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Dossier Théorie/Pratique
A.L.I.C.E. - 3e document
d'étape
Presentazione
La riflessione e la ricerca del gruppo delle insegnanti valdostane
coinvolte nel progetto Alice è proseguita anche nel corso del 2002 e si
è ulteriormente affinata. Come già per i due dossier precedentemente pubblicati
(LÉcole valdôtaine n. 50 e 55) sua caratteristica è lintenzione
di mettere in relazione gli elementi assunti dalla letteratura scientifica,
con le attività organizzate in classe; meglio ancora di rivedere criticamente,
con il supporto delle registrazioni audio e video, come in una sorta di
moviola, i comportamenti agiti per verificarne la coerenza rispetto allimpianto
metodologico predisposto e lefficacia. Non solo condivisione di
programmazione, di conduzione del lavoro, ma anche estrema disponibilità
ad una rilettura critica, aperta e diffusibile delloperato di e
da parte di ogni componente delléquipe didattica, in un atteggiamento
libero e originale di sperimentazione.
Colpisce proprio questa lucidità, che porta a rivedere con spregiudicatezza
il proprio operato lontano da ogni giudizio semplicistico, ciò che conta
è indagare se gli interventi educativi, analizzati frase per frase, siano
effettivamente i più opportuni. Lavorare per un triennio ad un progetto
di ricerca-azione ha avuto, tra gli effetti indotti, quello di consentire
alle insegnanti coinvolte di interiorizzare maggiormente gli elementi
teorici alla base dellipotesi di lavoro, tanto da farne premesse
naturali dellintervento.
Trapela dalle sequenze trascritte come le educatrici si rappresentino
le strategie linguistiche usate, scelgano la tipologia dellinterazione
allinterno del loro fornitissimo kit di intervento (ripetere, rilanciare,
riordinare, riformulare in L2, domandare, regolare, alternare in L1, anticipare,
attendere in silenzio, incoraggiare
) e impostino lazione.
Poi, come si potrebbe pensare possibile solo nel mondo del calcio professionista
(con ben altri guadagni!) rivedono au ralenti la sequenza, la
smontano nelle sue componenti linguistiche, cognitive e relazionali e
la ricompongono per affinare ulteriormente gli schemi di gioco.
Lavoro di squadra, quindi, e serio allenamento teorico per il pregevole
risultato qui presentato, le cui linee di fondo risultano, inoltre, coerenti
con le tematiche affrontate in questo numero de LÉcole valdôtaine:
le lingue come strumento per la costruzione dei saperi e il
ruolo della lingua parlata nellazione educativa.
Parler avec lenfant, laider à trouver les mots et les
formulations pour apprendre à réfléchir sur ses actions et sur ses activités,
petit à petit en L2 aussi, ecco un buon inizio di partita per ogni
alunno delle nostre scuole.
Giovanna Sampietro
Le projet Alice (Autonomie : un Laboratoire pour lInnovation
des Contextes Éducatifs) a connu une troisième année de travail, car une
réflexion plus spécifique sest rendue nécessaire pour mieux insérer
la recherche dans la réalité du système scolaire valdôtain. Celle-ci avait
déjà laissé entrevoir la place que la langue française peut occuper dans
le parcours dapprentissage du jeune élève ; il sagissait donc
dapprofondir cet aspect. La nouvelle expérience a pu démarrer au
mois de mars 2002 et elle sest conclue avec la fin de lannée
scolaire.
Le principal objet dapprofondissement a été lintroduction
de la langue française dans des stratégies méthodologiques proches de
celles qui ont caractérisé le travail des deux années précédentes. Les
principes de base ont été les suivants :
concevoir les activités pédagogiques comme des projets ou des situations
de résolution de problèmes ;
viser la construction collective des connaissances à travers les
échanges entre enfants ;
favoriser chez les élèves la prise de conscience de leur activité
mentale.
Ces principes méthodologiques ont été adoptés par les institutrices dès
le début de lannée scolaire, avant même que cette troisième phase
de la recherche ne sorganise, en démontrant ainsi une certaine maîtrise
des compétences acquises. À la première séance, les enseignantes ont évoqué
leur travail de la manière suivante, car elles avaient déjà entrepris
des projets, peut-être moins importants que ceux des deux années précédentes,
mais reposant sur les mêmes principes :
réflexion collective pour organiser et planifier le projet ;
attention portée sur le travail cognitif des élèves ;
exploitation des différents apports pour le déroulement du projet
;
adoption et utilisation des tableaux de récapitulation ;
participation des enfants à lévaluation de lactivité.
