|
Dossier Théorie/Pratique
A.L.I.C.E. - 3e
document d'étape
extraits des documents pédagogiques
CHALLAND-SAINT-ANSELME
Le but de l'activité est d'expliquer un jeu à d'autres enfants.
Situation
de départ
Le thème que nous allons développer pendant cette année scolaire
est : Jeux et jouets.
Nous avons déjà traité les sujets suivants :
1. Jouer
Tous ensemble cest mieux ;
2. Des nouveaux copains arrivent ;
3. Jeux et jouets dhier.
Pour cette raison, on a décidé de proposer aux enfants dexpliquer
et de raconter à dautres enfants qui ne le connaissent
pas un jeu quon fait dans notre classe.
Méthodologie
Choisir en groupe le jeu quon veut présenter aux
copains français ;
au fur et à mesure que les enfants cherchent des idées
nous essayerons dorienter la réflexion sur le contrôle
du travail : quest-ce quon fait, quest-ce
quon a déjà fait, quest-ce quil reste à faire
;
discuter sur les stratégies proposées par les enfants
;
prendre des décisions en groupe ;
permettre aux enfants de chercher des indices, c'est-à-dire
quelque chose quils connaissent déjà et qui leur permet
de progresser dans la tâche ;
penser à des moments de relance ;
fixer une mémoire pour la classe avec laide dun
tableau qui sera utilisé pour
écrire ce que les enfants disent pendant la séance ;
faire un bilan, une synthèse à la fin de lactivité
;
prévoir le travail pour la fois suivante.
Projet
Après avoir discuté, les enfants décident de décrire le jeu
Oh ! Grand Guillaume .
Oh! Grand Guillaume
As-tu bien déjeuné ?
Mais oui Madame,
Jai mangé du pâté.
Du pâté dalouette
Guillaume Guillaumette.
Chacun sembrassera
Et Guillaume restera !
Objectifs
Relever des détails pertinents ;
reconnaître : devant - derrière, dun côté - de
lautre côté ;
situer des éléments les uns par rapport aux autres ;
enchaîner des actions dans un ordre donné : tourner,
arrêter, tourner, se déplacer ;
acquérir du vocabulaire : être capable de le mémoriser,
puis de le réemployer le mieux possible ;
participer à un projet dont on connaît lobjectif
;
capacité de travailler en groupe en collaborant pour
atteindre un but commun ;
développement du sens de lobservation ;
se repérer dans la feuille ;
transposer une situation de motricité en situation de
représentation plane, sur le papier ;
commenter la réalisation obtenue.
Remarques - Ce travail est intéressant parce
quil découpe des moments dans un temps qui en réalité
est continu. Dhabitude quand on fait la ronde on ne sarrête
pas et là on va vérifier quil y a des moments différents
à isoler, à découper, à opposer les uns aux autres pour pouvoir
les décrire et en parler. Du point de vue cognitif, il sagit
dun beau travail sur lanalyse du temps ; cest
le début de la schématisation car on commence à transformer
en représentation une chose vécue jusqualors seulement
au niveau moteur. On prend donc conscience de la diversité des
actions, on connaît les mots, mais il faut expliquer le déroulement
du jeu.
1re Séance
- Instit. : Alors que devons-nous faire ?
- On commence avec la ronde.
- Oui la ronde.
- Instit. : Comment on fait la ronde, expliquez-moi ! ;
- Girare, girare.
- Tourne.
- Comme tourne le dos (jeu : Les pigeons sont
).
- Instit. : Oui, les enfants sont
- In piedi.
- Non si dice così.
- Debout.
- Darsi la main.
- È difficile fare il girotondo (cest-à-dire dessiner).
- Instit. : On va faire la ronde et on regarde bien la position
des enfants, des mains, des bras.
- Io, adesso faccio (je dessine) un garçon.
Tous les enfants dessinent un garçon ou une fille et ensuite
on observe le résultat.
- Plus de filles.
- No, noi (un garçon).
- Instit. : On va compter.
- Un, deux, trois
10 garçons !
- Un, deux, trois, quatre
12 filles.
- Plus de filles.
- Instit. : Combien de filles en plus ?
- Douze.
- No.
- Deux.
- Instit. : Quest-ce que nous allons faire la prochaine
fois ?
