|
Des
maths en français
En 1997-1998, au lycée
classique d’Aoste la section bilingue a vu le jour.
Dans différentes disciplines les élèves y reçoivent
environ 30 % de leur enseignement en français.
À la session de 2002, la première promotion s’est
présentée à “ l’Esame di Stato ”.
Dans sa section à option bilingue, le lycée
classique d'Aoste propose à ses élèves une nouvelle
offre d'études, caractérisée par un approfondissement
moins poussé de la structure grammaticale des langues classiques,
le latin et le grec, et par une approche bilingue dans presque toutes
les disciplines.
Sa caractéristique principale est la différenciation entre
le cours traditionnel et ce que l'on a nommé “ atelier bilingue
”.
Cet atelier se déroule en français et peut viser la réalisation
d'un produit tel que : un dossier, un document vidéo, un exposé
oral ou un rapport de laboratoire de physique.
Le temps utilisé pour l'atelier bilingue des disciplines scientifiques
est d'environ 30 % de l'horaire scolaire.
En choisissant le lycée à option bilingue, les élèves
sont fortement motivés par les activités de l'atelier et
ils déclarent volontiers qu'ils ont fait ce choix poussés
par un très vif intérêt pour les langues (le français
et l'anglais, notamment), même si au début ils émettent
quelques doutes sur l'usage du français dans les disciplines scientifiques.
Ils craignent un surcroît de difficultés dans ces matières
; ils redoutent en effet que la compréhension des disciplines soit
quelque peu altérée par l'usage du français. Mais,
nous avons vu que, pour les élèves qui ont fréquenté
les écoles élémentaires et moyennes en Vallée
d'Aoste, le français ne constitue jamais un obstacle. Toutefois,
même dans le cas de l'alternance des langues, il faut choisir avec
beaucoup d'attention les sujets à développer en langue française
; ils doivent être particulièrement significatifs du point
de vue disciplinaire et en même temps présenter une langue
de spécialité pas trop complexe.
La chance d’apprendre le français |
Je viens de terminer mes études secondaires au lycée
classique à option bilingue d’Aoste et je suis inscrit
en première année à l’école polytechnique
de Turin. De mon ancienne école, des deux premières
années, au gymnase, j'ai apprécié le fait d’avoir
autant d’heures de cours en italien et en français.
Je crois que la différence par rapport aux autres écoles
est très importante. Maintenant, je m'aperçois que
j’ai eu beaucoup de chance, et même si actuellement
je n'ai pas l'occasion d'utiliser le français dans mes études,
il m'arrive de pouvoir exploiter mes compétences linguistiques
dans d'autres domaines. Par exemple, les voyages me donnent l’occasion
de rencontrer des gens qui parlent français et, pour moi,
c'est plus facile de communiquer en français qu'en anglais,
puisque je maîtrise moins bien cette autre langue.
Je crois que le français peut jouer un rôle important
dans l'apprentissage, surtout s’il est utilisé dans
les matières littéraires. Il est peut-être plus
aisé de l'appliquer lorsque deux cultures différentes
peuvent être mises en parallèle. Par contre, quand
il s’agit de disciplines scientifiques, je pense que la principale
différence concerne la traduction des mots... ; toutefois,
je dois reconnaître qu’il m’est arrivé
d’appréhender un problème sous une autre perspective,
parce que je l’abordais en français ; c’est un
aspect qu’il serait intéressant d’approfondir.
Je crois aussi qu’à l’école il serait
important de valoriser d'autres habiletés comme la capacité
de travailler en groupe, de comprendre l'utilité de ce qu’on
étudie, de ne pas se limiter à écouter un cours
et à le réciter le jour de l'interrogation. Bref,
cela vaut la peine de miser sur cette façon de concevoir
l'école et sur la possibilité de donner une application
concrète à l’enseignement du français,
afin de mieux faire passer aux élèves l’importance
de l’effort d’apprendre ce qui leur est demandé.
Michel Noussan |
Pour répondre à ces exigences, et compte
tenu de la nécessité d'utiliser une didactique active dans
les ateliers bilingues, en mathématiques nous avons choisi de travailler
de préférence avec le support de l'informatique et des fichiers
en français ; pour la physique, des expériences guidées
par des fiches explicatives en français sont privilégiées.
Dans l'atelier, les professeurs titulaires alternent les deux langues
selon la difficulté du thème traité, aussi bien du
point de vue disciplinaire que du point de vue du langage de spécialité.
En travaillant sur la construction de concepts disciplinaires dans les
deux langues, nous nous sommes aperçus que le français,
choisi comme langue véhiculaire, est en fait une aide pour les
élèves qui, surtout au moment de l'oral, sont amenés
à prêter une plus grande attention aux consignes et aux questions
posées.
En outre dans notre école, à caractérisation linguistique,
il est intéressant de se pencher et de réfléchir
sur le passage du langage commun au langage scientifique, aussi à
l'aide de la langue française.
L'utilisation de textes français et la présence en classe
de l'assistant de langue permettent enfin aux élèves de
comparer différentes méthodes d'enseignement et de profiter
d'une langue française de qualité, grâce à
l'opportunité offerte.
En plus, nous avons décidé d'aborder les questions scientifiques
à l'aide d'une approche “historico- philosophique”,
car c'est le fil rouge choisi pour relier entre eux les cours des différentes
disciplines, même si les assistants de langue et les textes français
traitent de préférence les sujets disciplinaires d'une manière
plus technique.
Les épreuves orales et écrites présentent toujours
des questions relatives aux sujets développés dans l'atelier.
L'évaluation prend surtout en considération les compétences
disciplinaires même si l'emploi du français, en tant que
langue véhiculaire des connaissances de l'élève,
est très important.
Pour atteindre nos objectifs, cette année nous expérimentons
une nouvelle formule de collaboration avec les assistants de langue des
disciplines linguistiques. Ce que nous appelons : leçons-conférences
sont préparées sur des thèmes pluridisciplinaires,
comme par exemple les mathématiques dans l'art, la lumière
dans l'art et la perception visuelle…
Dans ce contexte la langue française utilisée dans un domaine
plus vaste devient un instrument pour transmettre et connaître la
culture francophone d'une façon plus approfondie et complète.
Paola Santin
|
|