La question posée dès le début était de savoir si le fait
de développer ces principes en français signifiait mettre sur pied un
projet spécifique dans cette langue, ou plutôt lutiliser dans le
projet de la classe. En situation déducation bilingue, il ne sagit
pas de juxtaposer deux projets différents dans chacune des langues, mais
de faire intervenir la Langue 2 dans le projet général que lon veut
planifier. Lorientation générale a donc été de faire avec le français
le même travail que lon fait avec la langue italienne. En fait,
ayant déjà expérimenté que lon peut profitablement utiliser la langue
pour réfléchir, pour anticiper, pour sorganiser, pour faire le point,
le bilan, etc., ayant déjà vérifié que le langage peut développer une
fonction régulatrice de lactivité, car il organise tout le travail
mental nécessaire à laction, il sagissait maintenant dintroduire
la langue française pour avoir un autre moyen daccompagner lenfant
dans lélaboration de sa pensée.
Le choix sest porté sur une même attitude méthodologique dans lusage
et dans lexploitation des deux langues. Donc, comme pour tout travail
développé en Langue 1, lattention sest portée sur trois niveaux dintervention :
commenter en français ce que fait lélève ;
paraphraser en français ce quil sait dire en italien à propos
de son activité mentale ;
solliciter lenfant pour quil se lance à sexprimer
en français, et ly aider.
Ces trois niveaux veulent démontrer que le français va être utilisé non
seulement pour parler pendant que lenfant travaille, mais pour parler de ce quil
fait, de ses choix, des difficultés qui le bloquent,
de ses progrès, de ses réalisations. Dans lensemble, il sagit
là dun travail bilingue avec tout ce que cela implique de micro-alternance.
Premier niveau : commenter
en français ce que fait lélève
On sait que, pour quun enfant puisse petit à petit prendre conscience
de ce quil fait, il faut quil y ait une voix extérieure pour
lui commenter ses actions. En effet, le langage intérieur de chacun est un langage
venu de lextérieur. Déjà Vygotsky affirmait que
la manière dont nous pensons est construite à partir de ce que les autres
disent de ce que nous faisons et de la manière dont nous le faisons .
Souvent, en classe, on dit aux élèves de réfléchir, et réfléchir signifie
mettre en mot ce quon fait ; mais la réflexion est comme un miroir,
limage quelle concrétise est dabord extérieure : ainsi
les mots que les enfants vont se dire dans leur tête ce sont dabord
les autres qui les leur ont suggérés.
Cest seulement lexistence dun langage intérieur qui
va permettre à lenfant de penser. Il sagit dune construction
faite essentiellement à partir des apports intentionnels des adultes.
En effet ces derniers peuvent avoir deux attitudes langagières ; si elles
ne sont pas en opposition, en tout cas elles sont très différentes : ils
peuvent parler à lenfant, ils peuvent parler avec lenfant. La première attitude consiste à parler pour lui dire des
choses, pour donner des conseils, pour faire des énoncés, pour organiser
la vie, en particulier pour régler son comportement. La deuxième attitude
suppose que la parole serve à exprimer des choses pour les connaître,
pour comparer des opinions différentes, pour se donner un objet de langage
commun, pour mettre lexpérience en langage. Parler avec signifie
parler ensemble de quelque chose, dun même objet concret ou dun
même objet mental.
Deuxième niveau : paraphraser en français ce que lélève
sait dire en italien à propos de son activité mentale
Il est donc utile de prendre du temps et de ne pas hésiter à parler aux
enfants de leur activité mentale. Ce niveau pourra se réaliser quand les
élèves auront démontré quils ont acquis la capacité de parler en
Langue 1 de leur travail, de ce quils sont en train de faire, de
comment ils le font, den anticiper la conclusion, den juger
le résultat. Il est nécessaire de sappuyer sur ce quils sont
en train de développer en langue italienne pour le leur reformuler et
le leur restituer en français. Il sagit dune reformulation
qui nest pas strictement une traduction. Elle peut ou ne pas lêtre,
mais en tout cas elle permet aux enfants dentendre tout de suite,
à propos du même objet, les deux langues. Une attitude efficace consiste
donc à savoir saisir les moments durant lesquels les enfants sont capables
de parler de ce quils font en Langue 1 pour pouvoir introduire la
Langue 2 comme un autre mode dexpression.