- Bisogna far capire di girare.
- Come?
- Non lo so.
- Ci pensiamo.
- Chiediamo alla maestra.
- Lo facciamo unaltra volta.
2e Séance
Linstitutrice introduit la séance en demandant aux enfants
ce quon a déjà fait et ce quon a prévu de faire
aujourdhui.
- Girotondo.
- La ronde.
- Un enfant dentro al cerchio.
- Dans la ronde.
- Instit. : Comment on met les enfants pour faire la ronde ?
- Comme ça (en ligne).
- Oui.
- Non.
- Dobbiamo dare la mano.
- Si dice la main.
- La ronde è così.
- Rotondo.
- Instit. : Oui, un rond. (Les enfants suivent le rond avec
le doigt.)
- Bisogna metterli che girano.
- Sì, ma come fare un rotondo che gira.
- Con quegli affari che hai tu maestra (i ferma-campioni).
Ils observent que, si les enfants dessinés et découpés restent
debout, on doit les colorier des deux côtés : devant avec le
visage et derrière avec les cheveux. Les enfants se mettent
à luvre et ensemble on construit la ronde qui tourne.
Remarques :
- en général les enfants ne perdent pas le contrôle de la tâche
: ils se corrigent, ils se reprennent, ils sont bien conscients
que linvitation est de parler en français et ils se soutiennent
pour y parvenir ;
- il faut identifier ces efforts en termes de compétences ;
- et il faut que les enfants prennent conscience quils
sont compétents.
Lenfant qui sait dire on commence avec la ronde
formule un très bel énoncé : il démontre quil se
représente bien ce quil est en train de faire, quil
sait ce que signifie exposer les choses dans un ordre et en
plus son énoncé est complètement en français. En général, ce
passage de langue est dabord un travail de lenseignant,
un travail de tutorat qui consiste à redire systématiquement
en Langue 2 ce que lenfant sait déjà dire en Langue 1,
ou à perfectionner les expressions produites en micro-alternance.
Mais, même dans un cas de production optimale, ce qui est important
cest de faire toujours une reprise pour valider ce qui
vient dêtre dit. Authentifier ce que les enfants disent,
donner des équivalents langagiers, faire des reprises de récapitulation,
ce sont des interventions qui vont permettre à lenfant
de comprendre quil a bien dit et quil y a aussi
dautres manières pour le dire.
Ce qui est difficile pour lenseignant cest de savoir
bien ajuster son intervention sur les productions des élèves.
Par exemple un passage sur lequel
il est intéressant dattirer lattention se trouve
à la quatrième ligne :
Comment on fait la ronde, expliquez-moi . Cette
expression engage les élèves à parler à linstitutrice.
Or ils savent très bien quelle sait comment on fait une
ronde et en particulier celle-là ; ils sont tentés de répondre
par un seul mot. Si lexpression avait été
On va leur expliquer comment on fait cette ronde ,
ils auraient peut-être été induits à trouver des formulations
plus claires. Il sagit là de phénomènes de communication
presque inconscients, mais sur lesquels il faut bien réfléchir
pour mieux atteindre les objectifs langagiers quon se
pose.
Lenfant qui dit Comme tourne le dos fait
un beau rapprochement entre deux jeux quil connaît. Il
a offert une belle occasion pour redire, relancer, répéter dans
lordre ce quon fait avant et ce quon fait
après. Ce sont ces re-formulations qui vont aider les enfants
à construire la représentation du jeu comme un discours. |
AYMAVILLES
Le but de lactivité est de réaliser
un livre qui parle des animaux du bois. Lactivité est
insérée dans le projet : La scoperta dellambiente
intorno a noi .
(Continuation du travail commencé la semaine précédente.)
- Instit. : Vous
vous rappelez ce que cest ça ? quest-ce quon
voulait faire ?
- Mathias : Le livre des animaux
- Joëlle : Du bois !
- Instit.: Oui, bravo ! Le livre des animaux du bois.
- Tommaso : Il pino ! è disegnato un pino.
- Lorenzo: Cè scritto pino!
- Instit. : Oui, et le pino où est-ce quon
le trouve ?
- Joëlle : Cè scritto pinolo e non pino.
- Instit. : Le pinolo quest-ce que cest
?
