Depuis les années 2000 et l’impulsion du Commissaire Michel Barnier, la Politique de cohésion a progressivement associé un volet territorial à ses objectifs de cohésion économique et sociale. Ce mouvement a permis de reconnaitre la diversité des territoires et de leur modèle socioéconomique, de leurs atouts et de leurs possibles handicaps naturels permanents.
Aujourd’hui donc, la Politique agricole commune n’est plus la seule à reconnaitre la spécificité des régions de montagne. Plus encore, le Traité de Lisbonne inscrit dans le droit européen fondamental, avec l’Article 174, la demande des élus de montagne du besoin d’une attention spécifique à leurs régions de pentes et d’altitudes.
Les négociations actuellement en cours de la programmation budgétaire européenne pour 2014-2020 sont difficiles en cette période de crise. La Commission européenne a ce pendant soumis au
Parlement européen et au Conseil des ministres des propositions de règlements ambitieuses dans lesquels les territoires de montagne peuvent trouver pleinement leur place.
On peut certes regretter amèrement que les zones urbaines et métropolitaines soient autant sous le « feu des projecteurs » mais il faut reconnoitre qu’elles se sont données les moyens de monopoliser le débat européen tout en argumentant légitimement que 80% de la population européenne vit dans les zones urbaines … sans préciser d’ailleurs ce qu’est une zone urbaine !
Les régions de montagne peuvent bénéficier des propositions concernant les « aires fonctionnelles » et le soutien au « développement local intégré ». Nous savons, particulièrement dans l’Espace Mont-Blanc, que les territories de montagne ne recouvrent pas obligatoirement les frontières admi
nistratives et que des approches trop sectorielles sont particulièrement néfastes à notre développement durable et à notre compétitivité.
Pour plus de cohérence et d’efficacité, la Commission européenne fait la proposition que les territoires puissant organiser des stratégies de développement local intégré permettant d’envisager la mobilisation, à côté des politiques locales et régionales, du FEDER (fonds européen de développement régional), du FSE (fonds social européen) et éventuellement du FEADER (fonds européen pour l’agriculture et le développement rural). Les Institutions européennes ont même laissé la porte ouverte à ce que ces stratégies intégrées se développent de façon transfrontalière.
C’est une opportunité unique pour l’Espace Mont-Blanc de pouvoir continuer son chemin et de franchir une étape supplémentaire après le Schéma de développement durable hier, le PIT aujourd’hui, demain le Plan de gestion du Massif du Mont-Blanc, nous pourrons envisager d’avoir les moyens de valoriser ensemble nos atouts environnementaux, socioculturels et économiques.
L’Espace Mont-Blanc, dépassant les frontières de l’Italie, de la France et de la Suisse, rassemblant le meilleur de la Vallée d‘Aoste, des Pays de Savoie et du Valais est un symbole européen des territoires de montagne, traits d’union des peuples. Pour cela, l’Espace Mont-Blanc peut légitimement aspirer à travailler à un nouveau modèle de développement durable et de gouvernance des régions de montagne tourné vers l’économie du XXIème siècle orientée vers une croissance intelligente, durable et inclusive.