Troisième niveau : solliciter lélève pour quil
sexprime en français et ly aider
Ce niveau consiste à inviter lenfant à essayer de dire en français
ce quil est déjà capable de dire en italien à propos de son activité,
en lui donnant tout lappui nécessaire. Lapport de langue de
la part de linstitutrice continue efficacement, mais elle sappuie
toujours plus sur ce que lélève révèle de ses connaissances. Là
on peut jouer sur les interlangues, sur le passage rapide dune langue
à lautre ; et si lenfant a recours à ce type dalternance
cela signifie quil est en mesure dutiliser tout son répertoire
linguistique pour ne pas tomber en panne dénonciation. Il faut être
conscient que cette micro-alternance nest pas simplement une question
dembarras, mais quil sagit là dune stratégie cognitive
pour pouvoir aller le plus loin possible dans son raisonnement. Il ne
faut pas la craindre, il ne faut même pas la corriger tout de suite, car
cela pourrait entraîner une interruption du suivi de la pensée de lenfant
; il faut savoir plutôt mettre en évidence et valoriser tout ce quil
a su dire en Langue 2 et laider à poursuivre. Cest là le meilleur
aboutissement du travail pouvant être fait à lécole enfantine.
Ces trois types dintervention seront dautant plus efficaces
que lamorce et le développement de la discussion entre enfants seront
facilités, afin de pouvoir sappuyer sur la manière dont ils réagissent
les uns par rapport aux autres. En effet, il est intéressant de les faire
parler ensemble, et tout particulièrement quand on remarque quils
suivent des voies différentes dans leur travail. Ces observations permettent
de composer des groupes de parole de grande efficacité, car on parle
mieux de ce que lon fait quand on a en face de soi quelquun
quil faut convaincre. Linstitutrice comprend toujours, les
camarades beaucoup moins souvent.
Les institutrices ont bien explicité que dans leurs projets les objectifs
visés étaient de même nature que ceux des activités développées habituellement.
En effet, dans le déroulement des différentes expériences proposées, elles
ont prévu clairement :
des objectifs
dapprentissage ;
des objectifs
métacognitifs ;
des objectifs
langagiers (en essayant de franchir les trois niveaux précédemment
illustrés, selon lâge et les capacités des enfants).
Les objectifs dapprentissage
Il est utile de rappeler
brièvement ce que lon entend par objectifs dapprentissage.
Pour quil y ait apprentissage, pour que les expériences choisies
ou proposées, et qui peuvent être extrêmement riches, se transforment
en apprentissage, il faut que lon puisse identifier ce quon
a appris. Et ce quon a appris ce nest pas simplement ce quon
a fait ; cest ce quon sait de plus et de mieux par rapport
à ce quon savait avant. Quand on connaît clairement quels sont les
objectifs dapprentissage à poursuivre, on sait mieux à quel moment
intervenir, sur quoi mettre laccent, ce quil va être important
de définir, ce quon va fixer, ce quon va éventuellement évaluer.
Conduire lapprentissage
ce nest pas simplement conduire lactivité. La question que chaque instituteur
doit se poser : quest-ce que je veux que mes élèves sachent
à la fin de ce travail ou de ce projet ? aide à lier ce quon
veut réaliser avec les connaissances, les idées ou les hypothèses quon
avait avant. La définition de ces objectifs demande avant tout de tenir
compte de létat de savoir des élèves et lévaluation de ce
niveau de connaissances permet de déterminer les modifications à apporter.
Le but de lexpérience se présente alors comme une connaissance à
construire à travers un nouvel obstacle à franchir, un nouveau problème
à résoudre. (voir aussi LÉcole Valdôtaine, n. 50, p. 24-25)
Les objectifs métacognitifs
Parmi les objectifs
dapprentissage, les objectifs métacognitifs constituent un aspect
selon lequel une nouvelle acquisition se fixe chez lélève à partir
du moment où il prend conscience de ce quil fait. Déjà Piaget disait
que tout apprentissage dépend de
la prise de conscience.
