Un vaste projet d’éducation
à la paix a permis aux petits de la maternelle de correspondre
avec des enfants boliviens de leur âge. En partant d’une
expérience quotidienne sur l’alimentation et le pain, ils
ont aussi entrepris un parcours de questionnement et d’interprétation
des traces du passé.
Depuis plusieurs années, tout notre établissement d’«
Aosta 1 » se lance dans un vaste projet d’éducation
à la paix qui s’achève par une fête multiculturelle
dans les Jardins de Saint-Ours à Aoste. Parents et amis y sont
invités.
École de l’enfance de
l’Institution scolaire « Aosta 1 » |
83 enfants encadrés par leurs enseignants:
Maria Teresa Giunti, Rosalba Mastrogiuseppe, Graziella Minissale,
Donata Orsini, Laura Charbonnier, Daniela Levi, Concetta Malaspina,
Davide Mancini, Carla Chapellu. |
En 2004–2005, plus de vingt enseignants ont entraîné
dans l’aventure de « L’éducation à la
paix à travers le respect des différences », une
dizaine de classes, depuis l’école de l’enfance (83
élèves), jusqu’au secondaire du 1er degré
(76 élèves), en passant bien évidemment par l’école
élémentaire (72 élèves).
Un livre illustré de dessins et de photos a été
publié ; il raconte le travail effectué.
Dans le cadre spécifique de l’école enfantine, grâce
à la participation active des enfants, l’expérience
de coopération didactique et humanitaire avec la Bolivie a permis
de rapprocher des communautés éloignées par la
distance et le type de culture, mais qui ont au moins un point commun:
celui d’être toutes deux implantées en milieu montagnard.
La naissance du projet Cochabamba
L’histoire qui nous a conduits à Cochabamba est plutôt
singulière. Tout est né grâce à deux enseignantes
qui ont assisté à la conférence de présentation
de l’activité d’Aurelio et Anna Danna, un couple
de Valdôtains de la Coopérative Trait d’Union (ONLUS),
installé à Cochabamba en Bolivie pour une action humanitaire.
Notre projet a vraiment pris forme à la suite d’un cours
de formation tenu par Paola Giani, une responsable de projets multiculturels
de la commune de Turin qui a longuement parlé de la valeur et
de l’importance d’aborder à l’école
le thème de la multiculture et du rôle que l’école
peut jouer comme lieu privilégié et protégé
pour éveiller la conscience des élèves à
ce sujet d’actualité.
Ce que nous appelons « Cochabamba - projet de coopération
et d’éducation » a débuté en 2004–2005
et se prolonge cette année. Il prévoit une correspondance
assidue avec les enfants boliviens et une participation modeste mais
effective à l’action humanitaire, mais aussi aux manifestations
de notre région, « La fête du livre » de Pont-Saint-Martin
et le Concours Cerlogne par exemple.
Concrètement, d’où sommes-nous
partis ?
L’histoire de la Bolivie en général, et de Cochabamba
en particulier, est celle d’une réalité plongée
dans une situation économique et sociale précaire. La
maladie, la pauvreté y sont récurrentes.
Avec les enfants de l’école enfantine, nous avons lancé
le pari de la coopération, au delà des différences
en abordant le thème par le biais de l’alimentation, la
nourriture étant un sujet privilégié pour des enfants
de cet âge. En outre, même le ministère souligne
combien l’agriculture et l’alimentation sont un véhicule
important pour le dialogue interculturel.
Cochabamba - projet de coopération et
d’éducation
Quand nous nous sommes engagés dans la réalisation concrète
du projet, le premier pas a consisté à remplacer les mots
par l’action. Nous nous sommes d’abord demandés ce
que nous pouvions faire.
Nous nous sommes interrogés sur nous-mêmes et avons pensé
que la meilleure façon de commencer était de nous présenter
aux correspondants de l’école bolivienne « Collegio
Maria Mazzarello » de Cochabamba avec laquelle Aurelio et Anna
nous avaient mis en contact.
Nous avons proposé à nos élèves de visionner
les diapositives de la Bolivie. Elles leur ont permis de découvrir
les paysages andins et leurs habitants qui ne ressemblent pas toujours
à ceux d’ici. Ils ont remarqué que certains Boliviens
sont habillés différemment. Ils ont notamment observé
que parfois femmes et enfants ont sur la tête des chapeaux et
leurs vêtements sont très colorés.
Avant de nous lancer dans l’étude des différences,
nous avons préféré commencer par nous poser la
grande question suivante : « Qui sommes-nous ? », ne perdant
pas de vue le thème de l’alimentation. Nous avons pensé
que pour découvrir et comprendre l’autre, il est d’abord
préférable de se connaître soi-même ; d’où
la recherche que nous avons entreprise sur notre identité individuelle
et culturelle. Et pour ce faire, il est aussi souhaitable de bien connaître
l’endroit où l’on vit. On a donc exploré le
milieu qui nous entoure et où sont cultivés les produits
agricoles typiques de nos montagnes.
