|
Voyage au Sénégal : le Sud du monde vu autrement
Existe-t-il une expérience plus formatrice pour des jeunes
aux cultures si différentes que celle que peut procurer la réalisation
dun vaste projet commun, et la rencontre sur place de lycéens piémontais
et africains ? Les élèves, véritables protagonistes du projet de coopération
décentralisé de la Ville de Turin.
LHISTOIRE DU PROJET
En 1999 la Ville de Turin, en collaboration avec le Centre
interculturel, a entrepris un programme de coopération éducative avec
le Sahel intitulé Riz, tô et tagliolini, cofinancé par la Région Piémont,
dans le cadre du Programme de sécurité alimentaire dans le Sahel.
Trois écoles italiennes ont pris part au projet : le lycée Regina Margherita
de Turin, linstitut Paolo Boselli de Turin, linstitut Vittone
de Chieri, ainsi que quatre lycées africains: le lycée Malick Sy de Thiès
(Sénégal), le lycée Ryalé de Tenkodogo (Burkina Faso), le lycée Malick
Sall de Louga (Sénégal), le Lycée Demba Diop de Mbour (Sénégal).
Les ONG turinoises CISV, LVIA et MAIS, actives depuis longtemps dans les
pays africains, ont facilité les contacts et ont joué le rôle de médiateur
entre les différents acteurs.
Sur la base de ces expériences, la Ville de Turin (secteur Coopération
internationale et Paix) a donné vie en 2001 à linitiative
De déchet à ressource qui a transformé un simple échange
scolaire en un projet de coopération décentralisée entre acteurs locaux.
Actuellement, ce projet est en cours de réalisation.
LES OBJECTIFS SPECIFIQUES
- Développer la coopération entre les institutions
locales, les ONG et les écoles, dans le but détablir des comparaisons
entre la ville de Turin et les villes sénégalaises et burkinabées,
au sujet de : différents modèles de consommation ; la description
et la quantification des déchets domestiques ; létude du lien
existant entre les modèles de distribution des produits alimentaires
et la typologie des déchets qui en dérivent ; lobservation des
conséquences sur l'environnement des déchets et le recyclage en général
; le recyclage de quelques matériaux pour la production artistique.
- Favoriser un travail partagé entre techniciens et
élèves pour l'analyse, l'évaluation et la création de projets de récupération
de l'environnement dans son propre territoire.
- Aider l'échange scolaire dans le but de parvenir
à comparer des expériences, des idées et des projets en impliquant
directement les jeunes.
- Évaluer et diffuser des expériences significatives
dans le domaine de la collecte et du recyclage des déchets.
Cet article ne prétend pas présenter toute la complexité
du projet. Il insiste plutôt sur lexpérience des écoles et sur les
réactions des élèves.
LACTION DES JEUNES
Au début de lannée scolaire 2001 - 2002, les écoles
de Turin, engagées dans le projet, ont commencé un parcours de connaissance
du problème des déchets et se sont donné des objectifs de travail destinés
à la diffusion de la culture du respect de lenvironnement et de
la sensibilisation à une consommation plus responsable.
Les écoles ont été impliquées dans des actions communes, et chacune a
également réalisé ses propres initiatives.
Le travail a débuté par une rencontre avec Quintatinta, une troupe
dimprovisation théâtrale qui a introduit le sujet au moyen dune
danimation.
Ensuite, une visite à la décharge de la ville a été organisée ; les élèves
lont appelée Magic shit tour. Cela a été le premier véritable contact
avec le problème de la collecte des ordures de la ville, une première
étape dans le monde des déchets.
Au premier abord, le fait de consacrer une journée entière
à la visite de la décharge ne nous attirait pas vraiment, même si cela
nous permettait de sortir de lécole pendant toute une journée. La
plupart dentre nous ne sattendait pas à vivre une journée
qui allait être décisive, capable de changer notre vie ou de nous la faire
voir différemment.