- Joëlle : È quello lì sul disegno (elle le montre du doigt
en touchant limage).
- Instit. : Où on trouve le pinolo , dans quoi
?
- Joëlle : (anticipant les autres dans la réponse) Sopra gli
alberi ! Sur les arbres !
- Instit. : Donc le pinolo se trouve dans
- Mathias : Le pigne.
- Instit. : Mais comment on dit en français: ça ? On savait
déjà le dire je crois
- Mathias : La pigne !
- Instit. : On dit la pomm
- Alessandro : Pomme.
- Instit. : Pomme de
- Enfants : De pin !
- Instit. : Oui, la pomme de pin. Bravo ! Donc, le pinolo
, cest la petite graine qui est cachée
dans
- Enfants : La pomme de pin.
- Joëlle : Come mela di pane! E vero che i semini sono
per gli scoiattoli?
- Enfants : E anche per il picchio
- Instit. : Bon, on va regarder notre livre
sur la première
page il y a
- Mathias et Joëlle : Le hérisson.
- Instit. : Comment est-il ce hérisson ?
- Joëlle : Il pique.
- Mathias : Petit.
- Instit. : Alors nous allons répéter. Le hérisson est petit
et il pique, et celui-là comment est-il ?
- Enfants : Est gros !
- Instit. : Carmela, tourne la page et fait attention, quest-ce
quil y a ?
- Lorenzo : Le loup !
- Instit. : Qui a fait ce joli dessin du loup ?
- Joëlle : Cest moi !
- Instit. : Et là quest-ce que vous avez dessiné ?
- Mathias : La maison.
- Instit. : Ah, daccord la maison du loup, cest
le terrier !
et le loup pique-t-il ?
comme le hérisson ?
- Joëlle : No, non ha le punte
- Instit. : Il na pas de piquants mais quest-ce
quil a ?
- Mathias : Une queue
- Joëlle : Grande.
- Instit. : Le loup a une grande queue... Tommaso, toi quest-ce
que tu as dessiné ?
- Enfants : Orso.
- Lorenzo : Cè scritto ORZO non orso.
- Instit. : En français on dit : OURS . Tournons la page et
il y a
- Mathias : La volpe !
- Joëlle : Si dice renard.
- Instit. : Oui le renard
et quest-ce quil
fait ?
il est sur
Lorenzo : La roccia
- Instit. : Oui sur le rocher.
- Mathias : E qui cè la pietra vicino alla tana.
- Instit. : Voyons maintenant le dessin que Carmela a fait
- Carmela : Il picchio.
- Joëlle : Le pic.
- Instit. : Vous souvenez-vous comment fait le pic pour manger
les petites graines des pommes de pin ?
- Enfants : Siiiii.
- Tommaso : Mette la pigna nei buchi dellalbero
Remarques - Il y a dans ce texte de beaux exemples
de relance, de questionnement et de reformulation, en français,
de la part de linstitutrice.
La petite qui a traduit pomme de pin in
mela di pane a déjà su segmenter le nom, en démontrant
ainsi une bonne sensibilité à la langue ; elle sintéresse
déjà au mot et pas seulement à lobjet.
On voit aussi très clairement ce que signifie construire une
phrase à plusieurs : chacun écoute ce que dit lautre,
le comprend, le poursuit. Par exemple, au début, linstitutrice
dit : Quest-ce quon voulait faire ? Mathias comprend
ce quon voulait faire , il ne le répète pas
et il poursuit :
Le livre des animaux . Joëlle comprend on
voulait faire le livre des animaux et elle poursuit :
du bois . |
|
CHALLAND-SAINT-VICTOR
Le but de lactivité est dinventer
une histoire en français pour la représenter dans le coin du
petit théâtre.
On est arrivé à
la 6e Séance du projet. Lhistoire est terminée !
Les enfants ont participé activement aux dernières séances.
On doit trouver maintenant une stratégie pour leur faire prendre
confiance en soi, pour faire face à la difficulté de ne pas
comprendre ou davoir peur de se tromper en français.
Contexte
Les enfants de 4 et de 5 ans participent à linvention
des dialogues. Matériel employé: tableau de récapitulation.
Situation problème
Faire parler les personnages de lhistoire
les enfants doivent se représenter un ou plusieurs moments
de lhistoire.
