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Mono/bi/tri/plurilinguisme
?
Faites votre choix et justifiez-le
Pochi, credo, negherebbero che il plurilinguismo
sia una cosa che si impone a tutti, quindi anche a noi valdostani. L’italiano
è la lingua corrente, il francese la lingua storica giustamente
tutelata, l’inglese la lingua di comunicazione studio viaggi; e
poi c’è l’arabo, la lingua della più grande
minoranza straniera da noi, e il romeno, una lingua che sento molto usare…
E poi ci sono i dialetti, che sono sistemi linguistici perfetti e rispettabili.
Tutte queste lingue ci toccano, entrano nella nostra sfera personale e
non possiamo ignorarle. Questo significa che dobbiamo saperle tutte, e
a perfezione? Naturalmente no: possiamo (dobbiamo?) prediligerne alcune;
quanto al grado di conoscenza, già il grande pedagogista Comenius
(1592-1670) ammoniva che non bisogna accanirsi a studiare a fondo una
lingua straniera, di cui neanche i nativi conoscono appieno il lessico.
Quello che è più problematico è a chi tocchi proporre
o imporre la scelta delle lingue, con quali fini e con quali metodi. Dalla
risposta a queste tre domande discende la risposta a una quarta: con quale
efficacia.
Questi quesiti si possono anche esprimere così: ha senso una politica
linguistica? Qual è il suo costo politico, sociale ed economico?
Quali risultati ce ne possiamo aspettare?
E bisogna, su questo ultimo punto, distinguere nettamente tra risultati
“politici” (in senso lato: tutti i vantaggi che possono venire
a una comunità o a un piccolo gruppo) e risultati linguistici.
Alla questione sulla politica linguistica gli osservatori (come il sottoscritto)
e i decisori possono rispondere con una gamma sfumatissima di opinioni
e di misure, che vanno da un massimo a un minimo di liberalità.
Si può dire: ciascuno parli come crede, alla fine il “mercato”
(l’uso) farà emergere la lingua/le lingue più meritevoli,
cioè più utili. O si può, dal lato opposto, pensare
o pretendere che tutti parlino la tale lingua, che nessuno parli la tal
altra…
Diciamo, alla buona, che in linea di massima l’opzione liberale
è più economica ed efficace. L’opzione illiberale,
quanto più è illiberale tanto più è costosa.
Ma ci sono costi che il decisore può tranquillamente assumere,
o perché ha grandi mezzi, o perché non paga lui: la macchina
industriale nazista “consumava” senza economia i prigionieri,
ma ce n’erano sempre delle vagonate pronti a rimpiazzarli.
Il buon senso e l’esperienza mi hanno convinto che nel campo delle
cose spirituali e intellettuali la magnanimità premia. Le costrizioni,
che discendono da una ideologia o da un progetto “forte”,
magari riescono, ma sono effimere e accumulano un gran volume di malcontento
e d’odio. Oppure generano una ipocrisia di massa, per cui tutti
fanno “come se”.
Se fossi un decisore (non lo sarò mai) affronterei l’ardua
questione delle lingue valdostane con dolcezza, ma anche con chiarezza.
Non mi accontenterei di vedere l’etichetta “bilingue”
su una cosa che non lo è.
Tullio Omezzoli
- Ciao, nonno, come stai?
- Io bene, e voi?
- VOI!!?? Ma come, nonno, da quando mi dai del voi!?
- Eh beh, voi siete istruita.
Mon grand-père était berger au Valdigne. J'ai mis longtemps
à comprendre que ce qui nous séparait était moins
mon “ instruction ” que l'absence de celui qui avait été
le code familial depuis des générations : le francoprovençal.
Quel étonnement pour moi, à une autre occasion, d'entendre
ce même grand-père converser en français, on ne peut
plus à l'aise et élégamment courtois, avec une amie
de Bordeaux à qui il a même chanté, s'accompagnant
de son frustapot, une ancienne chanson du répertoire musical traditionnel
français !
J'ai mis plus longtemps encore à comprendre le sacrifice de mes
parents qui, en me parlant italien, se sont privés de leur langue,
soi-disant pour mon “ bien ”. Plus récemment encore,
j'ai pris conscience que j'ai été ainsi, du même coup,
privée de la langue de mes origines et des miens. Ce patois, dont
j'ai pourtant des compétences partielles de compréhension
(et de différentes variétés), je peux bien dire que
c'est ma langue à moi, mais je ne la parle pas. Et il me manque.