Le personnel de lAMIAT de Turin (la société qui soccupe de
la collecte des déchets urbains) a accompagné les élèves et a expliqué
le fonctionnement de létablissement, en soulignant les difficultés
de gestion et les différentes tentatives dinnovation.
Il faut dire que Turin, cest-à-dire nous tous, produit
une quantité considérable de déchets en continuelle augmentation puisque
nous voulons sans cesse consommer davantage.
On a appris que, très prochainement, notre immense décharge sera insuffisante
parce que son cycle est presque complet, et il va falloir trouver un autre
système pour traiter cette énorme quantité de matériel inutile. Inutile?
Peut-être quil nest pas vraiment inutile !
Puis il y a eu la visite du centre de décomposition des déchets organiques
de Borgaro Torinese pour voir de près la façon dont sont transformés les
déchets et les résidus ligneux non traités, en provenance des marchés,
des supermarchés, des cantines scolaires, des restaurants et des usagers
privés de Turin.
On nous a ouvert les yeux sur une nouvelle perspective : la
possibilité de réutiliser, au moins en partie, ce qui, apparemment, semblerait
ne plus être utile. Après lavoir lavé, trempé, broyé, tout ce matériel
se transforme en tas de terreau, prêt à fertiliser les terrains et à rendre
lagriculture plus productive. Ainsi, il devient à nouveau précieux
pour nous, même si nous avons le réflexe de nous boucher le nez à cause
de la puanteur.
Ensuite ce fut le tour de la visite de létablissement PUBLIREC à
Collegno où le bois, le carton et le fer sont rassemblés puis triés, pour
être ensuite envoyés aux fabriques de pinceaux, aux papeteries et aux
'ferrières', et où lon traite le plastique destiné aux producteurs
de biens de consommation et demballages.
Nous avons découvert que le plastique nest pas tout pareil
et quon peut le réutiliser en le recyclant, après lavoir transformé
en boulettes grises ou verdâtres. Ici, comme ailleurs, les machines sont
un précieux instrument pour récupérer et transformer ; mais même ici lactivité
manuelle du personnel est nécessaire.
Puisque le projet prévoyait, parmi ses objectifs, la réalisation dune
cassette vidéo de sensibilisation, les lycéens ont participé à une série
de rencontres avec des spécialistes des techniques de tournage et de montage,
pour apprendre à filmer lors des visites guidées et à transformer
en langage audiovisuel le matériel de la documentation en papier.
Grâce à la collaboration du metteur en scène Enrico Venditti, le résultat
final a été élaboré sous forme de documentaire dune durée de 20
minutes. Il contient aussi bien les images tournées pendant la visite
des décharges et dautres établissements, que celles relatives au
séjour au Sénégal. La cassette vidéo a été présentée aux sélections du
Torino Film Festival en 2002 et sera de nouveau proposée lors
du festival de Turin Cinemambiente en 2003.
UN REGARD VERS LE SUD LE VOYAGE AU SENEGAL
Lors de la deuxième phase du projet, les lycéens piémontais
ont travaillé à la préparation de léchange international avec leurs
partenaires africains : le voyage dune semaine au Sénégal, au mois
de mars 2002. Des rencontres de préparation au voyage ont été organisées
avec des volontaires du CISV (ONG de Turin) sur le thème du tourisme responsable
et du développement durable.
Le jour du départ est enfin arrivé. Une délégation de 12 élèves de trois
écoles secondaires, accompagnés de quelques professeurs, a participé à
linitiative. Les impressions et les émotions des lycéens à peine
débarqués en Afrique ont été des plus variées.
Je suis partie sans savoir ce que jallais trouver, javais
imaginé les routes, les gens et le paysage, mais limpact à laéroport
de Dakar a quand même été fort. Jai eu comme un choc, comme si mes
yeux voyaient réellement pour la première fois. À partir de ce moment
je me suis rendu compte que jétais arrivée dans un autre monde.
