Episode 6

 

IL ETAIT UNE FOIS GRANDEPIERRE

La caravane qui vient de l’océan.


 

 

 


 

La fête organisée en l’honneur de GRANSAX et de sa jeune épouse MEGALISE fut extraordinaire : elle dura trois jours et trois nuits, entre danses, chants et banquets !

MEGALISE avait immédiatement séduit toute l’assemblée et gagné la sympathie de tous les sujets, sauf celle d’une personne : JOLIESEE.

Cette jeune femme d’une rare beautéétait probablement la plus belle des GrandeDalle. Elle avait le même âge que GRANSAX, avec lequel elle avait grandi, puisque son père était le chef de la garde personnelle de GROSPIERRE. Bien que n’appartenant pas à la noblesse, JOLIESEE espérait profondément que l’amour puisse faire un miracle. D’ailleurs, pendant une certaine période, GRANSAX avait partagé ses sentiments passionnés et lui avait promis qu’il n’en aurait jamais épousé aucune autre, mais l’arrivée de MEGALISE dans sa vie avait été fatale à leur relation.

JOLIESEE avait pleuré toutes les larmes de son corps, tout en sachant parfaitement que ce mariage et l’amour né entre les deux jeunes nobles étaient soutenus en raison d’accords commerciaux si importants qu’ils avaient été placés sous la protection des dieux. Et elle ne pouvait absolument rien y faire : elle observait donc MEGALISE de loin, rongée par la jalousie.

Durant ces journées intenses, GROSPIERRE et son épouse BELLEDALLE étaient ravis d’héberger les beaux-parents de leur fils et de leur faire découvrir le village de GrandeDalle.

MEGALIO était sous le charme. Deux majestueuses hauteurs rocheuses dominaient la plaine : la somptueuse demeure de GROSPIERRE était bâtie sur la première, alors que le principal lieu de culte se trouvait sur l’autre, d’où l’on pouvait admirer le ciel et les montagnes alentour. En outre, ce début d’automne plus doux qu’à l’accoutumée incita les époux GrandePierreà prolonger leur séjour.

JOLIESEE, qui était la servante de BELLEDALLE en profita pour mieux connaître MEGALISE : elle voulait être au courant des goûts et des habitudes de cette dernière afin de pouvoir plus aisément lui rendre la vie « moins facile ».

GRANSAX avait bien remarqué que la jeune femme était toujours dans les parages et il l’avait avertie à diverses reprises : « Fais attention JOLIESEE, n’oublie pas quelle est ta place. Je suis marié, MEGALISE est ma femme et c’est elle la dame. Tu dois t’en faire une raison ! Je te tiens à l’œil ! »

Ainsi, JOLIESEE, triste et blessée, criait-elle vengeance…

« Mon très cher MEGALIO ! Aujourd’hui une caravane pleine de marchandises rares et précieuses arrivera chez nous avec des objets insolites et de valeur ! Ton épouse et toi, vous nous accompagnerez pour l’accueillir et… nous ferons de très bonnes affaires, pour nos terres respectives, de part et d’autre des montagnes. Qu’en dis-tu vieux filou ? »

Ce matin-là, GROSPIERRE était plus impétueux que d’habitude : deux jours auparavant, ses messagers l’avait prévenu de l’arrivée de cette caravane provenant du Nord et il ne tenait plus en place, curieux de savoir ce qu’elle transportait.

« J’ai un flair infaillible, mon ami ! Nous ferons d’excellentes affaires ! Car s’ils veulent aller vers les grandes plaines, ils doivent obligatoirement passer par chez nous, n’est-ce-pas MEGALIO ? ». Le chef des GrandeDalle se réjouissait d’avance en donnant de fortes tapes sonores sur les épaules du père de sa belle-fille.

La caravane arriva finalement avec ses quatre chariots chargés jusqu’à l’impossible de toutes sortes de marchandises. GROSPIERRE et MEGALIO s’approchèrent les premiers, accompagnés de leurs épouses et suivis de GRANSAX et MEGALISE, pour recevoir les salutations et les hommages du marchand, richement vêtu et à l’air crapule, qui menait le groupe.