Mon père était franchement polyglotte : outre l'italien,
il parlait le patois de Valtournenche, sa patrie, celui de Courmayeur,
le piémontais appris là où il était né
; le français et l'allemand ramenés de son camp de prisonniers
en Allemagne où l'instinct de survie lui avait fait découvrir
son “ don des langues ”. Je l'admirais surtout quand il parlait
l'allemand, cette langue opaque et complexe qui ne rentrait pas dans mon
répertoire. Il avait ramené d'Allemagne, outre des souvenirs
muets qu'il n'a partagés que par brèves allusions, un dictionnaire
français-allemand, en caractères gothiques. À dix
ans j'entrepris de m'auto-instruire en allemand au moyen cette caverne
d'Ali Baba, pleine de mots mystérieux. Inutile de vous dire que
mon apprentissage a fait long feu : ne me restent de cette langue que
les dix nombres que mon père m'a appris.
Le français, je ne pourrais pas vous dire à partir de quel
moment j'ai su que je savais le parler : ce fut tellement naturel. École
mais tradition de famille aussi : ma grand-mère, féministe
ante litteram, pratiquait couramment la langue française en faisant
de la contrebande en Suisse en passant par le col Ferret. Ce que je peux
vous dire, c'est que j'ai compris tout de suite à quoi il pouvait
me servir : à jouer avec d'autres enfants venant d'ailleurs et
à rire ensemble. Motif d'orgueil démesuré aussi de
notre part, nous, “ les villageois ”, face aux enfants citadins
si nantis sur d'autres plans, mais ne possédant eux qu'un seul
code !
Et puis au lycée, ce fut la rencontre avec les langues mortes :
le latin et le grec. Que de moments passés à compulser les
dictionnaires pour extraire, avec fatigue, le sens d'un poème de
Catulle ou de Sapho. Satisfaction et plaisir immenses devant tant de beauté
!
Il existe donc, me semble-t-il, une continuité entre mes tentatives
(prémonitoires) d'autodidacte et mes pratiques scolaires successives
des langues.
Les complications vinrent à l'université où ce fut,
enfin, le tour de ma première langue étrangère :
l'anglais. Je suis arrivée à la période audiovisuelle.
Moi, la championne des dicos, je peux vous assurer que j'en ai drôlement
bavé dans ma classe quand le tour venait, pour moi, de répondre
à des questions du style : “ How many pencils are there on
your table? ”. J'étais la dernière de ma classe. Ce
fut totalement râpé. Je dus m'appuyer sur des cours particuliers
et intensifs de grammaire pour passer mes examens qui me donnaient le
droit d'enseigner l'anglais, mais qui n'étaient pas censés
certifier des compétences avérées. D'où la
croyance que je me suis fait qu'un bilingue devient plurilingue si l'on
plonge gamins dans beaucoup de langues, comme Obélix dans la marmite
de potion magique. Et que le perfectionnisme d'un bilinguisme mal compris
peut faire des ravages. Alors votre question, il me semble y avoir répondu
par la biographie linguistique des miens et la mienne aussi : plurilinguisme
bien sûr, car le Val d'Aoste, au départ déjà,
avant même que l'école n'enseigne ses langues, EST plurilingue.
Quel dommage que nous n'en soyons pas conscients et fiers !
Marisa Cavalli
Du moment qu'on a dépassé l'idée
illusoire que l'on peut parler de bilinguisme ou de trilinguisme, seulement
quand un individu possède une compétence équivalente
et équilibrée dans les langues concernées, la réponse
ne peut qu'être favorable au plurilinguisme, ne serait-ce que pour
l'idée de richesse culturelle qu'il évoque. Plurilinguisme
sous-entend en effet multiculturalisme, c'est-à-dire ouverture
sur des apports multiples et variés à la connaissance du
monde. Mais bi et tri sont tout aussi valables et ils
fondent leur efficacité surtout dans une perspective de progression
d'apprentissage, comme passages intermédiaires et comme étapes
à franchir pour atteindre une compétence plurilingue.
Le plurilinguisme social est un phénomène qui dépasse
la volonté des individus et qui facilite comparaisons et échanges.
Le plurilinguisme institutionnel contribue à donner un statut particulier
aux langues présentes dans la vie d'une communauté. Le plurilinguisme
scolaire dérive en principe des deux autres ; en tout cas, il peut
être plus facilement planifié, constituer un but élevé
de fin d'études et prévoir du bi et du tri
au fur et à mesure que les élèves franchissent les
différents degrés d'école.
Mais que veut dire apprendre une langue ? Produire un discours ou un texte,
ce n'est pas seulement réemployer des formules apprises en d'autres
contextes, ce n'est pas seulement transmettre des unités de sens
formulées en utilisant des schémas morphosyntaxiques appris
à l'avance, c'est avant tout élaborer une activité
cognitive complexe qui met en jeu un grand nombre de composantes.