Je noublierai jamais mon premier impact avec lAfrique
Je venais de descendre davion, quand le vent chaud a traversé mon
corps, immobile, un frisson qui a duré quelques secondes interminables.
Une grimace incontrôlée a été ma première réaction, quand le vent chaud
a fait tomber sur nous lodeur de lAfrique, une odeur quon
ne peut pas raconter.
Je navais jamais ressenti une telle sensation auparavant !
Sur place, les lycéens ont dabord visité le lycée Malick Sall de
Louga, au nord du Sénégal. Ils ont été accueillis dans une ambiance de
fête, par des sketches, de la musique et un spectacle théâtral.
Pendant deux jours, Italiens et Africains ont eu loccasion de faire
vraiment connaissance. Chaque Sénégalais a invité un Italien chez lui,
et ce dernier a dû affronter, tout seul, les différences de culture et
de tradition.
À Louga, quand on ma dit que je devais passer une demi-journée
avec une jeune fille, dans sa famille, jai ressenti une émotion
très forte. Cela me paniquait
, je ne voulais pas y aller. Mais,
maintenant, je remercie le professeur qui ma obligée à my
rendre, parce que cela ma permis de vivre une expérience extraordinaire
! Penda, la jeune fille qui ma accueillie, ma prise par la
main ; elle sest arrêtée devant moi et, avec un sourire fantastique,
elle ma dit: Blanc et noir cest la même chose !
Je suis restée figée, mes yeux dans les siens, et je crois que tout le
monde sen est aperçu ; deux larmes ont coulé quand, en lembrassant
très fort, je lui ai répondu: Oui, il ny a rien de plus vrai
!
Puis nous sommes allées chez elle. Il est difficile de croire quautant
de monde puissent vivre ensemble ! Au Sénégal, lhospitalité est
une chose merveilleuse ! Chaque membre de sa famille ma accueillie
avec une immense joie et jai passé une journée magnifique, en ayant
limpression que le temps sétait arrêté.
Limpact avec lautre culture na pas été facile.
Au lycée, jai essayé de mintégrer : il y avait
des gens qui tressaient leurs cheveux, parlaient, dansaient, et jai
tenté de faire la même chose, mais, contrairement à dautres, je
me voyais différente et pas du tout à mon aise. Plusieurs fois jai
eu la sensation que jétais dans un autre monde ; pas à cause de
la couleur de ma peau. Cest la culture, ce sont nos traditions.
Notre deuxième destination au Sénégal a été la ville de Thiès et le lycée
Malick Sy, partenaire africain du projet.
Une jeune bénévole italienne qui travaille pour lLVIA
nous accompagne. Nous allons visiter la première entreprise de ramassage
différencié du pays : le projet pilote dune ONG. Là, seulement des
femmes y travaillent. Elles gagnent 20.000 francs CFA par mois, à peu
près 30 euro. Je vois la pauvreté. Parmi tout ce plastique de toutes les
couleurs entassé partout. Un plastique sale comme le visage de cette dame
occupée à ramasser la sciure dune machine qui broie les bouteilles.
Elle est vieille et jai limpression que dans peu de temps
elle cessera de peiner.
Sur le terrain, où gisent tous les déchets de nimporte quelle
nature, des animaux paissent. Ils avalent très souvent le plastique qui
les fait gonfler et mourir sur place, au milieu des gens. Ces animaux,
souvent malades, procurent, non seulement, leur viande aux humains, mais
aussi leurs troubles et des maladies. Cest une chaîne plastique-animaux-population.
Nous visitons la décharge de Thiès qui a fonctionné seulement pendant
quelques semaines, puis elle a été fermée à cause des plaintes des riverains.
Est-il possible dimaginer une ville de 30.000 habitants sans décharge
? Les déchets sont abandonnés dans la banlieue et la dégradation de lenvironnement
est considérable.
