MONOGRAFIA NATURA ALLEATA
L'Institut Agricole permet à ses élèves de se dédier à l'étude et à la recherche appliquée en agriculture et de comprendre l'étroite connexion entre l'activité agricole et le milieu.
AGRICULTURE ET ENVIRONNEMENT
par Emanuele Dupont
En 1997 le Conseil Régional, par la loi n.18 du 22 mai, a mis à jour les objectifs statutaires de l'Institut Agricole Régional, en doublant l'enjeu. En premier lieu, la loi prévoit que la tâche de l'enseignement agricole - tâche historique accomplie avec succès à partir de l'École pratique d'agriculture depuis 1952 - doit être complétée par la formation professionnelle en agriculture. Les jeunes élèves, qui suivent les cours scolaires, et les gens qui travaillent en agriculture doivent pouvoir compter sur l'appui scientifique de l'Institut Agricole pour toutes les nécessités de la formation. Deuxième engagement: le domaine de la recherche agricole doit être intégré par le volet environnemental "compte tenu également des exigences en matière de protection de l'environnement et de défense du territoire propres au milieu montagnard". L'argumentaire justifiant l'intégration "agriculture - environnement" est connu, ou du moins semble être connu, par tout le monde, mais il convient de lui donner une base scientifique et technique concrète: voilà le mandat de la loi. Les compétences dans la formation professionnelle et l'engagement dans le domaine de l'environnement donnent à l'Institut Agricole un nouvel élan et de nouvelles chances d'essor ; par ailleurs, nous ne pouvons pas cacher qu'il s'agit aussi d'un défi.

De plus, depuis sa fondation, l'Institut a exigé de façon prioritaire l'étroite connexion entre l'enseignement aux élèves et la recherche appliquée les objectifs agro-environnementaux de l'agriculture européenne trouvent donc leur place dans les cours d'études.
Les nouvelles tâches confiées par le Conseil régional sont à la fois et le signe de reconnaissance pour le travail effectué et une exigence pour un engagement institutionnel plus précis.
L'adéquation "environnement-agriculture" a été l'un des remparts de l'action de l'Institut, même quand les temps n'étaient pas très mûrs pour de telles considérations et que les réflexions se réduisaient au dicton, efficace et naïf, "les agriculteurs sont les jardiniers de la nature".
Pour les agronomes il est difficile de séparer la notion d'agriculture de celle d'environnement bien que l'écologie soit une science relativement jeune et que depuis quelques années seulement on se pose systématiquement les problèmes de l'interaction entre l'agriculture et l'environnement, il est hors de doute que, aujourd'hui encore et au moins chez nous, environnement signifie agriculture, pastoralisme, forêt et savoir faire du paysan.
Il est, ou il devrait être, aussi impossible, au moins en montagne, de concevoir "agriculture" et "environnement" indépendamment de l'histoire et de la civilisation spécifique.
Les mots "agriculture - environnement - civilisation - formation professionnelle" dessinent désormais les nouvelles frontières de notre action.
La prise de conscience de l'ensemble de ces problèmes et les propositions de solution sont toutefois assez récentes et viennent d' être posées au niveau mondial et européen à partir des années quatre-vingt-dix ; les réflexions et les déclarations sont nombreuses au fil de la décennie qui vient de se conclure.
Deux notions nous intéressent de près ; la première est une notion globale et qui a un enjeu planétaire, le "développement durable", la deuxième se joue au niveau européen et se limite à l'horizon de la culture agricole, le "développement rural".
Dans les deux cas, quoique l'effort de réflexion ait été considérable et déjà condensé dans plusieurs centaines de pages, nous pouvons affirmer que nous sommes encore à un niveau de démarrage et d'apprentissage.
Dans un prochain article nous allons examiner les thèmes sur lesquels les chercheurs de l'IAR sont en train de travailler; ici nous voulons partager les réflexions que les élèves de la quatrième et de la cinquième ont pu faire d'après la lecture des Avis du Comité économique et social et de Communication de la Commission Européenne dans le cadre de l'agriculture multifonctionnelle prévue par "Agenda 2000".
En synthèse il est demandé à l'agriculteur non seulement d'obtenir des résultats concrets en matière de productivité, mais également d'atteindre la cohésion et la cohérence des modes de valorisation des sols, en sauvegardant les richesses paysagères et environnementales. De nouveau services doivent voir le jour, grâce à une agriculture compétitive et rentable mais dans le même temps respectueuse de l'environnement, c'est à dire garantissant un équilibre dans l'utilisation et la protection des ressources naturelles, dont elle doit préserver la capacité de régénération et la stabilité écologique.
Ou encore on doit assurer que l'agriculture soit multifonctionnelle, durable, compétitive, capable d'entretenir le paysage, de maintenir l'espace naturel et d'apporter une contribution essentielle à la vitalité du monde rural.
Dans la substance, l'agriculture valdôtaine a recouvert dans le temps les fonctions que nous venons de résumer, mais ces mêmes fonctions doivent être, aujourd'hui, redécouvertes, redéfinie et refondées.
En Vallée d'Aoste nous connaissons très bien le terme "pluriactivité", mais pas encore assez l'expression de "agriculture multifonctionnelle". L'agriculteur exerce souvent chez nous d 'autres activités (artisanales, commerciales...) et les sources de revenu complémentaires sont capables d'infléchir la tendance au dépeuplement et de renforcer le dynamisme de l'économie.
Par la "multifonctionnalité" l'agriculteur est appelé à assumer de nouvelles fonctions, en accomplissant des tâches en partie traditionnelles et en partie novatrices.
Selon l'Agenda 2000, les politiques d'aides aux revenus seront de plus en plus justifiées en raisons des services que les agriculteurs seront à même de fournir à la collectivité, et la compétitivité du secteur agricole devra s'accompagner de techniques de production capables de préserver les ressources naturelles, de réduire et dans la mesure du possible de prévenir la pollution environnementale et de fournir des produits de qualité.
Il convient de continuer notre exposition d'une façon très schématique pour deux raisons ne pas ennuyer le lecteur habituel de ce magazine et ne pas envahir le domaine de 1' "Informateur Agricole".
Les objectifs à poursuivre en priorité sont :


