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Formation des enseignants et professionalité

Colloque International Inter-IUFM Bordeaux 15-17 avril 2002 par Geneviève Crippa

Droit au but. Depuis bien longtemps les Girondins de Bordeaux, les joueurs de la célèbre équipe du football français des années 1980, n'ont pas besoin de démontrer, ailleurs que dans le stade, les finalités de leur jeu, l'efficacité de leur action et leur professionnalisme. Leurs prouesses sont là, bien visibles lors des matches. Pour les footballeurs, l'objectif est clair : marquer le plus grand nombre de buts en défendant les valeurs de solidarité de leur équipe et en affirmant les individualités de chacun. Dès la séance d'ouverture, au 4eme Colloque International Inter-lUFM intitulé " Formation des enseignants et profes-sionnalité ", les 15,16,17 avril 2002 à Bordeaux, les intervenants n'oubliaient pas de nommer les Girondins et de rappeler que Montaigne et Montesquieu sont des illustres enfants du pays.
Le lieu était donc bien choisi pour organiser ce colloque qui a rassemblé plusieurs centaines d'enseignants formateurs. Leur provenance était, bien sûr, la France métropolitaine et les départements d'outremer, mais aussi la Belgique, la Suisse, les pays d'Afrique du nord... Une forte délégation arrivait également du Québec. Et moi, de L'École valdôtaine, j'étais là, motivée par le thème que nous avons choisi pour ce numéro de la revue.
Chaque jour, une seule conférence d'une heure et demie, très dense de concepts, était tenue par quelque éminent universitaire. Le premier matin par Raymond Bourdoncle de l'Université de Lille 3, le deuxième par Claude Lessard de l'Université de Montréal et le troisième jour, une table ronde réunissait L. Paquay de Louvain, G. Vaysse de Toulouse, P. Laderrière de l'OCDE, M. Douaire du syndicat SGEN-CFDT et 0. Cordelier du syndicat SNES-FSU. Le reste de l'emploi du temps était occupé par une multitude de brèves communications, d'une demi-heure maximum, pendant lesquelles s'alternaient des chercheurs, des formateurs d'enseignants issus principalement des différents Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM).
Le choix des communications - débats, plus de quarante présentés chaque jour, n'était pas facile à faire. De précieux contacts ont été pris, notamment, pour d'éventuels prochains articles pour notre revue.
Un avant-goût, pour se mettre en appétit :
• Le sentiment d'incompétence pédagogique chez les enseignants novices et le support à l'insertion professionnelle : phénomène de système et logiques d'acteurs.
• Comment développer la pratique réflexive ? un exemple de dispositif de formation pour les enseignants d'éducation physique.
• L'interdisciplinarité en formation : un autre rapport avec la professionnalité. L'exemple d'un atelier d'écriture entre sciences et récit de fiction.
• Le développement d'une compétence culturelle en formation initiale.
• Des lectures diversifiées de l'itinéraire de formation.
• Quelle évolution dans les compétences professionnelles ?
• Les pratiques d'évaluation des apprentissages sont-elles liées aux conceptions que les enseignants ont des processus d'enseignement/apprentissage ?
• Vous avez dit " réflexif ", mais réflexif à quoi?
• Les professionnalités de l'enseignement gagnées par la concurrence ?
• Discussions philosophiques en classe et identité professionnelle du débutant.
Le problème n'était pas tant de savoir quelles différences, quelles subtilités se cachent derrière les définitions de " métier " ou de " profession ", pour nous, opérateurs de l'école, mais bien de cerner quels savoirs, quels savoir-faire, quels savoir-être, en bref, quels savoirs et quelles compétences doivent posséder les enseignants afin d'accomplir leur activité de façon efficace, pour instruire et former les élèves, tout en étant à l'écoute des besoins de notre société. Il est bien clair qu'il ne s'agit pas là des seuls besoins économiques, loin s'en faut ! Lors de la première conférence, Raymond Bourdoncle a traité le thème : " Profession enseignant : quelles références historiques et théoriques ?" Il a introduit les termes profession, professionnalisation, pro-fessionnalité, avec plusieurs définitions pour chacun d'eux.
Pour professionalité, R. Bourdoncle a rappelé que c'est un mot récent, venu de l'italien ; il ne figure pas encore dans le dictionnaire Le Petit Robert et c'est un terme à la signification encore plutôt flottante. Il a expliqué que les syndicats italiens l'ont créé dans les années soixante, en lui donnant une signification destinée à valoriser les savoirs et les savoir-faire aux dépens de la qualification.
L'orateur nous a amené, notamment, à nous poser la question de savoir si l'enseignement est une profession à part entière. Il a invité à réfléchir sur le fait que ces dernières décennies ont rendu souhaitable la professionnalisation du travail de l'enseignant et qu'il est désormais nécessaire de passer de la quantité à la qualité du personnel formé. Il a rappelé, enfin, que la professionnalisation répond à la nécessité de recruter différemment pour revaloriser, entre autres, le statut et l'image de l'enseignant.
La recherche de nouvelles et de meilleures méthodes en matière d'enseignement n'est pas une spécificité du XXe siècle ou du XXIe siècle naissant : Montaigne, cet illustre Bordelais du XVIe siècle, que les intervenants au colloque ont évoqué à plusieurs reprises, écrivait à propos de l'instruction de l'enfant, de l'" institution " comme il l'appelait : " Je voudrais aussi qu'on fût soigneux de lui choisir un conducteur [précepteur] qui eut plutôt la tête bien faite que bien pleine ". Essai XXVI du livre 1 " De l'institution des enfants ". Et encore, toujours dans les Essais : " Qu'il ne lui demande pas seulement compte des mots de sa leçon, mais du sens et de la substance ; et qu'il juge du profit qu'il aura fait, non par le témoignage de sa mémoire, mais de sa vie. " Les questions pédagogiques passionnaient déjà le XVIe siècle !
Enfin, pour en revenir aux Girondins de Bordeaux, nous les enseignants, nous pouvons envier leur succès, mais il faut dire que les finalités de notre action sont bien moins claires et bien plus complexes à définir que les leurs. En outre, j'espère que, là où il est, l'autre écrivain bordelais incontournable, présent dans nos livres de littérature, ne m'en voudra pas ; je n'ai pas trouvé d'écrit de Montesquieu qui, de près ou de loin, puisse avoir affaire avec mes propos d'aujourd'hui.

Cette année nous nous pencherons plus particulièrement sur les grands thèmes suivants

L'oral à l'école : un instrument pour la construction des savoirs

L'école de la multiculture : du local au global

Organisation et planification du travail de l'enseignant, entre science et bricolage

L'élaboration d'un concept scientifique de la maternelle à l'université : continuité et décalage.

Quest'anno i grandi temi prevalenti saranno i seguenti

L'orale : uno strumento per costruire i saperi.

La scuola della multiculturalità: dal locale al globale

Organizzazione e pianificazione del lavoro dell'insegnante: tra approccio scientifico e fai da te

La strutturazione di un concetto scientifico dalla scuola dell'infanzia all'università: continuità e discrasie.

Geneviève Crippa

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