VERTA VALLAYE
"Le vide architectural contient un plein biologique où se joue le mouvement, c'est-à-dire la réalité du jardin." Gilles Clément
JARDINS IMPREVUS EN VILLE
di Maddalena Micheletto et Gilles Novarina
Dans les pays d'Europe continentale - et c'est là une différence avec l'Angleterre - prédomine depuis la fin du XIXe siècle une tradition du jardin public. Ce jardin est conçu, par les jardiniers ou plus exactement les horticulteurs des services municipaux, comme un espace artificiel planté de quelques arbres, dans lequel les massifs de fleurs ou d'arbustes sont renouvelés régulièrement. La croissance des plantes est assurée par un arrosage abondant et l'usage intensif de produits phytosanitaires et d'engrais chimiques. Souvent les allées de gravillons sont remplacées par de véritables ruelles goudronnées ou recouvertes de pavés autobloquants. Dans ces espaces, le mobilier urbain abonde : réverbères, bancs publics, jardinières et contenants divers réalisés en béton ou dans le meilleur des cas en bois, jeux pour les enfants, clôtures métalliques, ruisseaux artificiels et fontaines où parfois l'eau ne coule plus. Le jardin public est un véritable équipement urbain qui implique des coûts élevés d'investissement et surtout d'entretien. Il correspond de moins en moins aux attentes d'une population qui, dans les villes petites et moyennes, accèdent aisément aux espaces naturels environnants que sont la campagne ou la montagne.
Face à l'augmentation des coûts d'entretien et à une certaine désaffection d'un public de plus en plus sensible aux images de la nature sauvage, les paysagistes et les responsables des services municipaux des espaces verts, dans les pays scandinaves, en Allemagne et en Autriche d'abord, en France ensuite, sont amenés à concevoir de nouvelles formes de jardins publics pour répondre à un objectif, celui de faire rentrer la nature dans la ville. Ils sont à la recherche d'une gestion plus écologique des espaces verts qui s'intègre dans une perspective de développement durable.
LE " JARDIN EN MOUVEMENT "
C'est au paysagiste français Gilles Clément, concepteur du parc André Citroën à Paris mais aussi de projets de requalification de carrières ou de réaménagement de talus sur le passage d'un funiculaire à Lausanne, qu'il revient d'avoir inventé l'idée du " jardin en mouvement ".
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Contrairement à ce qui se passe dans tous les autres jardins (publics) connus, où les végétaux ont une place attitrée dans les massifs, dans les mixed-borders, dans les parterres, etc., il n'existe pas, ici, de limites physiques destinées à séparer les herbes dites " bonnes ", des herbes dites " mauvaises "... C'est le mode biologique de ces plantes qui va déterminer la forme et l'emplacement des masses fleuries... Il en résulte une modification permanente de l'aspect du jardin... Les masses fleuries se transforment au gré des saisons, elles apparaissent et disparaissent en des endroits imprévus du jardin (1)".
Le paysagiste prend l'exemple d'une prairie de marguerites. Après floraison, on peut la faucher en totalité et la transformer en gazon ou au contraire conserver çà et là une touffe de fleurs non encore fanées ou un buisson de graminées, en créant ainsi des cheminements. L'entretien mécanique est réduit au minimum et au gré des saisons, le jardin présente, aux yeux du visiteur, un visage sans cesse renouvelé.
LA " GESTION DIFFÉRENCIÉE " DES ESPACES VERTS
Depuis le début des années 1990, de nombreux gestionnaires d'espaces verts reprennent à leur compte cette conception du
" jardin en mouvement "
. À l'échelle européenne, les séminaires se multiplient sur le thème d'une gestion écologique des jardins publics ou d'une
" gestion différenciée "
, définie comme la sélection des interventions nécessaires et suffisantes pour tirer parti d'une végétation spontanée en réalisant un compromis entre l'aspect sauvage et le confort paysager de l'espace public. Les principes de cette gestion différenciée sont l'analyse préalable de la qualité des sols et la reconnaissance des espèces préexistantes, la coexistence de la végétation spontanée et de la végétation plantée, le recours au traitement biologique contre les parasites et le compostage des déchets végétaux voire ménagers. L'intervention du jardinier se limite à une sélection des certaines espèces végétales jugées trop envahissantes et à des semis favorisant une diversification de la flore. Les nouveaux jardins voient alterner des espaces soigneusement entretenus et des espaces laissés à l'état de nature sauvage. La friche finit par s'installer au cœur même du jardin public et, cernée éventuellement de barrières, devient un refuge pour la faune locale. Le captage des eaux souterraines peut être l'occasion de créer, à l'intérieur de nouveaux quartiers d'habitation, des roselières où viennent nicher les canards et dont l'observation fait la joie des enfants.
UN RÉSEAU D'ESPACES NATURELS DANS LA VILLE
Le jardin public ne doit plus être pensé comme un espace clos. Il coexiste aujourd'hui avec d'autres espaces naturels (jardins familiaux, jardins privés, terres agricoles, friches) qui, avec la diffusion des constructions sur tout le territoire, se trouvent intégrés dans la ville. Ces espaces peuvent être ouverts au public sans nécessairement devenir propriété de la commune. Tel est le cas par exemple des jardins familiaux qui encore aujourd'hui sont gérés par des associations. Des projets sont en cours qui visent à les requalifier : mise au point d'un modèle uniforme d'abri pour les outils, implantation de réservoir pour les eaux pluviales, aménagement de promenades publiques. Les services municipaux assurent l'entretien des seuls sentiers piétonniers, alors que les jardins sont de la responsabilité des personnes qui les cultivent. On découvre ici une manifestation de la collaboration nouvelle entre administrateurs publics et acteurs privés. Ces collaborations peuvent concerner aussi les espaces agricoles et les forêts. En effet, la collectivité publique ne dispose pas aujourd'hui des moyens suffisants pour entretenir l'ensemble de ces espaces de nature et doit donc multiplier les accords avec les privés pour aboutir à la mise en place d'un véritable réseau des espaces naturels. Le rôle du paysagiste est donc de faire entrer la nature dans la ville. Dès lors, pourquoi créer des aménagements artificiels ? Le jardin n'est-il pas un morceau de nature apprivoisée ? Le grand public prendra-t-il conscience de l'intérêt de ce type de gestion et acceptera-il, sur les espaces publics, ces plantes que l'on dit sauvages et ces potagers que l'on croit désordonnés ?
(1) Clément G. , Le jardin en mouvement , Sens & Tonka , 2001.
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EDITORIALE
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