Objectifs
Produire de simples phrases pour expliquer une situation,
un événement lié à lhistoire inventée ou bien lié
au vécu personnel de lenfant.
Activité cognitive del'enfant
Observer et analyser ; récupérer des connaissances déjà
acquises ;coopérer avec les copains à la construction
de lhistoire.
Aide langagière de l'institutrice
Orienter la discussion en posant des questions, par exemple:
Où se passe lhistoire?
Que font les enfants? Que dit le petit oiseau?
Que pense-t-il ? |
Pour donner un
point de départ, l'institutrice fait remarquer que dans les
bandes dessinées (que les enfants connaissent car il y en a
beaucoup dans leur bibliothèque) les personnages parlent quand
on voit des "nuages"
Et si nous réalisions
nous aussi des nuages ?
Après une suite de questions/réponses, l'institutrice écrit
les phrases définitives selon les indications des enfants :
- Instit. : Où se passe l'histoire ?
- D. : De petit oiseau.
- So. e St. : L'abbiamo inventata nous.
- A. : Vicino alle maisons.
- St. : In campagna.
- So. : Dans le ciel azur.
- G. : Dans le pays.
- B./b. : Oui, il nostro.
- Instit. : Quand, à quel moment de la journée ?
- So. : Quand iet le soleil.
- D. : Le matin.
- G. : Oui le matin qui vont in giro les oiseaux avec papa,
maman, et petit oiseau.
- Instit. : Qu'est-ce quil dit papa ?
- G. : Il dit, les fleurs sont belles.
- So. : Il avait visto des fleurs.
- St. : Perché ont vu des fleurs de toutes les couleurs: bleus,
jaunes, rouges, blancs.
- Instit. : Que dit maman ?
- So. : Oh, papa, come sarebbe bel essere dei fiori!
- A. : Des fleurs.
- St. : Ma siamo des oiseaux et pas des fleurs.
- Instit. : Qu'est-ce quil pense petit oiseau ?
- B./b. : Petit oiseau non écoute papa et maman, il pense
- Instit. : Pourquoi ?
- D.: Non ha niente da dir.
- G.: Gli manca un ami.
- So. : Vede une école maternelle et pense que là iet sont des
petits oiseaux.
Contrairement aux premières séances les enfants font des efforts
pour s'exprimer en français. Le commentaire des dessins continue.
Instit. : Qu'est-ce quil fait petit oiseau ?
G. : Petit oiseau vole et arrive à l'école maternelle.
S. : Fait toc toc à la fenêtre.
Instit. : Pourquoi ?
S. : Per saluter les enfants.
G. : Per salutarci e perché vuole da mangiare, ecco! Il mangiare
lì (indica il davanzale della finestra) non l'abbiamo più visto.
St. : Forse Vitalina l'ha buttato via, lei per fare i lavori
apre le finestre.
G. : Ma va! È petit oiseau che l'ha mangé !
D. : Pourquoi il veut le pain.
Instit. : Et les enfants
qu'est-ce qu'ils pensent ?
So. : Pensent a dare a petit oiseau da mangiare, sennò può essere
che va alle scuole elementari.
G. : Petit oiseau vuole da mangiare perché forse è già andato
in tutti i paesi, poi a Brusson, e poi è venuto qua.
St. : Quindi, forse, l'hanno fatta anche loro la storia di petit
oiseau oppure anche una di petit lapin?
Instit. : Qu'est-ce quils disent les enfants quand petit
oiseau leur parle ?
G. : Où tu vas ?
St. : Da dove vieni?
G. : E poi
St. : Que fais-tu ? Mi è venuto dalla canzone del lupo!
Instit. : Qu'est-ce quil répond petit oiseau ?
St. : Je suis felice di venir a salutarvi, les enfants, sont
très curieux
veulent savoir d'autres choses.
D. : Qu'est-ce que tu fais avec tes amis ?
D. : Joue au ballon
raconte une histoire.
G. : Petit oiseau dice che cosa state facendo? Stiamo parlando
di te, facendo la storia su di te, adesso devo andare a giocare
con i miei amici uccellini.
Instit. : Essayons un peu de le dire en français !
G. : Vado a giocher con i miei amis.
S. : Petit oiseau vole, trouve l'ami et dit: oh ! Ami ! Non
posso stare qua tanto perché devo aller.
