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Un
centre de rencontre pour la paix
Un lieu de mémoire sur un site de la
première guerre mondiale. Un espace évocateur de la Grande
Guerre pour faire se connaître les élèves de différents
pays, leur faire partager ensemble un patrimoine historique commun, afin
que s’enracine en eux la lutte pour la paix.
La naissance d’un lieu de
mémoire
Dans le département de la Somme, est en train
de voir le jour un centre international de séjour : fruit d'une
collaboration entre la France, l'Italie, l'Allemagne et la Grande-Bretagne.
L'association ANCCRE (Association Nationale pour la Création d'un
Centre de Rencontre Européen), créée en janvier 2003,
a pour but de concrétiser le projet de construction d'un centre
de rencontre international sur les sites historiques de la bataille de
la Somme. Les travaux pourraient débuter en 2006 et l'ouverture
pourrait être envisagée pour 2007. Ce centre permettra de
développer des activités sur les lieux de mémoire
de la première guerre mondiale dans un but éducatif, en
particulier avec les jeunes, les scolaires et universitaires, pour une
éducation à la paix et à la citoyenneté.
Dans cette perspective, nous essayons de développer des échanges
avec les établissements scolaires, les associations, les organismes
et institutions à l'échelon régional, national et
international. Des groupes de différentes origines géographiques
pourront ainsi se rencontrer pour participer à des activités
éducatives autour de la paix, du patrimoine, de la protection de
la nature. Le séjour pourra être adapté de façon
spécifique à la demande et comprendre des activités
théâtrales, sportives, etc. ou de découverte de la
région Picardie.
Notre centre recevra aussi les publics en difficulté (handicapés
moteurs ou mentaux accompagnés).
Président de l'association, je suis aussi professeur de lettres
et d'histoire-géographie au lycée Lamarck d'Albert, une
ville d'environ 10 000 habitants. Depuis 1998, notre lycée organise
des échanges avec l'Italie, principalement avec le lycée
Léonard de Vinci de Cologno-Monzese mais aussi avec le Centre de
Recherches en Biologie Marine de Livourne et le lycée des Sciences
sociales de Verrès (Aoste). Ces échanges nous ont permis
de réaliser des projets autour de la paix et de l'environnement
qui ont dépassé le cadre scolaire puisque, depuis quelques
années, les élèves italiens participent aux côtés
des Allemands, des Français et des Anglais, à des camps
internationaux pour une éducation à la paix sur les sites
de la bataille de la Somme (Juillet-Novembre 1916), à proximité
d'Albert.
À l'heure actuelle, faute de structure d'hébergement, l'accueil
des jeunes pour le camp international se fait sous tentes, ce qui nécessite
une logistique importante et onéreuse pour les organisateurs.
Les collectivités territoriales (Département, Région,
Communauté de communes) se sont engagées à construire
ce centre qui aura une capacité d'une centaine de lits et sera
prioritairement destiné à l'accueil de groupes. Il sera
équipé de salles de réunion, de documentation, d'exposition
et d'un réseau informatique. Il sera pourvu également de
salles de détente et d'aires de jeux à l'extérieur.
Notre démarche a d'autant plus d'intérêt qu'elle s'inscrit
dans une situation internationale particulièrement tourmentée.
La recrudescence de la violence accentue le sentiment d'insécurité
et sème le doute dans l'esprit de la jeunesse. À ce sentiment
de malaise accentué par les médias s'ajoute la montée
des incivilités dans le système éducatif.
Alors nous pensons que l'Europe, de par sa vocation, peut et doit permettre
à la jeunesse de retrouver les valeurs fondamentales auxquelles
elle peut se référer. Les champs de bataille de la Somme,
où reposent un million trois cent mille soldats d'une multitude
de nationalités, constituent un lieu privilégié de
recueillement et de réflexion par rapport à l'une des plus
absurdes tragédies du XXème siècle. Nous avons la
certitude qu'à travers les rencontres interculturelles et la mise
en place d'activités pédagogiques concertées autour
de la tolérance et de la paix, nous contribuerons à redonner
à la jeunesse le sens des valeurs citoyennes et à favoriser
la construction d'une Europe fraternelle et pacifique.
Dans cette perspective nous nous appuierons sur un réseau de centres
d'accueil que leur environnement ou leur histoire prédisposent
à devenir des centres d'éducation à la paix (Verdun,
Caen, Niederbronn-les-Bains, Dachau, Hiroshima, Jérusalem, etc.).Chacun
de ces centres propose des programmes interculturels de découverte
autour du thème de la paix. Ainsi, le centre de Verdun a accueilli
quarante jeunes du monde entier en 2003 autour du thème “
La paix à travers les civilisations ”. Du 15 au 19 juillet
2004, la Fédération des Auberges de Jeunesse organise à
Séoul (Corée) le festival de la jeunesse pour la paix, intitulé
“ Les couleurs de l'Asie ”, qui réunira cinq cents
jeunes du monde entier autour de thèmes de réflexion comme
le développement durable ou la paix et la démocratie. Ainsi,
notre démarche pédagogique s'appuie sur une prise de conscience
de phénomènes de société, et sur des thématiques
au cœur de l'actualité tout en favorisant la découverte
interculturelle dans un contexte touristique.