Le parcours de la délégation italienne sest terminé à Mbour, une
ville au bord de la mer où a été organisée la rencontre avec des élèves
sénégalaises venues lannée passée en Italie. La visite à lécole
a laissé tout le monde bouche bée : trois salles de classe y ont reçu
le nom des trois écoles italiennes impliquées dans le projet !
Nous avons écouté des contes de ce pays. Abdou Faye a présenté les deux
poésies et les dessins qui ont gagné le concours proposé par le lycée,
dont le thème est lenvironnement et le baobab . Ensuite,
il a raconté lhistoire de larbre magique. Le proviseur a demandé
à nos élèves de dire ce que cet arbre leur suggérait. On nous a parlé
de griot, desprits : de culture qui reste, qui respire autour de
nous.
Pendant laprès-midi les élèves se sont rendus dans la réserve animalière
de Bandia. Ses rhinocéros, ses girafes, ses gazelles, ses oiseaux, ses
tortues et ses crocodiles ont fasciné tout le monde. Le soir les Italiens
ont tiré de leurs sacs à dos les spaghettis et la sauce tomate pour cuisiner
un plat typique aux amis africains. Ces derniers ont proposé un bref spectacle
sur lenvironnement, sur lhygiène, sur la malnutrition ; le
tout, au rythme de sabar, de djembée et de kora.
Jai été très contente de visiter le safari avec eux,
dans leur car. Jai voulu entrer plus à fond dans leur monde. Le
car était bondé de gens qui parlaient et respiraient cet air lourd qui
sentait la sueur, le vieux, mais aussi leur odeur ; leur peau exhale une
odeur. Il y avait des gens, non seulement à lintérieur du car, mais
aussi au-dessus. En Italie ce ne serait pas possible. Chaque soir nous
rentrons à lhôtel épuisés par la chaleur, lourds et fatigués. Ce
nest pas à cause de la diversité, mais
je ne sais pas comment
lexprimer.
Lexpérience africaine a laissé une trace profonde chez les jeunes.
Ce voyage leur a fait toucher du doigt une nouvelle culture et connaître
directement la gravité du problème du stockage et du traitement des déchets
dans le Sud du monde.
Les réflexions des élèves nous font mieux comprendre ce que cette semaine
a représenté pour eux.
Au départ, je ne voulais pas laisser lItalie parce que
je ne voulais pas madapter et mintégrer dans un monde qui
nétait pas le mien et que jallais devoir laisser au bout de
dix jours. Ce voyage a été le plus beau et le plus marquant de ma vie.
Je ne pouvais pas imaginer cela avant mon départ ; cétait
impossible. Je peux imaginer les choses qui font partie de mon univers,
mais pas cela. Maintenant je me rends compte que mon esprit est petit
et il me semble que je suis un animal, un cheval avec des illères.
Jusqualors, je navais vu que mon petit monde. Jen ai
découvert un autre, mais jai encore limpression que jai
encore des illères car : combien dautres mondes aurai-je loccasion
de découvrir ?
Depuis mon retour en Italie, je vois les choses différemment. Cest
vrai, lAfrique ne laisse pas indifférent. Je frissonne quand je
pense que tant de pays pauvres comme les pays dAfrique sont impliqués
dans des guerres dévastatrices
Villages de boue contre grandes villes
Il est bouleversant de penser jusquoù peut arriver la méchanceté
humaine. Ces derniers jours, jai raconté une trentaine de fois cette
expérience, à trente personnes différentes, mais chaque fois je lai
fait en frissonnant, les yeux humides. On ma demandé: Et maintenant
que tu sais ce quest lAfrique, que tu as touché du doigt la
misère, tu voudrais vivre à nouveau cette expérience ?. Ma réponse
est immédiate: Évidemment !. Ces hommes et ces femmes sont
la VIE, la vie en lettres capitales. La vie qui palpite, tourbillonne,
vibre comme peut vibrer chaque partie de lAfrique. Jai fait
le plein démotions et je le ferais à nouveau, 10.000 fois. Cest
une expérience que tout le monde devrait vivre, surtout les seigneurs
de la guerre qui, chaque jour, se lavent les mains dans le sang
de pauvres gens innocents.