L'analyse cognitive de la production du langage démontre qu'à
la base de celui-ci il y a avant tout des représentations mentales,
construites et reconstruites en continu, des processus d'élaboration
de ces représentations qui s'automatisent progressivement et des
stratégies d'utilisation de la langue qui se révèlent
plus ou moins efficaces selon les différentes situations présentées
par le contexte social.
Une des caractéristiques les plus intéressantes du plurilinguisme
est la diversité. Les langues peuvent être abordées
de différentes façons et jusqu'à des niveaux de compétence
variés. Selon la méthode d'enseignement privilégiée,
on favorise l'accès à différents aspects du système
de la langue concernée et à différentes modalités
d'utilisation. Mais à chaque fois que l'on aborde une langue nouvelle,
on récupère des composantes procédurales déjà
précédemment maîtrisées et on les applique
à la construction du nouveau système langagier. Il s'agit
d'une réorganisation et d'une extension qui reposent sur des processus
cognitifs de même nature.
C'est pour cela qu'il est souhaitable de passer le plus tôt possible
du mono au bi pour favoriser dès le début
la compréhension de la fonction symbolique du langage. Le passage
au tri et au pluri, qui se fera progressivement par
la suite, pourra compter d'une part sur l'expansion et sur l'affinement
des savoirs et d'autre part sur des stratégies déjà
efficacement expérimentées pour la construction des systèmes
langagiers précédents.
Rita Decime
Pour la double filière. Bi(o)-monolinguismes,
telle est ma réponse.
Il s'agirait, par des écoles en langue avec des enseignants de
langue maternelle, de mettre en condition ceux qui le voudraient de maîtriser
la langue française. Et ce, à un niveau tel qu'ils ne se
sentiraient plus gênés quand ils auraient à ou voudraient
l'utiliser.
Quand plusieurs langues sont présentes sur un territoire, leur
état naturel est la guerre. La plus forte tend inexorablement à
écraser, puis à éliminer, la ou les autres.
Deux solutions (si tant est que l'on veuille donner aux faibles une chance
de vie, bien sûr) sont alors viables : la territorialisation et
le bilinguisme par immersion.
La territorialisation des langues (tel territoire, telle langue) est la
solution adoptée par exemple en Suisse. Elle l'y fut précisément
parce que la langue la plus forte (ici, l'allemand) commençait
à “ mordre ” sur l'une des plus faibles (l'italien),
sur le territoire historique de cette dernière, le Tessin.
Le bilinguisme par immersion est en revanche la solution possible quand
ce découpage n'est pas réalisable ou n'est pas désiré.
Son application la plus connue concerne probablement les anglophones de
Montréal, au Québec, où le réveil linguistique
de la majorité francophone leur fit craindre d'être à
terme entièrement assimilés. Cette innovation fut un tel
succès que les “ anglos ” sont de plus en plus les
meilleurs bilingues au Québec (comme le seraient les étudiants
dans une école francophone valdôtaine, personne ne pouvant
se passer chez nous de la connaissance de l'italien).
Toute autre solution conduit inéluctablement à la disparition
de la ou des langues les plus faibles, ou à leur cantonnement,
au mieux, au rôle de symboles historiques, identitaires, voire folkloriques.
Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?
Aucun exemple dans le monde ne témoigne en sens contraire.
On peut, a contrario, remarquer que même les plus farouches estimateurs
du “ système ” valdôtain, requis de choisir,
pour l'apprentissage de l'anglais de leur descendance, entre un bilinguisme
“ parfait ”, avec des professeurs de nationalité et
de formation italiennes, et un cours en immersion avec des formateurs
de langue anglaise, préfèrent toujours cette dernière
solution. Souvent en ajoutant qu'“ il est évident qu'elle
est plus efficace ”.
Ainsi, peut-on tranquillement affirmer que les défenseurs du “
bilinguisme à la valdôtaine ”, qui est en effet la
risée de l'Europe et des minorités linguistiques développées,
soutiennent en réalité autre chose, pas nécessairement
mauvaise d'ailleurs: par exemple, le droit à un moment de bonne
humeur. Aux frais, hélas, des minorités linguistiques, des
connaissances des jeunes générations, du futur de la Vallée
d'Aoste, de la Constitution, de force traités internationaux, du
trésor public, et j'en passe. Mais, c'est bien connu, on ne peut
pas tout avoir…
Étienne Andrione
Étienne Andrione est, entre
autres, premier fondateur de l'Association “ Esprit Valdôtain
”, née pour défendre “ le droit, pour tous,
d'exister ”. C'est à ce titre qu'il intervient dans le présent
numéro.