Instit. : Que dit petit oiseau aux enfants ?
D. : Tanti ciao da petit oiseau.
St. : Au revoir.
So. : Ciao.
G. : Ciao.
À la 7e séance, le recours à linterlangue est toujours
moins fréquent.
Instit. : Petit oiseau quitte les enfants
Où va-t-il ?
St. : Va dans le nid.
S. : Vole et va dans le nid.
D. : Vole dans le nid.
S. : Va dans son nid.
Instit. : Qui rencontre-t-il ?
St. : Beaucoup d'hirondelles.
Instit. : Qu'est-ce qu'ils se disent ?
So. : Comment ils sont beaux les petits oiseaux !
Instit. : Et les petits oiseaux ?
So. : Comment sont belles les hirondelles !
Instit. : Qui cherche-t-il petit oiseau ?
G. : Petit oiseau cherche un ami pour giocher.
S. : No pour jouer avec la famille.
St. : Pour non essere seul.
D. : Petit oiseau cherche le cibo.
Instit. : Vous avez dit que petit oiseau veut un ami, comment
peut-il faire ?
S : Petit oiseau va faire un vol dans le ciel et quand il incontre
un altro petit oiseau il dit: "ti vo vegni mon ami?"
; l'autre répond: "oui".
G : Come ti chiami?
Instit. : Dis-le en français, tu sais bien !
G. : Comment tu t'appelles?
St. : Je m'appelle Cip.
Instit. : Les deux petits oiseaux deviennent des amis. Que feront-ils
?
G. : Petit oiseau et Cip jouent a nascondino.
S. : Petit oiseau dit : "oh un nid ! Mi
nascondo dedans".
Instit. : Tout à coup un aigle arrive
que peut-il se passer
?
D. : Cip dit : petit oiseau aide-moi !
St. : Jai faim, Oh ! un petit oiseau
dit laigle.
Les deux oiseaux volent très vite et arrivent dans le nid où
il y a papa et maman.
(Conclusion de lhistoire partagée par tout le monde)
Remarques - On peut constater les niveaux de
compétence langagière atteints dans les réactions des enfants
aux sollicitations à parler en français, dans les contributions
de chacun à la construction dun texte oral commun : ils
sécoutent, ils se complètent, ils pensent ensemble. Même
quand la réponse est unique il y a des variations personnelles,
et toutes sont exactes. Quand le projet de dire est long et
complexe, lenfant ne peut pas à la fois gérer tout ce
quil veut dire et le dire en français : il y a surcharge
cognitive. Le français est abandonné pour litalien. Mais
à mesure quil connaît mieux ce dont il parle, il devient
capable de produire des énoncés longs et complexes en français.
On voit bien ici la relation étroite entre apprentissage et
développement des compétences langagières.
|
FÉNIS
La construction dun parcours est
proposée aux enfants de trois et quatre ans et, en particulier,
une consigne précise est donnée : Construisez et faites
un parcours, mais pas seulement
On doit parler en français,
expliquer en français, et les institutrices peuvent vous aider
.
Objectif général de lactivité:
* stimuler le développement de la compétence langagière
Objectifs métacognitifs: * stimuler le contrôle
de la tâche
Objectifs
langagiers: * parler aux enfants de ce quils
font
* reprendre leurs phrases et les compléter en Langue
2
* demander aux enfants dessayer de dire en Langue
2
Objectifs dapprentissage:
* développer la capacité de concevoir des stratégies
motrices
* améliorer la coordination motrice générale |
Trois enfants et
linstitutrice construisent un parcours de psychomotricité
en utilisant plusieurs objets. Il sagit de construire
un long train dans lequel tous les enfants vont sasseoir
en attendant de faire le parcours. Un seul enfant à la fois
fait le parcours et les autres peuvent laider à sexpliquer
en Langue 2.
Linstitutrice explique clairement aux enfants de 4 ans
quils doivent essayer de commenter en français les actions
quils vont effectuer, tandis que les plus petits sont
accompagnés, du point de vue linguistique, par linstitutrice
pendant le déroulement du parcours.
