Tout patrimoine végétal est une ressource vivante et, de ce fait, une entité en évolution constante. L'inévitable, mais désolant, abandon, année après année, des terrains qui servaient autrefois au pâturage des troupeaux ou bien à la culture des céréales, des fruits ou des vignes, ne signifie pas que la superficie des forêts augmente pour autant. Car il faudra probablement plus d'un siècle pour que la végétation qui colonise ces terrains parvienne à un équilibre et puisse être considérée comme une forêt à part entière. Entre temps, l'instabilité de cet écosystème génère des problèmes : risques d'ordre hydro-géologique et d'incendie, multiplication excessive de la faune sauvage - renards ou sangliers, par exemple - et disparition des ouvrages construits par l'homme pour protéger ses cultures et stabiliser les versants.
Les espaces boisés sont donc un bien aux caractéristiques ambivalentes. Ce grand patrimoine vivant est, d'une part, un formidable outil de purification de l'air, une ressource économique incontournable et un bien paysager fondamental pour l'offre touristique de notre région. Mais c'est aussi l'une des préoccupations majeures de l'Administration régionale et l'un des domaines dans lesquels elle doit intervenir de plus en plus.
Autrefois, l'entretien en était entièrement assuré par les particuliers. Le paysan qui prenait part aux corvées ne se bornait pas à nettoyer les sentiers et les cours d'eau : par la même occasion, il reconstruisait le pan de mur écroulé, abattait un arbre malade ou envoyait ses chèvres brouter à l'orée du bois pour éliminer les jeunes plantes envahissantes. Ce faisant, il effectuait gratuitement un travail qui profitait à la collectivité tout entière.
De nos jours, c'est de plus en plus sur les différentes administrations et sur leurs budgets que pèsent ces travaux, qui sont souvent insérés dans les programmes de prévention des risques. Ce qui est juste, car les espaces verts sont une richesse et une protection pour toute la communauté régionale. Mais nous devons nous fixer l'objectif à long terme de réévaluer également notre environnement du point de vue économique, afin qu'il redevienne une ressource " active " de notre région. Et ce numéro d'Environnement entend avancer un certain nombre de propositions intéressantes en ce sens.