Per me la domanda non si pone neanche. Plurilinguismo
è meglio. Lo è stato e lo è ancora per me personalmente,
per i massimi enti che si occupano di politiche educative in Europa e,
ritengo, senz'altro anche per la piccola comunità valdostana.
Da quando è stata inserita la lingua inglese nella scuola media
(1989) e nella scuola elementare (1999), automaticamente il sistema educativo
regionale è passato da sistema educativo bilingue precoce a bi-plurilingue
precoce, determinando cambiamenti importanti sia sul piano pedagogico/didattico
sia sul piano pratico, nonché su quello “politico”.
Su quest'ultimo il cambiamento non solo ha contribuito ad ampliare l'apertura
verso il mondo europeo ed extra europeo, ma, in termini di rappresentazione
mentale delle lingue, l'inserimento dell'inglese, ben lungi dal costituire
una minaccia ai danni del francese e quindi dell'autonomia, ha spinto
per così dire la lingua francese più vicina all'italiano:
i valdostani (non pochi) che non consideravano il francese “langue
maternelle” bensì una sorta di lingua “altra”,
abbastanza estranea e magari difficile, nell'avvicinarsi all'inglese -
che lingua straniera certamente è, con un non facile sistema di
suoni - si sono per così dire resi conto di padroneggiare molto
meglio la prima, tanto che magari la utilizzano come ponte assieme all'italiano
per arrivare alla seconda (“maestra, comment on dit ça en
anglais?”)
Sul piano pratico è sotto gli occhi di tutti che la Regione basa
la sua economia essenzialmente sul turismo, ampiamente anglofono, per
cui una conoscenza anche solo strumentale dell'inglese è ormai
assolutamente indispensabile, per non parlare del fatto che la conoscenza
di più lingue agevola mobilità, comprensione reciproca e
ricerca di posti di lavoro.
Sul piano pedagogico/didattico, che è poi quello che interessa
i docenti più da vicino, un'educazione bi-plurilingue e pluriculturale
precoce, se ben condotta, non può che avere effetti positivi sullo
sviluppo della personalità globale di discenti e docenti. Secondo
la recente ricerca scientifica tali effetti sono: sviluppo delle abilità
cognitive e meta cognitive, rinforzo reciproco fra le lingue, flessibilità
e apertura al diverso da sé, quindi tolleranza e relativismo culturale.
Inoltre l'introduzione dell'inglese ha generalmente contribuito allo svecchiamento
della didattica delle lingue, introducendo approcci comunicativi, tecniche
e strategie efficaci e coinvolgenti. Mi preme sottolineare che i docenti
della scuola primaria coinvolti nell'inserimento qualificandosi tramite
il conseguimento del PET (Università di Cambridge, livello B1 del
Consiglio d'Europa), hanno tratto globalmente vantaggio dall'esperienza
sul piano personale e professionale in quanto arricchiscono la propria
preparazione vivendo sulla propria pelle la condizione di discenti. Mi
piace considerare docenti e alunni impegnati in una sorta di stimolante
co-apprendimento di una terza lingua in stretto collegamento con l'apprendimento
della lingua italiana e francese.
Infine c'è da mettere in rilievo che il plurilinguismo ha favorito
l'apertura della Valle d'Aosta verso la dimensione europea secondo gli
orientamenti del Consiglio d'Europa che vede proprio nell'educazione plurilingue/pluriculturale
la via per la realizzazione della cittadinanza democratica europea pienamente
partecipativa. Sarebbe anche auspicabile rafforzare l'insegnamento del
tedesco, lingua regionale, e introdurre lo spagnolo o altre lingue a scelta,
rafforzando parallelamente la formazione dei docenti in tutti i livelli
di scuola in senso interlinguistico/interdisciplinare.
Chiaramente il bilinguismo italiano/francese deve rimanere il pivot dell'educazione
linguistica per rispetto delle radici culturali, etniche e linguistiche
dei valdostani e dell'Autonomia regionale e perché la regione confina
con due grandi paesi francofoni, nonché per l'importanza storica
dell'influenza della lingua/cultura francese nella piccola regione di
montagna. La Valle d'Aosta, che è sempre stata crocevia di popoli,
lingue e culture, può coniugare la consapevolezza delle proprie
radici regionali con una dimensione europea ed internazionale tramite
le sue politiche educative, ispirandosi al grande valdostano S. Anselmo,
arcivescovo di Canterbury, illustre pensatore plurilingue europeo ante
litteram!
Annabella Cabianca
Le français et l'italien, oui, en raison du Statut.
L'anglais, oui, pour communiquer partout dans le village global. Le patois,
oui, pour mieux communiquer avec les gens de mon village.
Mais si je suis walser j'ai droit à un enseignement en langue allemande.
