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Au
service de la communauté
Interview de M. Joseph Rivolin,
directeur du Système Valdôtain des Bibliothèques.
Quels sont les objectifs et quelle est la spécificité
du Système Valdôtain des Bibliothèques ?
Le Système Valdôtain des Bibliothèques est important
par ses dimensions puisqu’il regroupe 56 bibliothèques du
territoire régional, réparties dans 52 communes, dont certaines
de très petites dimensions, ce qui confère à la Vallée
d’Aoste une place d’avant-garde en Italie.
L’importance de ce système réside tout d’abord
dans sa fonction institutionnelle, qui consiste principalement à
: diffuser la lecture ; promouvoir les activités culturelles relatives
au patrimoine écrit ; collaborer à la formation culturelle
des jeunes générations ; aider à l’éducation
permanente ; diffuser les connaissances historiques et linguistiques ;
œuvrer pour le maintien des traditions locales et la défense
du particularisme valdôtain.
Ce qui distingue les bibliothèques valdôtaines des autres
bibliothèques italiennes, c’est évidemment le bilinguisme
: à côté des collections de livres en italien, toutes
les bibliothèques du Système régional possèdent
des collections de livres en français, ce qui peut être très
utile aux autres Régions italiennes. Grâce au prêt
inter-bibliothèque, les bibliothèques du reste de l’Italie
peuvent s’adresser à nous, sans devoir recourir à
l’étranger, à travers le prêt international.
Aux objectifs principaux énumérés ci-dessus, je pourrais
ajouter que l’Administration régionale fournit un effort
constant dans le domaine de la diversification des services rendus et
de l’amélioration de leur qualité, puisque en premier
lieu, son but est d’être au service de la communauté.
Quel est le volume des prêts ?
En 2006, à elle seule, la bibliothèque régionale
centrale d’Aoste a effectué 210 750 prêts de documents,
répartis de la manière suivante : 113 059 livres de la Section
adultes (53,6 % des prêts) ; 27 030 publications de la Section jeunesse
(12,8 %) ; 37 563 documents sonores de la Phonothèque (17,8 %)
et 33 098 documents visuels de la Vidéothèque (15,7 %).
À ce propos, il est à remarquer que l’entrée
en vigueur du prêt des DVD, à partir du 1er août 2006,
a entraîné une augmentation immédiate et significative
du nombre des prêts de documents visuels par rapport à 2005,
en valeur absolue (+ 3 482) et en pourcentage (+ 2,6 % du volume global
des prêts).
Les chiffres des autres bibliothèques étant en cours d’élaboration,
le prêt n’y étant pas encore informatisé, il
faut plus de temps pour dresser les statistiques. En fait, le système
intégré de prêt informatisé est en cours de
réalisation dans toutes les bibliothèques du Système
régional, grâce à la collaboration de la Direction
des Archives et des Bibliothèques de l’Assessorat de l’Éducation
et de la Culture et du Département du Système d’Information
de l’Assessorat des Finances. Pour l’instant, il existe déjà
dans les bibliothèques régionales de la zone de Châtillon
et de Verrès ; les autres sont sur la liste d’attente. Cela
permettra notamment de mettre à jour en temps réel la situation
des prêts et de connaître en temps réel la disponibilité
effective des documents dans toutes les bibliothèques du territoire
régional.
Qui sont les usagers des bibliothèques
?
Au cours de ces dernières années, le public des bibliothèques
a énormément évolué. En plus de l’utilisateur,
pour ainsi dire traditionnel, comme l’écolier, l’étudiant,
le professeur, l’érudit local, le passionné de littérature
romanesque, on voit désormais entrer dans les bibliothèques
toutes les catégories sociales ou presque, notamment à cause
de l’évolution de la typologie des documents qu’on
y trouve. À côté des livres et des journaux il est
désormais possible de fréquenter la bibliothèque
pour emprunter un CD, une cassette vidéo, un DVD ; pour écouter
de la musique, voir un film, assister à une conférence,
à une projection, à une animation destinée aux enfants
; pour accéder à Internet ; pour étudier ou tout
simplement pour rencontrer les amis. À ce propos, il faut signaler
que certaines bibliothèques, comme celle d’Aoste, sont fréquentées
par de nombreux immigrés qui y trouvent l’occasion de disposer
d’instruments culturels importants pour comprendre la société
qui les accueille et donc pour faciliter leur intégration socioculturelle.