Nous sommes dans la phase de concrétisation de notre projet et
nous avons besoin du soutien d'un maximum d'organismes, institutions et
associations internationales. Si vous êtes intéressés
par notre projet en Picardie, vous pouvez nous envoyer des lettres de
soutien avec vos coordonnées et nous dire si vous avez la possibilité
d'envoyer des groupes.
Le séjour des élèves
de Verrès
36 élèves des classes de seconde du lycée
social et linguistique de Pont-Saint-Martin, siège de Verrès,
ont participé du 9 au 15 mai à un stage en Picardie. Les
classes de seconde de notre établissement effectuent depuis toujours
un stage-classe patrimoine- en France ; cette année nous avons
choisi la Picardie pour développer des sujets concernant l'évolution
des plantes, l'introduction au Moyen Âge et l'éducation à
la paix. Les organisateurs du stage ont énormément apprécié
l'aide et la collaboration d’Yves Potard, professeur au lycée
Lamarck d'Albert, et de Mme Élise Dolivet, du Comité Lamarck,
qui ont fourni des indications pratiques et la documentation nécessaire.
Nos élèves ont visité les Jardins
de Valloires, à l'intérieur desquels vient d'être
aménagé le Jardin Lamarck, structuré sur l'évolution
des plantes en hommage à l'œuvre botanique de J-B. Lamarck,
et la baie de la Somme avec une classe du lycée Lamarck. Pendant
une matinée, ils ont été insérés par
groupes dans les classes du même lycée où ils ont
suivi des cours de littérature française et de présentation
des épreuves de français du bac et ils ont pu participer
à des débats avec des lycéens français qui
étudient l'italien comme langue optionnelle.
Les points forts de l'approche au Moyen Âge ont été
la visite de la magnifique cathédrale Notre-Dame à Amiens
et du château de Rambures. La Cathédrale resplendissante
de calcaire blanc nous a laissés bouche bée comme l'avaient
été, avant nous, Proust et Ruskin. Le château de Rambures,
dont la taille est proche de celle du château de Verrès,
s'élève dans la plaine à l'intérieur d'un
parc aux arbres séculiers, dont un séquoia venu d'Amérique
à l'époque du général La Fayette.
Comme la Picardie a souffert terriblement pendant la Grande Guerre, nos
élèves ont pu parcourir les lieux de la bataille de la Somme
et se rendre compte des positions occupées par les différentes
armées, des pertes et des destructions qui ont touché tant
les civils que les militaires. Mme Dolivet, d'une voix rompue par l'émotion,
nous a fait revivre les événements des débuts de
la bataille à travers les souvenirs des gens de Bazantin-le-Petit,
village natal de J-B. Lamarck, et de nombreux témoignages des soldats
péris dans les combats “ ils n'ont pas eu droit à
la vie, ils n'ont eu que le droit de mourir… ”.
LA PAROLE AUX
ÉLÈVES |
“ De la Picardie, j’aime la propreté
et la tranquillité, le paysage et les personnes. ”
Michela P.
“ La Picardie est une région qui a
connu la guerre. Visiter des cimetières et des musées
où sont exposés des témoignages de la Grande
Guerre est une expérience positive. Mais le stage a été
aussi une bonne occasion pour mieux connaître les camarades
et les professeurs. ”
Elisabetta L.V.
“ Une expérience forte et significative
: des gens, la cuisine, la langue, sont assez différents,
même si la France n’est pas loin de chez-nous; on apprend,
donc, énormément. ”
Hilary N.
“ En visitant les cimetières de guerre,
j’ai été bouleversée, j’ai presque
pleuré. ”
Hilary M.
“ Des lieux qui témoignent de toute
l’horreur et de l’absurdité des guerres, lieux
de réflexion individuelle… ”
Michela H. |
En suivant le coquelicot des pancartes du circuit du Souvenir, nous avons
visité plusieurs cimetières de guerre, tous bien entretenus
et fleuris, qui couvrent le département de la Somme, et nous avons
réfléchi sur le fait que la guerre ne peut être une
solution ni à la paix ni aux conflits des hommes et des nations.
Cette réflexion a été soutenue par la visite à
l'Historial de la Grande Guerre à Péronne. Ce musée
a été conçu avec l'appui d'un comité d'historiens
européens et porte un regard international et comparatiste sur
le premier conflit mondial. Les élèves y ont travaillé,
par groupes et à l'aide de fiches pédagogiques, les thèmes
suivants : “ L'Europe avant 1914 ”, “ Les grandes phases
de la guerre ”, “ Sociétés et culture de guerre
”, “ La nation et la guerre ”, “ Une guerre totale
”, “ D'une guerre à l'autre ”.
Nous sommes rentrés de la Picardie les yeux encore remplis de ces
grands espaces colorés en vert et en jaune que nous avons traversés
pendant toute une semaine et le cœur joyeux pour la bonne réussite
de cette expérience.
Quelques sites intéressants pour organiser un
séjour d’études :
www.anzac.org
www.culture.gouv.fr/culture/j_patrimoine/picardie/pic3.htm
www.historial.org
www.espacemedieval.com/avoir.htm
www.haute-somme.com
Yves Potard
Professeur d’histoire et géographie dans l’académie
d’Amiens. Coordinateur du projet.
yves.potard@ac-amiens.fr
Evelina Badéry
Professeur de français
Sergio Cerise
Professeur de sciences
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