Et encore…
Les chercheurs nous disent que le plurilinguisme favorise l'apprentissage
d'autres langues et donc aussi de la langue de nos origines. Donc, en
tant qu'originaire (du côté de mon père) d'une vallée
occitane de la province de Cuneo, je pourrais demander de ne pas perdre
ou d'intégrer certaines compétences en langue provençale.
Ne vous inquiétez pas, je renonce à cette prérogative
mais, mon ami Abdallah de Casablanca, habitant Issime, s’il en avait
la possibilité, je ne sais pas s'il accepterait que ses trois enfants
renoncent à suivre des cours d'arabe, même en sachant que,
dans ce cas, ce serait la sixième langue du curriculum.
Le problème n'est donc pas de justifier le choix du nombre de langues
mais plutôt de savoir comment les enseigner.
À mon avis, le risque le plus probable est, quand un programme
prévoit l'enseignement de plusieurs langues, que cela puisse se
traduire par un affaiblissement de l'enseignement des autres disciplines,
des mathématiques et des sciences notamment. Il est peut-être
opportun de définir des quotas d'enseignements non linguistiques.
Peut-on, par exemple, accepter un plan d'étude avec l'enseignement
de quatre langues qui ne confierait aux disciplines linguistiques pas
plus d'un tiers de l’horaire total ?
Pour réaliser un enseignement plurilingue, il faudrait qu’aucune
langue ne soit considérée comme une entité disciplinaire
séparée, chacune d’elle avec un propre statut grammatical,
morpho-syntaxique, sémantique et lexical indépendant, ayant
pour conséquence une redondance réflexive et métalinguistique
dangereuse.
L'intégration des enseignements linguistiques est, nous le savons,
une garantie pour une bonne réussite des apprentissages en langue,
mais elle l'est aussi pour éviter
la marginalisation des autres apprentissages.
Piero Floris
Comment t’appelles-tu? Bilinguismo
e plurilinguismo nell'onomastica personale valdostana.
Il repertorio dei primi nomi di una comunità si pone come una cartina
di tornasole, capace com'è non soltanto di manifestare permeabilità
e resistenze dei parlanti alle sollecitazioni del contesto storico, ideologico,
sociale e culturale circostante, ma anche, secondo una prospettiva squisitamente
linguistica, di anticipare e mettere in evidenza fenomeni e tendenze condivise
da più vasti settori d'impiego della lingua.
Le dinamiche sottese all'atto della scelta di un nome - la predilezione
per una particolare forma fra differenti varianti disponibili, il privilegio
di specifici modelli derivazionali, l'inclinazione verso determinati suoni
e grafemi, la preferenza per le formazioni ipocoristiche o composte piuttosto
che per le forme base - possono fornire, infatti, indizi riconducibili
a percezioni, atteggiamenti e inclinazioni dei parlanti che, in un contesto
come quello valdostano, evocano fatalmente il rapporto fra i due codici
- italiano e francese - compresenti e, in qualche modo, concorrenti sul
territorio.
L'impiego di francesismi nell'onomastica personale dell'area alpina transfrontaliera
corrisponde, è ben noto, a una tradizione secolarmente radicata,
tradizione che le prescrizioni autarchiche della prima metà del
secolo scorso hanno soltanto provvisoriamente interrotto.
La reintroduzione dell'opportunità di attingere liberamente al
patrimonio onomastico di matrice francese ha, d'altra parte, portato con
sé la possibilità di ricorrere anche a forme nominali alternative,
di nuova importazione o coniazione, capaci di soddisfare la ricerca di
suggestività fonica e preziosità sostenuta e favorita dai
modelli nel frattempo divenuti di moda principalmente per opera dei mass
media.
Il tesoro antroponimico valdostano appare oggi, di fatto, molto più
plurilingue e molto meno bilingue che in passato. Più plurilingue,
in quanto voghe onomastiche esotizzanti e flussi migratori eterogenei
lo hanno accresciuto di forestierismi (principalmente anglicismi e arabismi)
ignoti al patrimonio locale; meno bilingue, nel senso che l'orientamento
del binomio francese-italiano, nell'onomastica tradizionale nettamente
sbilanciato a favore del primo dei due codici, sembra aver cambiato direzione.
In un contesto di questo tipo, pare lecito ipotizzare che la scelta di
un prenome francese per un nuovo nato presenti oggi, se non valenze politico-ideologiche,
per lo meno connotazioni evocatrici di conferma identitaria, prestigio
sociale e autorevolezza culturale.
In assenza di studi specifici sull'argomento, un primo contributo alle
ricerche sul repertorio antroponimico contemporaneo può venire
dallo studio dell'onomastica personale delle ultime generazioni valdostane
cui ha dedicato il suo lavoro di tesi Annie Pellissier, neolaureata in
Scienze della Formazione Primaria all'Università della Valle d'Aosta
(Nomi e lingua, tesi di laurea in Didattica della lingua italiana, a.a.