En effet les apprentissages-incidents,
ceux que lon acquiert par hasard, peuvent avoir une certaine
stabilité, mais en général ce ne sont pas des apprentissages
aptes à être utilisés, transférés, généralisés. Dans la préparation
du travail en classe, lenseignant devrait toujours se
poser la question de savoir comment favoriser la prise de conscience
de la part des enfants sur ce quils sont en train de faire
; et donc denvisager le type dorganisation, danticipation,
de réflexion, de récapitulation qu il va proposer dans
le but de la favoriser au mieux. Il faut essayer de prévoir
toute une série deffets : la réaction des élèves, leurs
comportements, leurs intérêts, leurs difficultés et pour ce
faire il faut être conscient que la manière de se comporter
dans une activité est liée aussi à lusage de la langue
: on nentreprend pas la même activité, de la même façon
quand elle se déroule dans lune ou lautre langue.
On nutilise pas de la même façon ses compétences cognitives,
on ne sintéresse pas aux mêmes aspects de la tâche. |
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Un exemple pertinent pourra suffire. Quand une activité
est présentée et proposée aux enfants en Langue 2, ils mettent plus de
temps pour commencer. Cela veut dire que le travail de compréhension quils
mettent en route comporte plus dopérations que celui quils
réalisent en Langue 1. Comment alors mettre à profit ce temps darrêt
? Avec leur comportement plus attentif et prudent, les petits démontrent
quils sont en train de faire un travail de réflexion plus complexe
et cest le bon moment pour les aider à le faire au mieux. Comprendre
quil faut bien réfléchir avant de faire, cela est plus facile en
langue seconde quen langue maternelle.
Les institutrices ont pu facilement observer que quand une tâche devient
laborieuse, même les enfants plus grands, qui jusque là avaient essayé
dinteragir en français, se mettent à parler en italien et ce passage
est tout à fait naturel.
Parler en français à leur âge et avec les connaissances quils possèdent
occupe beaucoup de mémoire de travail et cela nest possible que si la tâche ne pose pas
trop de problèmes. Dès quil y a une complication, même sil
ne sagit que dune petite difficulté matérielle, cela vient
occuper toute la mémoire de travail. Celle-ci est parfois limitée à tel
point que le terme de surcharge cognitive a été inventé et quand cette situation se présente il est
souhaitable de poursuivre la tâche principale et dabandonner ce
qui nest pas lessentiel (doù la micro-alternance).
Il y a des situations au cours desquelles le fait dassumer à la
fois une tâche un peu compliquée et parler dans une langue autre que la
langue maternelle se situe au-delà des possibilités de traitement de la
mémoire, et cest au fur et à mesure que la langue va sautomatiser
que la mémoire est libérée.
Il est intéressant de réfléchir sur le problème de la sauvegarde en mémoire
de la consigne, cest-à-dire de savoir continuer
à travailler en se réglant sur un énoncé gardé bien présent à lesprit.
Toute vraie consigne suppose une organisation mentale de la tâche ; il
ne sagit pas dun ordre impliquant directement ce quil
faut faire, mais cela représente plutôt un but à atteindre, selon un certain
plan de travail. La condition de sa mémorisation est quelle soit
proche de ce que lélève peut se dire afin de passer de son énoncé
aux détails de lactivité quon analyse, quon prévoit
et quon prépare. Quand lenfant est aidé à accomplir cette
démarche, il dépasse la phase des tâtonnements et sa mémoire de travail
est aidée à se transformer en plan de travail. Naturellement, le fait de suivre
le plan élaboré comporte un effet de surcharge pour pratiquement tous
les enfants jusquà 5 ans. Le rôle de lenseignant est donc
de relancer le travail par rapport au plan prévu. Cest en cela que
consiste lintervention métacognitive pour les enfants de cet âge là : cest-à-dire une intervention
qui permet à lenfant dentendre de lextérieur les questions
portant sur lorganisation de sa propre mémoire de travail, mémoire
quil prendra de plus en plus en charge tout seul.
