INSEDIAMENTO TRADIZIONALE
Voici une petite réflexions sur la vie agricole au cœur des bourgs valdôtains.
UNE IDENTITÉ EN VOIE DE DISPARITION
par Camillo Rosset
Il m'arrive souvent de penser aux souvenirs de mon enfance: sensations et émotions s'emparent alors de mon esprit et m'obligent à arrêter toutes les tâches dans lesquelles je suis engagé. Tout à coup un univers d'images d'autrefois s'étale à mes yeux. Ces mirages me parlent encore aujourd'hui de cet ancien monde agricole qui se développait à l'intérieur du bourg et qui a désormais disparu. Voilà mon oncle, passionné et au regard désenchanté, auprès de ses vaches qui rentrent des pâturages; il y a des copains de l'école qui sont venus passer l'après-midi dans la vaste cour; on a joué dans la grange et maintenant maman nous a appelés; c'est l'heure du casse-croûte et tout le monde attend avec impatiente son morceau de blanc-manger moelleux et savoureux! Des femmes au foyer interrompent parfois le vacarme des enfants ; elles s'approchent de l'étable, à la crôte, pour prendre le lait qu'on a versé dans leurs bidons. Quelques-unes s'arrêtent pour raconter les dernières histoires du village, puis s'en vont terminer leur ménage. Des poules picorent des miettes de pain qu'on a laissé tomber sur les dalles froides de la cour et mes amis, curieux et étonnés, se plaisent à les regarder.
Il y a trente ans environ, dans le village de Nus, la vie agricole s'intégrait parfaitement aux rythmes de la vie du bourg. Je pourrais même dire que le cœur même de la vie agricole se trouvait au centre des bourgs valdôtains, où les étables et les animaux coexistaient avec la population. Par contre, depuis les années 1980, il n'y a presque plus de vaches qui traversent, avec leurs cloches retentissantes, le pavé, pendant les mornes journées de l'automne. L'activité agricole qui, depuis des siècles, avait son siège au sein des bourgs valdôtains, tend à se délocaliser dans les zones limitrophes, autrefois destinées aux pâturages, pour trouver des conditions de travail plus favorables.

En 1993, avec le soutien de ma famille, j'ai ouvert l'agriturismo dans le bâtiment qui nous appartient depuis des siècles et qui se trouve au milieu du bourg. Ainsi je pensais revaloriser les produits de notre terre et faire connaître aux clients les traditions agricoles de notre région. L'étable, qui comptait alors quelque trente vaches, était encore située derrière le restaurant. Les clients d'autres régions s'amusaient parfois à la vue d'une étable toute proche d'un restaurant et ils aimaient savoir l'histoire d'une telle localisation alors que, paradoxalement, des gens du lieu s'étonnaient… " Une étable au milieu du bourg ? " se demandaient-ils ! J'étais surpris, voire bouleversé; peut-être avaient-ils oublié le passé agricole de notre Région ?

En 1998, il n'était plus possible de posséder une étable à l'intérieur d'un centre urbain… Toute une série de règles sanitaires l'interdisait. Le cœur plein de chagrin, je dus opter pour la délocalisation de l'étable dans un endroit périphérique pour ne pas déranger la vie sociale de la communauté moderne. Déçu et consterné, je me suis plusieurs fois demandé ce qui restait de la vie agricole dans les bourgs. Je regrette souvent ce monde du passé, ce microcosme agricole où je suis né et où j'ai grandi, appris à vivre et à devenir citoyen adulte. Et pourtant je ne suis pas un vieillard insensible aux exigences de la modernité. Ce que je n'accepte pas, ce sont les verbes oublier, abandonner, négliger, surtout quand ces actions concernent notre territoire et notre histoire. J'ai l'impression que les gens avec lesquels je croyais partager des traditions et une culture ont vite oublié leurs racines pour s'adonner à des activités différentes ; sans vouloir polémiquer, ils ont abandonné le lien étroit avec le territoire sur lequel ils sont nés.

Heureusement ma famille témoigne encore aujourd'hui de cette réalité sociale d'autrefois. La gestion du territoire ; des eaux, des prés et de l'environnement en général représentent encore un engagement d'amour, malgré les mille et une difficultés, nous nous sentons concernés comme des fils dévoués. De toute façon des questions importantes devront dans le futur être résolues. Et alors quel avenir pourrons-nous envisager ? J'espère de tout mon cœur que ceux qui ont le pouvoir politique s'aperçoivent des difficultés aux quelles nous devons faire face chaque jours. Les centres urbains deviennent de plus en plus vastes et le risque de voir construire de nouvelles maisons là où se trouvent les étables aujourd'hui ne doit pas être négligé. Il faut donner de nouvelles bouffées d'oxygène à la réalité agricole sur notre territoire ; mais comment ? Tout d'abord ceux qui travaillent à la réalisation des plans d'urbanisme devraient être sensibilisés et informés de l'existence d'entreprises agricoles à proximité immédiate des centres urbains et ils devraient interdire que de nouvelles constructions soient bâties dans les environs.
   
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