2003/2004).
Il campione da lei esaminato è costituito da un corpus di 233 lemmi,
corrispondenti ai primi nomi imposti ai 473 nati nel decennio 1992/2001
nei comuni di Brissogne, Quart e Saint-Christophe frequentanti i plessi
dell'Istituzione Scolastica “Mont Emilius II”.
L'analisi quali-quantitativa del tesoro descrive il repertorio sul piano
sincronico in termini di frequenza e distribuzione delle forme, sul piano
diacronico in relazione alla continuità e diffusione dei tipi rispetto
al repertorio Settecentesco, esaminato attraverso i registri catastali
della medesima area editi da Robert Berton(1).
Corredato da proposte didattiche finalizzate a attualizzare la dimensione
simbolica e socio-affettiva del nome per il bambino, il lavoro fornisce,
come abbiamo anticipato, dati di interesse anche sotto il profilo onomastico-statistico.
Per quanto riguarda, in particolare, gli aspetti relativi al bilinguismo,
la ricerca rileva il ruolo predominante della matrice italofona, cui appartiene
quasi il 70% delle occorrenze (maschili: 65,4%; femminili: 73,9%).
Prescindendo dal numero dei nominati per ciascun personale e facendo riferimento
ai tipi antroponimici presenti nel lemmario complessivo, la componente
italiana si ridimensiona al 57% in ragione dell'occasionalità d'impiego
della maggior parte dei personali stranieri, che presentano un alto coefficiente
di dispersione, e quindi un basso numero di occorrenze per ciascun lemma.
I primi nomi francesi, che nominano complessivamente 79 individui (17%
del campione considerato), coprono il 23,5% del lemmario maschile e il
31,5% di quello femminile, surclassando i forestierismi di trafila anglofona,
pur consistenti (maschili: 10,7%; femminili: 7,6% del lemmario), e gli
esotismi (maschili: 10,7%; femminili: 4%), in gran parte d'origine araba.
Benché nessuno dei femminili a maggior frequenza - Elisa, Francesca
e Chiara - risulti attestato nella variante francese, l'oscillazione di
allotropi concorrenti appare in genere molto ben testimoniata ai ranghi
più bassi (Martina/Martine, Silvia/Silvie, Valeria/Valérie,
Michela/ Michelle, Sofia/Sophie).
I maschili maggiormente diffusi (Matteo, Simone, Andrea) sono solo occasionalmente
documentati nella forma d'Oltralpe (Mathieu, André e anche Andreas,
Andrei), che risulta, invece, in altri casi privilegiata (Laurent, Michel)
o esclusiva (Didier, Noël, Thierry).
Sotto il profilo grafico, l'impiego dei francesismi si rivela aderente
alle convenzioni del sistema d'origine. La microvariabilità fonetica
e grafematica complessiva del corpus concede, d'altra parte, molto poco
all'“iperesotismo" che caratterizza invece il repertorio antroponimico
nazionale: le perturbazioni, sporadiche e limitate alla resa degli anglicismi,
sono circoscritte all'introduzione occasionale dell'h diacritica in collocazioni
arbitrarie o ipercorrette e a esigue introduzioni indebite o inattese
delle cosiddette lettere straniere (x, y, j, k).
Per ciò che concerne, infine, il gruppo di nomi storicamente legati
a tradizioni o culti locali, nessuna traccia dei vari Grat, Eusèbe,
Sulpice e delle Pantaléonne, Pernette e Urseline appare rinvenibile
nel repertorio esaminato, neanche in forma di adattamento italiano.
Tracce indelebili del loro passaggio restano, tuttavia, immortalate in
alcuni nomi di famiglia, tramandati da formule patronimiche cristallizzatesi
di generazione in generazione. Ma questa, è chiaro, è tutta
un'altra storia, a proposito della quale non è possibile, in questa
sede, che segnalare un progetto di ricerca in corso presso l'Università
della Valle d'Aosta il quale, attraverso lo spoglio sistematico di materiali
documentari editi e inediti relativi al Medio Evo e all'Età Moderna
ha condotto, ad oggi, alla mappatura diatopica e diacronica di alcune
migliaia di antroponimi, trasparenti testimoni dell'intricata storia plurilingue
della Valle d'Aosta(2).
Luisa Revelli
Note
(1) Antroponymie valdôtaine: familiaire de la communauté
de montagne du Mont-Émilius – table alphabétique des
noms de famille et prénoms, Aoste, Imprimerie valdôtaine,
1987.