· la préservation de la vocation agricole des terres ;
· la nécessité de faire des actions de préservation de l'environnement un facteur de revitalisation de
l'économie rurale ;
· l'usage "multiple" des parcs et des réserves naturelles ;
· la préservation de la biodiversité.


LES ACTIVITES SUR LE TERRAIN

L'Institut Agricole accorde désormais une attention particulière à l'amélioration des connaissances et des compétences des élèves en augmentant leur niveau de qualification. Mais cette qualification ne se borne pas à quelques leçons en classe et aux réflexions sur les documents d'orientation de la politique européenne.
L'agriculteur doit avant tout agir concrètement. C'est donc sur le terrain que nos élèves ont pu se pencher sur les questions pratiques.
Cette année principalement dans trois occasions l'étude de la tristement fameuse avalanche de Dailley ; les remembrements fonciers de Torgnon et de Saint-Denis ; la visite au hameau de Blavy.
L'étude de l'avalanche a occupé les élèves pendant trois "leçons".
Dans la première M. Ravello, géologue, cartographie du Lavancher à la main, a illustré les dynamiques des avalanches, les connaissances actuelles de la nivologie, les aléas de la météo, les vents dominants, les zones d'accumulation, les possibilités de prévision, 1' "où" et le "quand" de ces phénomènes toujours si dangereux pour l'homme et pour ses activités.
La visite sur les lieux, accompagne par Madame Montanari, a permis aux élèves de "lire" le paysage et d'étudier les ravages de l'avalanche du 23 février 1999.
Dans la troisième leçon sur ce sujet M. Segor a illustré, comme il l'avait fait auparavant à la communauté de Dailley, le plan de l'Assessorat au territoire pour la mise en sûreté du bassin de Lavancher et du village de Morgex.
Le remembrement foncier de Torgnon a été le premier exemple d'utilisation de la loi n. 70 du 12 août 1987 portant interventions régionales pour la promotion et le développement du remaniement foncier.
Le Consortium d'amélioration foncière a travaillé pendant maintes années pour réaliser un projet global d'aménagement des quelques 40 hectares du site objet de cette deuxième leçon "sur le terrain".
Le remembrement foncier n'a été en effet que le premier but de cette opération, courageuse et importante irrigation, viabilité, amélioration des terrains (drainage, nivelage, épierrage...) et tout ce qu'il faut pour assurer la stabilité et la meilleure possibilité de cultiver les terrains, sans oublier la mécanisation des opérations agronomiques.