« Chef GROSPIERRE, c’est un honneur que d’arriver dans ton magnifique pays pour te montrer mes marchandises. Je m’appelle MENEC et je viens de la contrée lointaine des HautsCailloux, bordée par le vaste océan ».

« Les HautsCailloux ? » demanda GROSPIERRE stupéfait en écarquillant les yeux sous ses épais sourcils. « Ton peuple est pratiquement devenu une légende : les HautsCailloux sont riches et puissants et également… mystérieux, si j’ose dire. Je fais des échanges commerciaux avec eux, mais je n’avais jamais eu le plaisir, ni l’honneur, de les rencontrer personnellement… Et toi MEGALIO ? ».

MENEC observa avec curiosité l’homme imposant et élégant aux côtés de GROSPIERRE, avec lequel ce dernier semblait en excellentes relations. MEGALIO devança les questions du marchand.

« Je suis MEGALIO, le chef de GrandePierre, la terre qui s’étend au-delà des montagnes de GrandeDalle, vers le Sud, et que l’on peut traverser pour aller jusqu’aux grandes plaines. Depuis le récent mariage de nos enfants, GROSPIERRE et moi sommes devenus les seigneurs des Hautes Terres ! »

MENEC comprit immédiatement qu’il pouvait doubler ses gains ! Et la présence de belles dames ne lui échappa pas non plus…

« Oh, comme je suis honoré de votre présence… Jamais je n’aurais espéré que le ciel puisse être aussi bon avec moi ! Je commencerai donc par vous montrer une chose qui pourrait flatter encore davantage la grâce de vos belles dames, bien que visiblement elles n’en aient nul besoin…».

Et voilà apparaître de magnifiques colliers de perles et des pendentifs d’une pierre turquoise jamais vue jusque-là. MEGALIE, BELLEDALLE et MEGALISE en restèrent bouche bée.

« C’est de la variscite : une pierre précieuse dont la couleur va du vert au bleu ciel et qui vient des côtes de l’Ouest les plus lointaines. Elle révèle toute la beauté de l’océan en reflétant les nombreuses nuances de l’eau… Elle mettrait très bien en valeur vos yeux et votre teint délicat…»

Il suffit à MEGALIO de croiser le regard de MEGALIE et celui de sa fille…

« Eh bien, MENEC, cette pierre est sublime, en effet… Je pense que nous trouverons un accord, mais… dis-moi, as-tu aussi des ornements pour les hommes ? »

« Bien sûr MEGALIO… nos meilleurs graveurs réalisent aussi des bracelets, parfaits pour les poignets d’un grand chef comme toi ! » répondit le marchand en lui en montrant une paire.

Pendant ce temps-là, alors qu’il examinait la caravane, GRANSAX remarqua des pointes de flèches tout à fait hors du commun. « Et ces pointes, de quel matériau sont-elles faites ? » demanda-t-il à l’artisan qui les taillait.

« Ce sont des pointes de flèche en silex, monseigneur : c’est une roche très dure, compacte et résistante ! Son grain est très fin et elle peut être de différentes couleurs : du jaune clair au gris fumée ou au noir, en passant par le rouge foncé».

« Ces pointes sont magnifiques ! J’en avais entendu parler, mais je n’en avais jamais vues ! Par ici, on n’en trouve pas, car nous utilisons le cristal de roche. On dirait qu’elles sont cristallines, elles aussi…»

GRANSAX se fit donner le plus d’informations possible et demanda à voir des blocs de silex brut. À l’issue de la négociation, il obtint de MENEC que l’habile artisan s’arrête à GrandeDalle le temps nécessaire pour fabriquer une bonne quantité de pointes de flèches et enseigner aux graveurs locaux comment travailler ce nouveau matériau ; matériau qu’il entendait acheter ensuite par blocs, ce qui lui serait revenu moins cher que d’acheter le produit fini !

 

Quant à MEGALIO, il s’empara de merveilleuses parures en variscite, en les échangeant contre des peaux et des objets en pierre verte des montagnes.

Mais quelqu’un d’autre errait également près de la caravane, à la recherche d’herbes et de plantes médicinales, aussi puissantes que méconnues… C’était JOLIESEE !

Que pouvait-elle bien avoir en tête ?

 

Megalise en technicolor, Costanza 3 ans et demi Megalise en technicolor, Costanza 3 ans et demi




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