil, ça casse ou ça passe. Et quand ça passe, on ne peut plus s'en passer.

Josette Favre
Enseignante à l’école élémentaire de Roisan (Communauté de Montagne Grand-Combin).
Présidente du GVEN et membre du Comité Technique de la revue l’École Valdôtaine.

Étiennette Vellas
Chargée d’enseignement à l’Université de Genève Faculté de psychologie et des Sciences de l’éducation.
Membre du Comité Scientifique de la revue l’École Valdôtaine.

Références
Pochet C., Oury F., (1979), Qui c'est l'conseil ? Paris : Maspero.
Laffitte R., (1985), Une journée dans une classe coopérative. Paris : Syros.
Imbert F., (1994), Médiations, institutions et loi dans la classe. Paris : ESF.
Cifali, M., (1994). Le lien éducatif : contre-jour psychanalytique. Paris : PUF.
Pain J., (1992). Violence ou pédagogie ? Vigneux : Matrice.
Vasquez A., Oury F., (1967), Vers une pédagogie institutionnelle et (1971) De la classe coopérative à la pédagogie institutionnelle. Paris Maspero.
Meirieu PH., (1993). Apprendre, oui, mais comment ? Paris : ESF.
(a cura di) TADIELLO R., (1997), L’école de la différenciation et de l’évaluation formative 1re partie entre pratique et théorie - Les récits des instituteurs, IRRSAE Vallée d’Aoste.

 

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