A Torgnon les élèves de la quatrième et de la cinquième classe ont pu bénéficier de la présence de tous les acteurs de cette réalisation qui, pendant une entière matinée, ont partagé avec eux leurs expériences avant dans la salle des réunions du Consortium d'amélioration foncière et puis sur les prairies de fauches.
Les aspects politiques ont été exposés par l'ancien Assesseur à l'agriculture qui en 1987 avait promulgué la loi. L'ancien Président du Consortium a parcouru les difficultés et les succès de l'opération à travers les années les techniciens, de leur côté, ont fourni une grande quantité d'informations et des détails pratiques.
Cadastre, critères d'interventions, "unité culturale minimale", procédures, estimations, recours, approbation du ....... mais surtout philosophie de base de l'engagement réciproque des agriculteurs et de l'Administration; tels ont étés les thèmes de la leçon. L'enseignement reçu peut étre ainsi résumé c'est possible de projeter le futur de l'agriculture et avec elle la survie du pays.
Sur le terrain, les problèmes et les solutions adoptées sont beaucoup plus saisissables, surtout pour de jeunes étudiants. En arpentant les prairies renouvelées, la discussion s'est portée sur le difficile équilibre (qu'on doit concilier non sans peine) entre les nécessités actuelles des agriculteurs et les exigences de maintien du territoire traditionnel et de protection de l'environnement. Sur la scène concrète d'une réalisation importante les deux classes ont pu saisir les différentes nuances, ou les tensions inguérissables, entre ces deux différentes manières de concevoir le développement.
La situation était trop favorable pour empêcher les professeurs de proposer aux élèves des réflexions, très pratiques, sur les notions de "développement durable" et de "agriculture multifonctionnelle"...
Ces mots clés de "Agenda 2000" sont devenus les principaux themes de discussion de l'après-midi, lors de la visite à l'imposante oeuvre de remembrement et d'amélioration foncière de Saint-Denis.
Les différences environnementales et, surtout, les différentes nécessités agronomiques et sociales de ce deuxième domaine, objet d'un sévère remaniement et d'importants travaux d'amélioration foncière, ont fourni les clés pour une compréhension efficace des enjeux financiers, agricoles, culturels... des choix et des projets dans le domaine agricole. L'introduction des élèves de l'Institut Agricole Régional aux thèmes de l'environnement ne pouvait se passer de l'aspect le plus important de la civilisation alpine, c'est-à-dire l'unité des actions et des fonctions des hommes qui, ensemble, dans les hameaux de la montagne ont su proposer pour eux-mêmes et pour leurs enfants une perspective de vie digne et vitale.
La visite à l'hameau de Blavy, que les élèves ont faite sous la régie passionnée de Mme Montanari, devait forcer l'intérêt de ces jeunes pour dénicher les traces, dans ce village presque abandonné, de l'ancien savoir faire.
La découverte du four, des "rûs", du moulin à eau, des sentiers pour les vaches et pour les hommes, des fontaines ; la découverte, en un seul mot, du fait que la civilisation alpine ne connaissait pas la distinction entre la notion de "produit" et la notion de "service", entre le monde de la production primaire et le secteur tertiaire, a permis de saisir le sens profond de l'unité du monde agricole d'antan.
Il faut bien dissiper les tentations passéistes et laisser de côté les pleurnicheries à propos des vertus "des temps de nos ancêtres", mais la compréhension du sentiment d'appartenance à une communauté demeure pour nous une nécessité le sentiment qui a dominé la vie et le savoir faire des générations qui ont signé un accord de survie avec le milieu montagnard peuvent nous apprendre beaucoup pour définir la notion de développement durable. Notion que nous avons oublié, que nous reproposons à chaque instant, mais que nous avons du mal à définir pour notre époque.
   
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