Instit. : Qui parle et qui montre ce quon fait ? Qui va
parler ? Moi je vais vous aider. Toi Rémy, et toi Chloé tu aides
Rémy. Si tu ne sais pas le dire en français je peux vous aider...
Daccord ? (lactivité est cadrée)
Rémy et Chloé : Oui.
Instit. : Qui fait le parcours ?
On peut commencer
Alors écoutez
(Une fillette de 4 ans commence le parcours)
L. : Qua si parte. Ici on part... si deve fare pallacanestro.
Instit. : En français
on part dici e
L. : Camminare.
Instit. : Tu vas le dire en français. Quest-ce quon
fait là? Comment on dit? Qui sait laider ?... Comment
on dit camminare ? (Questionner)
Chloé : Marcher !
Instit. : Ou bien
on marche où ?
Rémy : Sur les blocs.
Instit. : Elle a pris quoi ? Un bloc ? (Questionner)
M. : La palla.
Instit. : Et en français ?
L. : è rossa.
L. : Le ballon rouge et
Instit. : Il doit rester où ?
Rémy : Sur le bloc rouge. Elle lance le ballon rouge dans
Instit. : Dans le cône. (Anticiper)
L. : Dans le cône.
Chloé : Faire le slalom.
L. : On passe... sopra.
Rémy : Elle marche sur les lunes.
Instit. : Oui... en équilibre sur les lunes
et après...
elle marche... (Reformuler)
L. : Elle passe sur le pont................ (Attendre)
Instit. : Elle glisse sur le... (Anticiper)
Rémy : Toboggan.
Instit. : Elle glisse sur le toboggan
Et maintenant cest Rémy qui va faire le parcours... Rappelle-toi
que tu dois parler en français.
Chloé : Marcher sur les blocs.
Instit. : Et
je lance
Rémy : Je lance le ballon dans le cône.
Rémy :
lo slalom... je le slalom... je fais le slalom...
Instit. : Et là?
Rémy : Passo sopra.
Chloé : Passer sur les lunes.
Rémy : Je marche sopra les lunes.
Instit. : Et là ? Tu dois sauter ou non ? Dis-le bien !
Rémy : Je saute.
Chloé :
sur les lunes.
Instit. : Et là?
Rémy : Je passe...
Instit. : Où ?
Rémy : Je passe... sotto.
Instit : Tu passes sous... (Aider à formuler)
Rémy : Je passe sous le pont.
Instit. : Et maintenant ? (Encourager)
Rémy : Scivoler giù le toboggan.
Instit. : Mais comment on dit scivolare ? ... Glisser.
(Corriger)
Rémy : Je glisse sur le toboggan.
Remarques
- On peut facilement constater que L. est actuellement dans
une interlangue de traduction : il commence en italien, pour
être plus sûr de ce quil va dire, et ensuite il le dit
en français. Il passe à la Langue 2 soit directement, soit quand
linstitutrice relance. Avec lui, il est conseillé de ne
pas insister pour quil parle directement en français ;
sa stratégie actuelle demande quil soit rassuré dabord
en italien, car il a besoin de prendre son appui et son élan
sur sa langue maternelle. On peut constater aussi que Rémy a
une bonne maîtrise de la langue française, quand il regarde
tout simplement les autres. Quand il fait lui-même lexercice
il utilise plus naturellement la langue maternelle, ou linterlangue.
Cest difficile dêtre à la fois attentif à ce quon
fait et à ce quon dit. En ce qui concerne lorganisation
de lactivité, on peut constater quun souci important
est donné à la présentation de la tâche, à lorientation
des élèves vers tout ce quils doivent faire. Tout le groupe
est concerné simultanément : même quand on nest pas en
premier sur le parcours, il faut regarder, observer, suivre,
se préparer à aider, prêt à donner les mots qui manquent. Une
activité centrée sur le langage est dautant plus efficace
quelle est bien cadrée. Linstitutrice a défini avec
les enfants les modalités de la tâche et identifié les compétences
auxquelles on peut recourir (Chloé, Rémy).
Thierry, un autre
enfant de 4 ans, commence le parcours.
- Instit. : Quest-ce que tu fais ?
- M : La palle.
- Thierry : La palle.
- Instit. : Mais non !... Cest
- Thierry : Le ballon.
- Instit. : Et de quelle couleur est-il ?(Questionner)
- Thierry : Rouge.
