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Chers
lecteurs
Est-ce juste une provocation de notre part d’avoir choisi de consacrer une partie de ce numéro à la passion à l’école ? Nous savons bien, qu’actuellement, l’école est en pleine crise, que mille doutes assaillent quantité d’enseignants, d’élèves et de parents. Mais, nous avons quand même voulu rechercher des îlots de bien-être et d’enthousiasme dans la Vallée.
Armés de crayon et de papier pour prendre des notes, du MP3 pour les enregistrements et de l’appareil-photo, les deux membres de la rédaction que nous sommes - détachés à plein temps de l’enseignement - avons décidé de sortir de l’ambiance feutrée de notre bureau, ensemble ou chacun de son côté, dans le but d’en dénicher. Et nous devons avouer que ça n’a pas été bien difficile.
De Gignod à Gressoney, d’Aoste à Courmayeur, un peu partout dans la région, nous avons rencontré des classes avec des élèves heureux et des enseignants qui, malgré la précarité de leur poste, malgré les lourdeurs contraignantes de la bureaucratie, malgré le désenchantement ambiant, n’ont pas attendu pour agir de lire les suggestions de Paolo Mottana, professeur à la SSIS de Milan, qui a écrit dans son dernier livre intitulé Caro Insegnante : « Capisco la collegialità, la collaborazione, il progetto condiviso. Fai uno sforzo, ma non cedere sulla tua anima, non vendere il tuo sogno di come si fa a calare la vita pullulante dentro a un esercizio didattico, dilata il POF, domina il POF, infila nel POF tutto il tuo amore, mi raccomando. »
Nous avons rencontré des profs des écoles, des collèges et des lycées qui aiment leur discipline, mais qui apprécient, par dessus tout, le contact avec les classes. Le plaisir d’enseigner les habite.
Daria Pulz, quand elle aborde le thème de la passion à l’école, ne cache même pas dans le titre de son article la dimension « érotique » de l’action d’enseigner et d’apprendre. Pour elle, c’est là un bon antidote pour lutter contre l’ennemi à combattre : l’ennui.
Il est vrai que tous les jours, tous les cours ne peuvent pas être captivants. Chiara Bernardi, en citant Leopardi et son Zibaldone, rappelle que « la noia è mal comune », pas moyen d’y échapper. Les enseignants de mathématiques le savent bien. Isabelle Andriot, Simona Audisio et Paolo Paciello n’en sont pas moins passionnés par leur métier. Leur envie de faire apprécier leur matière aux élèves est débordante. Et, ma foi, la plupart du temps, ils atteignent leur but !
Que faire pour que la lassitude ne gagne pas les petits élèves de maternelle ? Il ne faut pas croire qu’ils sont à l’abri de l’ennui ; mais « il suffit » de s’ingénier à leur faire faire de belles choses. C’est ce que racontent Sidonie Charrey, Monica Guttero, Eles Nicolotti et Valentina Porcellana.
Vous l’avez compris, le second thème de ce numéro, c’est l’ennui. Et là, nous avions l’embarras du choix.
Malgré notre optimisme légendaire, nous n’avons pas reculé : Flavia Pirillo, parle de ces collègues, de plus en plus nombreux, qui n’en peuvent plus, qui sont en proie au burnout. Elle pense que ce n’est qu’en œuvrant pour le bien-être des enseignants que pourra être réalisé celui des élèves.
Dans son article de réflexion, Armando Luisi, chef d’établissement dans la province de Bologne, définit l’ennui à l’école de la façon suivante : « Il lato oscuro della noia, come senso di sazietà, è il nemico mortale della scuola perché rende i dirigenti scolastici e i docenti condottieri senza esercito. Il progetto della scuola esiste, almeno sulla carta, e si chiama Piano dell’Offerta Formativa. Per la sua realizzazione ha, però, bisogno della irrinunciabile collaborazione degli utenti: innanzitutto degli alunni, ma anche dei genitori (utenti di secondo livello). »
Quant à nous, nous avons voulu recueillir l’avis des élèves valdôtains sur l’ennui et la façon dont ils le vivent. Dans les classes du primaire et du collège, les collègues Catia Cottino, Milena Dalbard, Lucia Lévêque ont posé la question à leurs élèves. De même, 66 adolescents du secondaire du 2ème degré de Châtillon et Saint-Vincent ont répondu à la question posée par Roberta Matteini et Ornella Salvetti :
« Qu’est-ce que je fais quand je m’ennuie? » De l’ensemble des réponses, il ressort que souvent, l’ennui est engendré par la monotonie ; que l’on s’ennuie quand on ne comprend pas, lors de certains cours, dans certaines matières, quand interviennent certains profs. Mais, aucun d’entre eux ne s’est limité à dire ce qu’il en pense sans proposer, en contrepartie, des remèdes.
Et puis, il y en même qui avouent ne jamais s’ennuyer à l’école !
Allez, nous souhaitons à tous, une bonne rentrée.
Geneviève Crippa
Bruno Fracasso
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