Les objectifs langagiers
Les objectifs langagiers
sont strictement liés aux précédents ; une certaine compétence langagière
dévoile une compétence cognitive et, vice-versa, toute compétence cognitive
se manifeste à travers une compétence langagière. Les deux compétences
se construisent donc en sappuyant lune sur lautre. On
a plutôt tendance à se représenter la compétence langagière comme étant
la capacité de formuler des énoncés complets ; mais dans la vie de tous
les jours, et surtout dans la vie dune section de maternelle, ce
quon appelle phrase est rarement un énoncé complet
et elle est rarement produite par une seule personne. À lâge de
lécole enfantine, la compétence phrastique est plutôt une compétence
dinterlocution et beaucoup moins une compétence de production complète.
Lusage dune Langue 2 est une situation très propice à cette
forme de coopération ; les petits ont parfois du mal à aller jusquau
bout de leur énonciation et les autres interprètent, complètent, anticipent,
faisant ainsi une véritable expérience de communication (quon nobtient
pas quand ils parlent rigoureusement à tour de rôle). On se trouve là
dans une situation vraiment vygotskyenne : on arrive à faire à plusieurs
ce quon narrive pas à faire tout seul.
La conjonction de ces trois objectifs
La Langue 2 donne une
grande contribution au développement cognitif de lapprenant. Lâge
de lécole maternelle est lâge où lapproche des concepts
commence presque naturellement, car lenfant commence à faire la
différence entre ce quil voit, ce quil pense, ce quil
ressent et les caractéristiques générales des objets, des situations,
des événements. Cela se développe surtout à travers un essai spontané
dactivités langagières qui est en effet un essai de définition.
Entre quatre ans et demi et six ans, les enfants essaient de formuler
le sens commun et partagé des mots, et ces tentatives sont à exploiter
au mieux, en Langue 1 bien sûr, mais aussi en Langue 2. Chaque fois que
dans une activité de projet on aboutit à un énoncé définitionnel, il est intéressant de le faire dans les deux langues. Le
fait de pouvoir définir quelque chose avec des codes différents contribue
fortement à fixer les concepts car ces derniers ne dépendent pas de la
manière dont ils sont dits mais ce sont des idées générales pouvant être
explicitées de manière différentes selon les langues pratiquées. Cela
contribue à détacher le concept des mots les plus familiers, et il se
transforme plus facilement en une idée générale caractérisée par des traits
définitionnels. Bien définir ce quon a fait ou ce quon est
en train de faire est donc très intéressant pour le développement cognitif
et pas seulement pour le développement de la langue : ces allers et retours
entre les différentes façons de sexprimer facilitent lacquisition
des concepts en tant quoutils de pensée et pas simplement comme
des mots. Naturellement, il est plus facile daboutir à des énoncés
définitionnels sur des objets ou sur des situations qui ont été travaillés
ensemble, sur une expérience partagée par tout le monde, que sur des expériences
personnelles pouvant être très différentes dun enfant à lautre.
Ce travail de définition facilite lélaboration conceptuelle et nous
amène à redéfinir la signification de compétence linguistique à lâge
de 5-6-7 ans ; lapprentissage bilingue ne signifie pas simplement
se familiariser avec un minimum de structures syntaxiques et de lexique.
La compétence des enfants, quand ils sont capables de se servir de deux
langues pour élaborer leur pensée, ne se traduira pas dans la performance
de formuler des énoncés parfaits ; elle se traduira dans le fait de pouvoir
utiliser aussi la deuxième langue comme un outil de travail, comme un
outil pour apprendre. Le problème important est celui de savoir reconnaître
des compétences qui ne se traduisent pas seulement au niveau de la production,
de savoir les évaluer au fur et à mesure que les activités didactiques
avancent et surtout au moment du passage des enfants dun niveau
décole à un autre : savoir les reconnaître pour pouvoir les utiliser
et les améliorer.
Voici quelques extraits des documents pédagogiques élaborés par les institutrices et des exemples
déchanges en Langue 2 au cours des activités. Ces échanges sont
brièvement commentés et analysés.
Rita Decime
Inspectrice technique à la retraite.
Au cours de sa carrière elle a été Institutrice à lécole élémentaire,
Directrice didactique de lécole maternelle, Inspectrice technique
et Surintendante des Ecoles. Elle a collaboré à la création de la méthode
Valentine et les autres et à la Recherche sur lécole
maternelle bilingue en Vallée dAoste. Elle a publié des articles,
notamment dans les revues: Lidil, Enfance, Le français dans le monde,
Éducation et sociétés plurilingues.
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