24-03-2002. Les mots pour expliquer tout cela nexistent pas,
les routes sont inondées dencens, percussions, islam, sensualité
et mille yeux ne seraient pas suffisants pour voir toutes les nuances,
je tassure que dans ce cas, ni le thé ni la ganja ne suffisent ;
je me rends compte que je narrive pas à penser assez rapidement
pour pouvoir assimiler les milliers dinformations qui arrivent sans
arrêt. Je crois que, pour les Européens cest particulièrement difficile.
Je voudrais que tu sois ici parce que je sais que je ne serais pas capable
de te faire imaginer tout cela; tu mas demandé de tenivrer
dhistoires, de te raconter tout le possible mais pour pouvoir le
faire je devrais, avant tout, comprendre ce qui mentoure et je nen
suis pas capable
.
07-04-2002. Comment peut-on parler de quelque chose qui na
rien à voir avec nos sons ? Comment peut-on décrire quelque chose qui
ne coïncide avec nos adjectifs ? LAfrique reste en toi comme un
coup de poing et te brûle. Dabord on croit avoir tout compris ;
ensuite on saperçoit que lon na rien compris, parce
que nous sommes toubab , nous sommes au-delà de trop de choses,
nous ne connaissons pas les limites ni les extrémités. Nous vivons des
voies moyennes parce que cest plus facile, mais ce nest pas
aussi beau. Chez nous le soleil nest jamais trop chaud, la faim
jamais insupportable, le ton de la voix jamais trop élevé, et le bonheur
jamais si enveloppant. Le Sénégal est doux, il nous accueille, et en même
temps il nous étourdit. Il est facile de se sentir libres, il est facile
de se faire tromper par sa sensualité, et si tu ne le veux pas, tu ne
découvres pas les colossales larmes africaines.
Je suis partie avec lidée que jaurais compris quelque chose.
Je suis partie en pensant connaître et, au contraire
, lAfrique
est indéchiffrable, bouleversante, elle a tout simplement effrité mes
certitudes. Maintenant, si je pense aux sourires, aux regards, jai
presque limpression dapercevoir une fine veine dironie,
comme sils voulaient me dire: Alors ? Tu limaginais
ainsi ? . Non, et comment aurais-je pu ? Un pays dans lequel la
danse, tout, est une claire invitation sexuelle.
Et pourtant il ny a pas de malice. Je nai jamais éprouvé lembarras
causé par le regard dun homme fixé sur moi. Cest le pays des
contradictions, du mystère. Tout y est mille fois plus direct et plus
immédiat quen Europe. Pourtant on ne peut pas en avoir une idée
claire. Il est impossible de comprendre.
Et notre pays ? Cest le pays du succès et de la médiocrité, de la
richesse et du capitalisme. Est-ce quun juste milieu existe ? Peut-on
être heureux sans mourir de faim ? Peut-on vivre de surplus et daccessoires
sans que langoisse et linsatisfaction prennent le dessus ?
Ou, peut-être, faut-il faire un choix radical ? Et, dans ce cas, quest-ce
quil faut choisir ? Trop de questions sans réponse, trop de confusion,
trop de pensées embrouillées, trop d incertitudes pour moi qui suis
si habituée à résumer, ranger, classer, schématiser, à avoir tout sous
contrôle
[
] dans le souvenir flou dune pluie
dargent le sentiment impitoyable dun retour manqué(Carmen
Consoli).
LA METHODE ET LES MOTS CLES DU PROJET
Ce projet prend toute sa signification seulement sil
est conçu et vécu comme un processus, axé sur quatre grandes idées principales,
idéales et pragmatiques en même temps.
Lélaboration participée entre les partenaires
Il sagit de créer
des espaces de communication, de collaborer et de négocier entre les partenaires
; de créer un espace relatif au projet, pour échanger des opinions, pour
choisir des solutions partagées pouvant être réalisées dans les municipalités
intéressées au projet. À la base se trouve lidée de partenariat
qui permet aux acteurs de participer au processus de développement, sur
un niveau dégalité.