Les enfants ont été conduits hors de la salle de classe,
dans la campagne environnante pour découvrir une vigne, un châtaignier
monumental, un verger de pommiers, etc. Et au retour, sous forme de
dessins, ils ont raconté ce qu’ils ont vu.
L’histoire de Monsieur Baguette et du pain
Après cette première étape, quand désormais
tout le monde a bien pris conscience de quelques-unes des caractéristiques
de notre culture, pour entrer au cœur du projet nous nous sommes
ingéniés à inventer une histoire qui se situe à
Cochabamba, dans laquelle ont été introduits des éléments
de pure fantaisie et des éléments issus de la réalité,
afin de susciter l’imagination des enfants et leur permettre de
s’approprier le contexte et l’histoire des personnages.
Notre intention était de faire comprendre aux enfants ce que
signifie vivre et se nourrir dans un milieu montagnard pauvre.
Ils ont écouté attentivement un conte qui parlait de l’histoire
de gens pauvres qui ne mangent que des pommes de terre et qui redécouvrent
la manière de faire pousser le blé et de faire du pain.
L’histoire a été ensuite illustrée par les
enfants.
Puis, grâce à l’intervention du personnel du BREL,
nous avons été informés sur les cultures céréalières
traditionnelles de la Vallée d’Aoste. On nous a apporté
différentes graines que nous avons semées. Au bout de
quelques mois, un petit épis de maïs a même poussé
dans notre jardin.
Quand désormais les enfants ont reconnu les céréales
et leur importance dans l’alimentation, en vue de la « Fête
du livre » de Pont-Saint-Martin, ils ont dessiné des épis
de blé sur des affiches et imprimé leurs mains comme si
elles les tenaient.
En découvrant les fours à pain de Cochabamba sur les photos,
les enfants ont pu se rendre compte de la pauvreté dans laquelle
sont plongés leurs correspondants. Ensemble, on a recherché
si, chez nous, il existait une situation comparable.
On s’est rendu à Introd le jour où quelques grands-mères
pétrissaient la pâte à pain et l’enfournaient
pour cuire les miches, comme on le faisait autrefois.
Cette activité, et d’autres encore, dont la plupart ont
tourné autour du thème de l’alimentation, ont été
une façon de faire découvrir aux enfants des traits de
leur propre culture et de celle de leurs petits camarades qui habitent
très loin, au cœur des montagnes des Andes.
Et même si notre initiative a pu présenter quelquefois
un côté ingénu et utopique, elle nous a permis de
nous rapprocher de la culture de nos correspondants boliviens, tout
en approfondissant la connaissance de la nôtre.
Mon pays… le monde |
CULTURES DU MONDE
• La connaissance réciproque porte au dialogue
• Unir sans confondre
• Distinguer les différences sans séparer
IDENTITÉ PERSONNELLE
ET CULTURELLE
• Connaissance de soi et des autres. Qui suis-je ? Qui es-tu
?
• Comment connaître et se faire connaître ?
BIEN-ÊTRE
• Expériences partagées
• Occasions pour exprimer ses propres sensations et émotions
• Sorties sur le territoire
CORPS
• Identité de genre
• Expression corporelle : langage du corps comme moyen de
communication avec autrui, mimes, mouvement et musique
LES LANGUES
• Prendre conscience de son propre mode d’expression
et de celui de sa famille
• Première approche et comparaison avec d’autres
langues et dialectes (comptines de chez nous et d’ailleurs),
quelques parlers de la Vallée d’Aoste : italien,
français, patois
PROVENANCE GÉOGRAPHIQUE
• Us et coutumes (alimentation)
COMMENT CONNAÎTRE
ET NOUS FAIRE CONNAÎTRE ?
• Les traditions de chez nous : la « désarpa
», la cueillette des pommes, les vendanges, les marrons
chauds, la foire de Saint-Ours, la moisson, le moulin et le four
du village
• À Valtournenche : la Fête du patois du Concours
Cerlogne
• À Pont-Saint-Martin : la Fête du livre
• À Gressonney : visite d’une fromagerie
LE PROJET COCHABAMBA -
BOLIVIE
• Un projet d’éducation et de coopération
• Un récit pour connaître
• Du matériel de documentation : cassettes audio
et vidéo, cartes postales, photos, livres
• Correspondance, échange d’expériences
• Exposition-vente, récolte de matériel
• Élaboration et vente d’un livre |
Les enseignants de l’école enfantine
de « Maison Savouret »,
Institution scolaire «Aosta 1».