(2) Una presentazione della ricerca, che si avvale della collaborazione
del BREL (Bureau Régional pour l'Ethnologie et la Linguistique),
può essere letta in G. RAIMONDI, Tracce francoprovenzali nell’antroponimia
valdostana a cavallo dei secoli XV e XVI, in Actes de la conférence
annuelle sur l’activité scientifique du Centre d’Études
Francoprovençales, “Aux racines du francoprovençal”,
Saint-Nicolas, 20-21 décembre 2003, pp. 191-211.
Nous avons demandé à
quelques personnes qui fréquentent régulièrement
notre région de s’exprimer sur les langues du Val d'Aoste.
Impressions d'un Belge francophone en visite dans la Vallée
d'Aoste… lecture linguistique.
Venir en Vallée d'Aoste, pour un Belge, c'est d'abord venir à
la montagne et “ oser ” franchir la barrière des Alpes.
S'il est clair qu'en deçà des cols du Grand ou du Petit
Saint-Bernard, la langue véhiculaire est le français; cette
dominante linguistique n'est pas fréquemment connue pour la Région
autonome de la Vallée d'Aoste. S'y rendre, pour le Belge moyen,
c'est “ aller en Italie ” ! Cela fait maintenant plus de trente
ans que nous nous rendons régulièrement en Vallée,
avec la famille, avec des amis, pour voir des amis ou célébrer
avec eux quelques réjouissances. Dans ces conditions, il ne fait
plus aucun doute pour nous que la Vallée est une région
à “connotation” francophone ; dire que c'est une région
bilingue me paraîtrait exagéré d'autant que l'évolution
ne me paraît pas aller franchement vers le bilinguisme italo-français
(voir analyse d'une publication locale). De plus, nos fréquentes
visites ont influencé les relations sociales que nous y avons tissées
: nous nous sommes naturellement rapprochés de personnes partageant
à la fois nos centres d'intérêts et au moins en bonne
partie notre langue (le français).
Botaniste de formation, j'ai rapidement pris l’option d'adhérer
à la Société de la Flore Valdôtaine. Cela m'a
valu d'être invité aux balades scientifiques et de recevoir
la Revue de la Société. Là, pas de doute, la langue
française est utilisée comme véhicule international
de diffusion des articles sur la flore, sur la géologie et parfois
sur la faune, locale. Encore que l'analyse quantitative du ratio italien
/ français dans les articles de la Revue montre autre chose qu'une
constante ! L'italien y est toujours dominant, et il n'est pas rare d'avoir
un ratio 90 % d'articles en italien pour 10 % en français(1).
Pourtant l'idée d'atteindre un réel bilinguisme au terme
des études primaires est sans nul doute une option qui fait dresser
l'oreille aux Belges, institutionnellement bilingues, mais fonctionnellement
souvent “ handicapés ” sur ce plan. Le modèle
d'avoir des cours en français à mi-temps pendant toute la
scolarité primaire et donc de cultiver d'emblée une intelligence
des langues est superbe ! Elle ne devrait être en aucun cas abandonnée
; même si la réalité semble assez éloignée
du modèle. On sait en effet que, jeunes, les enfants assimilent
aisément et quasi parfaitement les langues ; et que s'ils les associent
à des personnes bien identifiables, cela ne pose pas de problème
de “mélange”, ni de retard dans la lecture ou dans
l'expression. Que du contraire ! La maîtrise d'une seconde langue
facilite d'autant l'acquisition d'une troisième et ainsi de suite…
Les moyens pris (prime au bilinguisme) dev(r)aient assurer aux jeunes
Valdôtains cet avantage inestimable. Cela représente à
mes yeux un réel investissement dans les jeunes et leur avenir.
Peut-être serait-il opportun d'instaurer des sortes de “ jeux
linguistiques de rencontre ” entre les jeunes Valdôtains qui
parleraient français à des jeunes touristes soucieux d'apprendre
l'italien et qui donc devraient s'exprimer dans la langue de Dante, plutôt
que de rester “ enfermés ” dans celle de Voltaire…
comme c'est mon cas !
Daniel Rousselet
Note
(1) Évolution de l’usage de l’italien et du français
dans les articles de la Revue de la Flore Valdôtaine – Période
1981-2002. Avec la collaboration de Cécile Rousselet que je remercie
pour le travail statistique qu’elle a assuré.