- Instit. : Et que fais-tu avec le ballon rouge ? (Relancer)
- Thierry :
- Instit. : Tu le lances ou tu le tiens dans les mains ? (Relancer)
- Thierry : Tiens dans les mains.
- Instit. : Quest ce que tu fais avec le ballon rouge
?
- Thierry : Lo butto nel cestino.
- Instit. : Et en français ? Tu lances le ballon dans le panier
! Dis-le !
Remarques
- Voilà un bon exemple daide-tutelle : linstitutrice
ne dit pas répète ; en disant dis-le
elle oriente plutôt lenfant vers une prise de parole à
la première personne.
- Thierry: Je lance
le ballon dans le panier
- Instit. : Avant de commencer...
- Thierry : Marcher sur les lunes.
- Instit. : Mais tu devrais dire Je marche... (Corriger)
- Thierry : Je marche sur les lunes.
- Instit. : Et là ?
- Thierry : Je saute...
- Thierry : ... Poi vado sotto il ponte.
- Instit. : Tu dois le dire en français... Je vais taider
Tu passes sous le pont.
- Thierry : Je passe sous le pont.
- Instit. : Et après ?
- Thierry : Je glisse.
- Instit. : Où ? (Relancer)
- Thierry : Sullo scivolo.
- Instit. : Mais comment dit-on scivolo en français
?
- Thierry : ...
- Chloé : Toboggan.
- Thierry : Je glisse sur le toboggan.
Remarques
- Thierry a une bonne compétence langagière en français, il
est même capable de transformer tu lances en je
lance et marcher en je marche
; mais, quand il doit parler en même temps quil agit,
il passe à litalien et cest seulement si on le rappelle
sans cesse à la tâche quil fait voir quil est capable
de parler français. Cela indique qu aller au bout dune
compétence nest pas une chose acquise une fois pour toutes.
Mais, quelle que soit la situation, le rôle de tutelle de lenseignant
consiste à apporter laide suffisante pour que lenfant
puisse aller le plus loin possible.
- Instit. : Maintenant
tous les enfants vont faire le parcours. Vi dico le regole...
Cest Serena qui commence.
Serena a trois ans et commence le parcours : cest linstitutrice
qui commente les actions que Serena accomplit.
- Instit. : Serena monte sur les blocs, elle marche, elle prend
le ballon et le lance dans le panier. Lance le ballon.
- Serena :
- Instit. : Serena a raté le panier ou elle a bien lancé le
ballon ?
- Enfants : Bien lancé.
- Instit : Elle a bien lancé le ballon. Maintenant elle fait
le slalom. Serena monte sur les lunes et elle marche sur les
lunes. Maintenant tu sautes... oh... elle a sauté. Elle passe
sur le toboggan et pour terminer elle glisse sur le toboggan.
Glisse Serena !
- Instit : Maintenant cest à Nelly de faire le parcours
Remarques
générales Ce qui caractérise la motricité cest
quelle est dautant plus efficace, quelle est
automatisée. La manière selon laquelle les enfants vivent un
geste moteur est une espèce de continuité temporelle entre le
moment du début et le moment de la fin. Pour découper la continuité
de laction il faut poser des mots et à partir du moment
où on introduit des mots on introduit des perturbations dans
lenchaînement des mouvements. Le beau geste continu se
transforme tout de suite en hésitation. Ce découpage ne peut
être que langagier et ne peut être introduit que de lextérieur,
parce que celui qui agit na pas la représentation de la
discontinuité. à partir du moment où on a introduit des mots,
on a signalé à lenfant des enchaînements moteurs qui ont
chacun un début et une fin.
En découpant, on permet à lenfant de maîtriser, de modulariser
chacune de ces unités motrices (Bruner). Lenfant essaie
de devenir expert dans les différents gestes moteurs et cest
seulement ainsi que leur représentation se construit progressivement.
On ne peut pas sattendre à un passage direct de laccompagnement
verbal à la prise de parole. Entre les deux il faut le temps
des actions répétées et commentées ; elles aboutiront à la construction
de lunité conceptuelle de chacun des gestes moteurs et
à leur définition.
|
FÉNIS
Une rencontre avec
les camarades de lécole élémentaire est organisée à lintérieur
dun plus vaste projet de continuité.