Les Valdôtains, sont-ils de bons lecteurs
?
Comparés à l’ensemble de la population italienne,
on peut dire que les Valdôtains sont de bons lecteurs ; le nombre
d’utilisateurs de la Bibliothèque régionale le prouve
: environ mille personnes la fréquentent chaque jour. Mais après
le grand succès initial, à partir de 2003, elle a enregistré
une légère diminution des prêts due, à mon
avis, surtout à la diffusion de l’usage d’Internet,
qui permet à un nombre croissant de personnes d’accéder
à domicile à une riche " bibliothèque virtuelle
".
En quoi consiste le travail du bibliothécaire
et comment être à l’écoute des lecteurs ?
Aujourd’hui, on entend souvent parler de médiateurs culturels.
Or, le bibliothécaire en est effectivement un. Sa tâche consiste,
non seulement, à accomplir des mentions techniques et manuelles
propres à sa profession, comme le catalogage, le fichage bibliographique,
le prêt, etc., mais aussi à mettre en communication le public
avec le monde merveilleux des livres et des autres instruments de connaissance
que les techniques modernes nous offrent ; ce qui n’est pas évident
pour tout le monde, car on sait que la lecture signifie encore pour beaucoup
une perte de temps ou un mauvais souvenir d’une scolarité
mal digérée. C’est pourquoi le bibliothécaire
doit faire preuve d’une grande flexibilité ; en quelque sorte,
il doit faire comme le caméléon, être prêt à
assumer la même couleur que son interlocuteur, pour mieux s’adapter
à lui, à son niveau de d’attente et de compétences
; comprendre et interpréter ses exigences effectives et lui donner
les réponses les plus adéquates, le service le mieux adapté
à sa personnalité. C’est en se mettant à l’écoute
du lecteur et, j’ajouterais, surtout du lecteur potentiel, de celui
qui ne lit pas encore ou pas encore assez, que le bibliothécaire
accomplit pleinement sa mission.
Quelles stratégies pour fidéliser
tous les lecteurs et les jeunes en particulier ?
Le Système Valdôtain des Bibliothèques est issu de
l’expérience des centres culturels, nés un peu partout
en Vallée d’Aoste, au cours des années 1970. Dès
le départ, leur mission était l’animation culturelle
des communautés de référence, l’organisation
de différentes manifestations, le soutien pour la création
de chorales, de groupes de théâtre, d’amicales de passionnés
de lecture ou de musique, etc.
L’évolution de la société a souvent amené
à faire en sorte que ces initiatives se rendent autonomes par rapport
aux bibliothèques. Cela a été le cas surtout dans
les communes les plus vastes, où l’on a insisté plus
spécifiquement sur la lecture. De toutes façons, partout
où elles existent, elles occupent un rôle de premier plan
dans la vie culturelle locale. Le problème n’est donc pas
tellement d’attirer des lecteurs, mais plutôt de créer
un climat favorable à la croissance culturelle, tous azimuts, de
la communauté.
L’accent est mis plus particulièrement sur l’éducation
à la lecture quand il s’agit des plus jeunes, car c’est
dès la petite enfance que se forment les futurs lecteurs. C’est
à cet âge que lorsqu’on tombe amoureux des livres,
on devient lecteur pour la vie, et comme on le dit en italien " Il
primo amore non si scorda mai ". D’où l’attention
particulière que toutes les bibliothèques, et en particulier
la Section jeunesse de la Bibliothèque régionale, consacrent
à l’accueil de classes, aux animations, aux lectures collectives,
aux projections guidées spécialement conçues pour
les enfants.
Quelles relations existe-il entre les bibliothèques
et les écoles ?
Le rapport entre les bibliothèques et les écoles est essentiel.
Il appartient en premier lieu aux enseignants d’acheminer le plus
tôt possible les enfants vers la lecture, de manière tout
à fait naturelle, sans les forcer et sans céder à
la tentation des modes du moment, dont les conséquences pourraient
peser longuement et lourdement sur l’avenir de la jeunesse ; sans
exclure à priori l’école des " Trois I "
prônés naguère, " Inglese, Informatica e Impresa
" (si je me souviens bien), j’ajouterais l’école
des " Trois L : Lire, Lire et Lire ".
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