La Vallée d'Aoste, une région bilingue ? Mon expérience
dans le milieu de l'enseignement me permet de dire que la Vallée
d'Aoste possède bien deux langues officielles : le français
et l'italien. Les structures sont adaptées pour un enseignement
bilingue, mais aussi pour une insertion des enfants émigrés
d'autres régions qui doivent rattraper le niveau scolaire. Je peux
même affirmer que le niveau en français est largement supérieur
à celui de certains établissements en France, classés
en ZEP (zone d'éducation prioritaire). Les enfants pensent et s'expriment
couramment en français, et cela dès le collège. Ceux
qui font toute leur scolarité en Vallée d'Aoste possèdent,
à la fin de leurs études, un niveau suffisamment élevé
pour être autonomes dans un pays francophone. Cependant, ne représentent-ils
pas une minorité privilégiée dont les parents sont
souvent eux-mêmes de fervents défenseurs de la langue française
? Toutefois, il en résulte, selon moi, que les moyens mis en place
donnent la possibilité à chaque élève de sortir
du système scolaire en étant bilingue.
De même, d'un point de vue administratif, la région s'ancre
incontestablement dans une réalité bilingue : toutes les
publications sont rédigées dans les deux langues ; les concours
peuvent également être passés en français à
la demande du candidat ; les employés ont la possibilité
de suivre régulièrement une mise à niveau…
Cependant, le système présente quelques défaillances
qui ralentissent le développement du bilinguisme. En effet, certains
professeurs ont certes un niveau scolaire suffisant pour réussir
l'examen régional, mais ils n'ont pas la capacité pour tenir
une conversation avec un francophone et encore moins pour enseigner leur
matière dans cette langue. Donc, les aptitudes expressives requises
à cet examen ne sont pas suffisantes.
De plus, dans la vie quotidienne, peut-on encore affirmer que la Vallée
d'Aoste soit bilingue ?
Il suffit de se rendre dans une entreprise privée, chez un commerçant
ou bien chez le médecin pour constater que le bilinguisme est totalement
inexistant.
L'obstacle majeur au plein épanouissement de la langue française
est donc indubitablement un manque de rigueur et d'exigence en ce qui
concerne la pratique de la langue française.
Le bilinguisme se limite, en somme, à deux domaines : l'enseignement
et l'administration régionale, deux pôles toutefois fondamentaux
d'une société. Mais est-ce suffisant pour qualifier une
région comme étant bilingue ?
Isabelle Capron
J’avais, avant d'arriver en Vallée d'Aoste,
quelques craintes quant à son bilinguisme. Je m'y installais en
effet pour perfectionner mon italien et j'avais entendu dire que tous
ses habitants parlaient français. Je dois admettre qu'à
mon arrivée, il y a de cela cinq mois, j'ai été assez
déroutée : impossible de parler italien dans les magasins,
dans la rue, et même à l'université. Peut-être
est-ce une habitude (j'ai en effet constaté que les touristes français
ne font presque jamais l'effort de parler italien, ne serait-ce que pour
dire “ ciao ! ” et attendent toujours des commerçants
italiens qu'ils leur parlent français), peut-être voulait-on
m'aider à m'exprimer ou simplement me montrer que l'on connaissait
ma langue, toujours est-il qu'on me parlait français. Cependant,
j'ai réussi à m'imposer et aujourd'hui, plus personne ne
me parle dans ma langue !
Je n'ai malgré tout jamais pensé que la Vallée d'Aoste
était une région bilingue, car, si les officiels et le personnel
de l'administration parlent un excellent - voire parfait - français,
la plupart des gens que je rencontre dans la rue ne connaissent que quelques
mots et sont généralement bien aise que je parle leur langue.
De plus, même ceux qui la connaissent assez bien ne la parlent souvent
pas sans erreurs et ne sont donc pas bilingues.
Plurilingue, donc, certainement pas non plus, car si une grande partie
de la population parle également le dialecte valdôtain, ce
n'est généralement pas le cas des jeunes que je rencontre.
Je pense qu'il n'est pas nécessaire que le Val d'Aoste soit complètement
bilingue ou plurilingue pour lui reconnaître ses richesses, dont
la principale est certainement sa proximité géographique
et culturelle avec la France.
Les Valdôtains ont un contact particulier avec la France, c'est
indéniable ; un contact qui donne parfois l'impression qu'ils sont
autant français qu'italiens dans leurs réactions, leurs
habitudes... mais on ne peut pas dire qu'ils sont bilingues. Ils conservent,
au moins par la langue, leur nature italienne.
Ce qui est très positif car ils ont la particularité de
bien connaître le français tout en restant de vrais Italiens
! Et apprendre l'italien en Val d'Aoste devient un plaisir : les Valdôtains
sont contents de voir des étrangers parler leur langue mais, connaissant
le français, ils comprennent les erreurs que l'on fait, et peuvent
nous aider à les corriger pendant que nous, Français, corrigeons
de notre côté les leurs dans notre langue et s'instaure ainsi
un véritable partenariat linguistique !
Laure Brevard
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