Dans notre cas, les rapports entre le Nord et le Sud ont favorisé aussi
bien des alliances horizontales Sud-Sud (les municipalités avec leurs
écoles, les municipalités entre elles) que celles Nord-Nord (les écoles
avec les autres écoles, la mairie de Turin avec ses lycées), pour solliciter
les relations déchange.
Le partenariat est un rapport qui va bien au-delà de la simple rencontre
; il sagit dun véritable contrat prévoyant les
règles de la relation et des attentes, présentes dans nimporte quelle
relation.
Au cours de la première année de vie du projet De déchet à ressource
beaucoup dénergie a été dépensée pour expérimenter et fortifier
ce point de méthode. Nous étions conscients quelle devait être la
base solide sur laquelle il serait possible de construire la suite.
La conscience de tous dappartenir à une même planète
Sans oublier les problèmes
de lenvironnement qui concernent le Nord comme le Sud du monde,
il en va du futur de notre planète commune. Et notre planète a besoin
de la mobilisation de tous.
La participation des jeunes
Ce sont les jeunes
les véritables acteurs. Ils peuvent convaincre les gens de leur âge et
même leurs familles.
Limplication des jeunes, en Italie comme en Afrique, a apporté un
surplus de créativité et de fécondité au projet, ce qui a permis dintroduire
des innovations méthodologiques:
- limprovisation théâtrale, pour une approche
stimulante du thème ;
- la réalisation dun Forum, pour faciliter la
communication entre les jeunes et avec les adultes (les autorités
de la municipalité et les entreprises de stockage des déchets) ;
- la réalisation dun film vidéo et la participation
à des festivals de cinéma ;
- la présence à la manifestation "Identité et
Différence", à Turin, en qualité danimateurs pendant des
moments de sensibilisation ;
- des actions locales de démonstration : pour nettoyer
lécole ; pour nettoyer le quartier.
Le laboratoire dinterculture
Il ne sagit nullement dune notion abstraite et idéologique,
mais dune action pratique pouvant amener des changements réels dans
la façon dagir et de penser. Car cest à travers linteraction
et léchange quil est possible dapprendre et aussi daméliorer
sa façon dagir, au Nord comme au Sud du monde.
Dans les projets de coopération décentralisée, il est nécessaire de prévoir
des lieux pour penser , de programmer et de réaliser des
moments de réflexion liés à laction.
Prenons un exemple. Au retour, les élèves italiens ont réfléchi sur la
manière dont leurs camarades africains étaient intervenus dans le projet
au niveau local. Les objectifs poursuivis par les jeunes africains se
sont révélés plus concrets que les nôtres. Les élèves africains se sont
impliqués plus directement dans les quartiers, dans des associations locales.
Nous avons donc fait trésor de leurs expériences concrètes sur le terrain
pour introduire, nous aussi, de nouveaux aspects dans la deuxième année
de réalisation du projet en Italie. Dans un an, nous pourrons dire si,
et jusquoù, nous les avons atteints.
Piera Gioda
Professeur ditalien, histoire et géographie à lécole
secondaire du premier degré à Turin.
Coordinatrice du Centro per lEducazione alla Mondialità del CISV
(Comunità Impegno Servizio Volontariato).
Coordinatrice des différentes phases du projet: Da rifiuto a risorsa.
Note
Le livre et la cassette vidéo du projet sont disponibles (moyennant
la participation aux frais dexpédition) ; il suffit de
sadresser à : cisvcoop@libero.it
Pour plus dinformations sur le projet, prendre contact
avec Piera Gioda, CISV : cisv-3@arpnet.it ou Maura Favero,
la responsable du projet auprès de lUfficio Cooperazione
Internazionale e Pace del Comune di Torino : maura.favero@comune.torino.it
|
|
|
|