17 avril - Au cours de cette rencontre, en grand groupe, une
lecture a été proposée : cétait lhistoire de
Puce , du recueil Valentine va à la bibliothèque. Pour
permettre à tous les enfants de bien voir les images, un tableau
lumineux a été utilisé. Les enfants ont démontré quils
samusaient aussi bien pendant la lecture que pendant le
moment de dramatisation.
24 avril - Lhistoire a été reprise en grand groupe
: tandis quune institutrice tournait les pages, les enfants
produisaient le texte. Ensuite, la classe a été partagée en
deux groupes afin dinventer deux conclusions différentes.
Ils ont su faire voir quils étaient en mesure de produire
des phrases assez complètes. Voici les deux textes inventés.
Fin n°1
- Le chat a peur de Puce,
il échappe derrière larbre.
- Puce iuc aller à la mer et Puce fait peur au poisson.
- Le poisson salta fuori de leau.
- Marie-Joséphine et Puce vont dans la forêt.
- Léléphant est beaucoup grand.
- Marie-Joséphine et Puce ont peur de léléphant.
- Marie-Joséphine et Puce échappent de léléphant.
- Marie-Joséphine il pêche le poisson spada et prépare da manger
pour Puce.
- Puce mange comme léléphant et devient grand et amis.
Fin n° 2
- Puce il est andé à lécole
materne et maintenant cest addormenté.
- Puce aller à la banque.
- Marie-Joséphine est andé à prendre Puce à lécole.
- Marie-Joséphine va dans le parc avec Puce qui est deventé
petit.
- Le chat séchappe pourquoi a peur di Puce.
- Puce petit cest allé au supermarché avec Marie-Joséphine.
- Puce aller à la banque.
- Marie-Joséphine solletiqué a Puce dans la maison.
- Puce est en montagne et voit les pecores, un chien et un enfant.
- Puce regarde les lapins in montagne.
- Puce cest petit, quand il descend de la montagne aller
à la maison.
- Puce il est devené petit non fa più peur aux personnes.
- Puce il salle sur la montagne et puis il fait de tante caca.
Remarques On peut constater que les enfants
visent à faire des phrases complètes et pour ce faire ils utilisent
les ressources linguistiques quils ont, avec des mots
en italien et même en patois. Ils font aussi des phrases plus
articulées et ils sinspirent mutuellement. Cela dévoile
des compétences précises. Premièrement, ils sont capables de
suivre, cest-à-dire daccompagner mentalement les
copains qui parlent pour pouvoir donner le bon mot au bon moment,
pour achever une phrase incomplète, ou bien pour différencier
au maximum les possibilités de conclusion. Suivre veut dire
écouter, faire la synthèse de ce quon entend et se mettre
à penser en même temps. On ne sait pas si cette compréhension
et cette synthèse sont faites intérieurement en Langue 1 ou
en Langue 2 ; mais vraisemblablement une circulation entre les
deux langues existe et elle est très rapide.
Elle dévoile également que ces enfants, pour leur âge, sont
sur la bonne voie pour devenir de bons parleurs.
|
Léquipe qui a conduit
cette recherche
Rita Decime - Coordinatrice du groupe.
Anne-Marie Ragot - Membre expert. Professeur de psychologie à lIUFM
de Saint-Germain-en-Laye.
Institutrices à lécole Maternelle dAymavilles
Manuela Berlier
Michèle Besenval
Institutrices à lécole Maternelle de Sarre - Chef-lieu
Marina Clos
Paola zavani
Institutrices à lécole Maternelle dAoste - Rue-de-Paris
Mariarosa MAURO
Institutrices à lécole Maternelle de Fénis
Paola Avenatti
Enrica Bancod
Daniela Minuzzo
Irene Tolosano
Institutrices à lécole Maternelle de Verrayes - Champagnette
Manuela Coutier
Institutrices à lécole Maternelle de Chambave
Gioconda Bancod
Institutrices à lécole Maternelle de Challand-Saint-Victor
Rosa Thiebat
Claudia Thiebat
Institutrices à lécole Maternelle de Challand-Saint-Anselme
Chiara Fosson
Marisa Sarteur
Dautres institutrices ont participé aux rencontres avec le membre
expert.
|
|
|